Chronique de Concert
The Breeders + Odyl
"Fuck you all"
Voilà 20 ans que je vivais dans l'horrible frustration de ne pas avoir vu les Breeders sur scène. En avril 1994, mon frangin avait eu la chance de voir les jumelles Kim et Kelley Deal au Printemps de Bourges sur la tournée de The Last Splash (alors que moi j'avais même pas la permission de 23 heures à l'époque) et plus tard, des potes m'avaient nargué en allant les voir jouer sur la tournée de Title TK. Mais les échos que j'avais eus de ces concerts étaient assez peu flatteurs : en 94, les filles étaient arrivées sur scène totalement torchées, sans faire de balance et avaient massacré leur gig, devant une salle remplie de gamins de 17 ans heureusement acquis à leur cause. Sur la tournée Title TK, le line-up était différent et le nouveau batteur jouait paraît-il si fort que le concert fut difficilement audible. Mais quelles que soient les rumeurs, je ne pouvais pas manquer de voir mes bien-aimées Breeders jouer l'intégralité de The Last Splash sur scène 20 après sa sortie. Et putain ! Avec les musiciens originels, et notamment le batteur Jim Mc Pherson et sa patte inimitable, que je croyais rangé des voitures à tout jamais !
Alors, c'était comment ce concert ? Bon, pour commencer, la salle est magnifique. Y'a des balcons, des moulures, des dorures... Et elle est à taille humaine. C'est autre chose que ces hangars à bestiaux que sont les Zénith ou ces SMAC sans personnalité.
Odyl :
Mais la première partie, Odyl, est complètement hors de propos. Là ou on aurait pu attendre quelque chose de cool, on se retrouve à devoir supporter du simili-rock engagé, chanté en français, sorte de fusion entre Mademoiselle K et Dolly. Leur "professionnalisme" excessif est agaçant. On se croirait sur le plateau de Taratata.
The Breeders :
Mais ouf ! les Breeders arrivent enfin ! Les surs Deal, Josephine Wiggs et Jim Mac Pherson ont l'air enchantés d'être là. Ils sont aussi accompagnés par la violoniste Carrie Bradley... Le concert sera aux antipodes de ce qu'on a vu précédemment. La coolitude n'a besoin d'aucun artifice. Je suis juste un peu surpris par un niveau sonore moins fort que celui de la première partie. Plus de son et une basse plus lisible n'auraient pas été malvenus. Le point positif, c'est que la batterie sonne comme une batterie et non comme une boîte à rythme, comme c'est trop souvent le cas, mais au début il manque un peu de patate et surtout de la voix, ce qui est frustrant. Mais le passage de "New Year" où la batterie commence à envoyer pour de bon suffit à emporter le public. Avec ses deux cymbales crash perchées bien haut, Mc Pherson est spectaculaire et moi je jubile !
Et voilà l'hymne "Cannonball" qui vient après ! Kim Deal a des problèmes avec sa guitare acoustique mais en dépit des pépins techniques, elle reste imperturbable et tous déconnent bien sur scène. Ils sont vraiment dans le concert. Sur les titres plus lents, comme la magnifique "Do you love me know", Kim Deal se montre même émouvante de justesse et d'application. Elle chante super bien et a un charisme pas possible. Elle tente de parler en français entre les chansons et, face aux sympathiques moqueries, se marre en gratifiant le public d'un "fuck you all, ok ?"
La bonne surprise c'est la violoniste qui s'avère indispensable. Son solo sur "Drivin on 9" est incroyable. Et ses interventions au tambourin sont impeccables. Ce sont de parfaites anti-stars. Kim Deal fait même quelques pains, ce dont on n'a strictement rien à foutre (on n'est pas à un concert de Radiohead) et eux non plus. On sent que le cur y est vraiment. Leur joie de jouer est palpable. Les hits s'enchainent (purée, voir "No Aloha" ou "Divine Hammer" sur scène c'est quelque chose !). Je me surprends à découvrir, après 20 ans, que c'est Kelley Deal qui chante "I just wanna get along !" (soit dit en passant, elle a fait un concert impeccable à la guitare lead). Les morceaux instrumentaux plus noisy comme "S.O.S." et son rythme culte de batterie sont parfaits.
Le final sera tout aussi délectable. Après avoir exécuté The Last Splash, ils envoient quelques tubes plus anciens dont le totalement punk "Head to Toe", le hit "Shoker in Gloomtown" (reprise de Guided by Voices), "Safari" et la très réussie "Iris" de l'album Pod, qui montre encore à quel point Kim Deal assure vraiment à la voix.
Moralité, c'était la classe. Finalement, je me demande si ce n'était pas mieux de les voir aujourd'hui qu'en 94.
Photos du concert par Robert Gil. Retrouvez plus de photos sur son site photosconcerts.com/the-breeders-paris-trianon-2013-06-01-6936...
Critique écrite le 06 juin 2013 par Baptiste Fick
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