Chronique de Concert
The Cure, Mercury Rev, The Cranes
Tiens, un exemple...Imaginez un instant : Lokeren, petite bourgade flamande coincée à 20km de Gand, 20 d'Anvers et 50 de Bruxelles... Bon d'accord, la Belgique, c'est un petit pays, mais quand même. En france, une ville comme cela, c'est juste bon pour y dormir la nuit...
Et là, perdus dans la flandre belge, début août, pour 20 euros, on a la possibilité de voir en concert The Cure, Mercury Rev et the Cranes ( soit, pour les deux premiers, une partie de l'affiche de la route du rock de Saint-Malo qui avait lieu une semaine plus tard).
Chez les Flamands, on est super organisé, on est super propre : des bars un peu partout bien aménagés, des toilettes payantes mais clean, des gars qui se promènent dans la foule avec des caisses de verres de bières à vendre, un écran géant, une scène immense, un plateau surélevés pour les personnes en fauteuils roulants et pour les femmes enceintes...Enfin, bref, tout est parfait...jusqu'aux gothiques aux looks absolument incroyables...Il doit y avoir une faille spatio temporelle entre la Flandre et la Wallonie...
Ca commence d'ailleurs mollo avec the Cranes, groupe formé voici plus de 10 ans et qui faisait déjà les premières parties de The cure...On est donc en famille et à part leur deux ou trois singles, le concert est plutôt chiant. La voix haut perchée de la chanteuse est rapidement lassant d'autant que le groupe semble ne jamais avoir changé de formule.
Tandis que des montgolfières passent au-dessus de nos têtes, on profite du changement de matos pour aller mater l'expo sur ce festival jusqu'à alors inconnu, le lokerse Feesten et qui acceuille, sur 10 jours environ, the cure, Iggy Pop, Patti Smith ou les 2 many DJs...Quand même...
Et là surprise, ce festival a démarré en 1976 ou 79...Enfin, bref, ça date pas d'hier...Mais quand on voit la programmation, on comprend un peu pourquoi on ne le connaissait pas... Au départ, c'est vraiment les fêtes de Lokeren, avec harmonies municipales et groupe local qui s'arrache sur un podium en plastique...Et ce genre de formule perdure assez longtemps...En fait, on a de la chance, la programmation de cette année est vraiment la première de ce niveau... Ce qui reste de l'esprit d'antant ? un jeu à billot. et les flamands ne se font pas prier pour montrer qu'ils ont des muscles...
Le ciel s'assombrit quand Mercury Rev entre sur scène. Et là, en regardant le guitariste, je comprends pourquoi j'ai tellement aimé Déserter's song et pourquoi je me suis d'autant éloigné de ce groupe les années suivantes. Le son de Mercury Rev, ce sont les trois cordes aigues jouées constamment au bord du caisson avec multiples variations. Sur ce son, tu mets la voix du chanteur (Castré pour avoir une vois si haute ? drogué pour avoir ces yeux si équarquillés ? taré pour se prendre constamment pour un chef d'orchestre ?) et t'as une bonne formule à faire fructufier sur 30 albums...
Le pire, c'est quand le groupe reprend les chansons de Déserter's song et que l'on sent vraiment la fraicheur, l'invention, la subtilité de cette musique...On a encore plus de regrets de constater ce qu'ils ont pu en faire après...
Allez, hop, on reprend d'assaut le bar (3 bières : 5 euros...la bière pas chère, c'est gé-nial, hein les gentils organisateurs français ?).
Mais en remontant un peu on arrive pas à se sortir de la masse...La foule est quasiment compacte jusqu'au bout de la place...Ce soir, le festival fait le super plein...Quelque chose comme 10 000 personnes...
23h30. Il fait noir, il fait frisquet et the Cure monte sur scène en entamant Open. Pas de clavier sur scène et le retour de Porl Thompson donneront à ce concert une énergie très rock. Le groupe enchaîne des vieux morceaux, dont plusieurs de The head on the door, quelques récents. Le mélange se fait sans problème.
Ce n'est pas comme dans le public. Parqué comme des Sardines, le Flamand ne bouge pas...Le flamand boit sa bière, et au mieux dodeline de la tête...le Flamand à beau être sapé comme un camion gothique, il ne rigole pas...Ahh, on est sérieux jusqu'au bout, monsieur...Ici, on est en Flandre, on aime pas l'esclandre...
Alors, on va jouer des coudes durant un quart d'heure pour atteindre le front de scène...Faut allez doucement car le Flamand, il aime pas être bousculé...Et comme il mesure au minimum 1m 85, on va pas l'énerver le Flamand...Merde, c'est à se demander ce qu'il fait là...Il a du se perdre...On n'assiste pas à un concert de rock comme cela...C'est presqu'inhumain...Surtout quand sur scène, les Cure se donnent vraiment...Shake dog Shake, Alt.end, Fascination Street, Just like Heaven, One Hundred Years...C'est des trucs à te faire bouger le cul, non...Ben chez les Flamands, non...
Enfin, on arrive au devant de la scène...et là, miracle, ça pogotte gentiment à une vingtaine... Et je vous le donne dans le mille...C'est tous des Français !!! La plupart ressemble à des piliers de rudby (ils voulaient peut être s'entraîner à faire des mêlées...) ILs sont bien attaqués, on craint que ce soit juste du défoulement...Mais les gars, là, ils connaissent les paroles par coeur...et dans leurs yeux, c'est pas seulement pour voltiger, il y a plein d'émotions aussi. Ils s'arrêtent sur letter to Elise, reprennent sur l'incroyable Push, font des concours à celui qui dira le plus vite la chanson qui démarre...C'est marrant, du coup sur scène, on a l'impression que le groupe se décoince un peu (en fait, c'est juste nous, suivant la position que l'on occupe dans l'assistance).
Donc, je reprends. The cure n'avait pas d'album à défendre, ni de titre à glaner, ni de réputation à tenir...Ils sont au-delà de cela... A force de focaliser sur le maquillage et leur fringues, on en vient à oublier l'essentiel : la musique. Et là, tout prêt, on constate qu'ils se donnent à fond, qu'ils possèdent une grande maîtrise de leurs instruments, que c'est hyper comptact et que leur répertoire varie du tout au tout sans que cela soit jamais un instant faux. C'est un putain de groupe de rock, comme on avait pu le constater 6 mois avant en allant voir REM au Dôme de Marseille. Et comme Stipe, Smtih a simplement une voix grandiose.
Ils ont fait trois rappels, comme s'ils ne voulaient pas quitter mes copains rugbymen...Les autres ? Je ne sais pas...J'ai pas vraiment entendu s'ils avaient vraiment apprécié et applaudi...Le concert à duré 2h15 et j'ai pas vu le temps passé.
Donc un très bon concert... Je dirais même que ces gars jouent de mieux en mieux au fil des ans...Ce qui n'est vraiment pas donné à tout le monde...Regardez ces pauvres Coldplay...3 albums et déjà dans les Stades...ils finiront comme U2, ceux là...
Critique écrite le 19 août 2005 par Stéphane Sarpaux
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