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Chronique de Concert

The Cure

le Dôme Marseille 4 mars 2008

Critique écrite le par

46 euros la place de concert pour voir The Cure en 2008. Est-ce bien raisonnable ? Qu'est ce que les jeunes vieux de la New Wave peuvent encore nous apporter comme émotion à part quelques séquences "souvenirs, souvenirs" ? Et puis se retrouver avec tous ces quadra devenus si sage qui sortent pour une fois leur petite femme à un concert de rock, c'est limite déprimant. Sans parler de ce Dôme à l'acoustique si déplorable. Alors, bon, qu'est ce que je fous là ?


Car j'y suis, malgré tout. Et 3 heures plus tard, je me dis que j'aurais été bien con de ne pas y être allé, même seul. Que pour une fois qu'un vrai groupe passe dans cette putain de ville, il ne faut pas bouder son plaisir, que je me suis pris une claque et même un aller retour sur mes préjugés sociaux musicaux. Bien fait pour ta gueule, petit con.

J'arrive donc un peu avant 20h, après avoir slalomé au milieu des voitures garées un peu n'importe où. Manifestement, la bande à Robert Smith attire plus de monde que le meeting de Gaudin la veille, ce qui n'est pas très étonnant.


Mais, quand j'entre dans le Dôme, je suis quand même surpris. C'est plein. 8 000 personnes ont, comme moi, payés 46 euros (ou 56 pour avoir une belle place assise au milieu des gradins, tout ça pour passer trois heures debout à danser...) pour voir un groupe qui n'a même pas encore sorti son nouvel album. Et autour de moi, ouf, pas que des quadra. Non, des quinqua aussi, certains avec leur rejetons et puis des bandes de jeunes tout courts, des chevelus, des propres sur soi, des habillés de noirs, des habillés du matin, des un peu de tout en somme.

Je m'installe tout en haut du Dôme et à peine ai-je posé mes fesses sur le plastique que les lumières s'éteignent. Je me dis chouette, la première partie, 65 days of Static. Et bien non, au Dôme, on respecte à la lettre l'horaire. Sur le billet de 46 euros, c'est écrit 19h, à 19h, on joue.


Donc, je me retrouve avec le début de concert de Cure. Des étoiles sont projetées sur les 4 bandeaux qui servent de décor minimaliste derrière la scène. La longue intro de Plainsong fait monter la pression du public et les voilà enfin sur scène. De loin, on voit rien, juste les tifs de Smith. Ils enchaînent sur Prayers for Rain, autre titre de Disintégration qui aura d'ailleurs la part belle dans ce concert avec également Lovesong, Lullaby, Pictures of you et Disintégration).

La première impression de là-haut, c'est que l'absence de claviers rend le son plus abrasifs, plus denses et on se demande encore pourquoi ils n'y ont pas pensé plus tôt. Ça contrebalance la tendance qu'à Smith au chamallows, cette façon d'étirer les chansons, de ralentir d'une demi tempo certaines, de prendre son temps quoi. Enfin, c'est l'impression de là-haut, parce que je confirme qu'en haut du Dôme, le son est coupé en deux. On se prend les basses en plein ventre et le chant haut perché de Smith en pleine trompe d'Eustache. Entre les deux, c'est la bouillie. Mais bon, on est assis, faut savoir ce qu'on veut.


Au bout d'une heure, j'ai des picotements aux jambes et la gorge sèche, je décide de descendre dans la fosse avec une bière dans la main, comme dans tout concert anglais qui se respecte. Et là, surprise, au bar, il n'y a plus de bière ! 8 000 personnes entassées dans le Dôme pour un concert de rock, tous vêtus de pull et de manteaux à cause du froid, tous marinant dans leur jus avec la chaleur de la salle et plus de bière. Carton jaune au Dôme.

En bas, j'arrive facilement à me faufiler entre les spectateurs attentifs, sérieux, bien rangés. Bon, c'est vrai qu'un concert de Cure, c'est pas l'éclate de la basket. On opine de la tête, on chantonne dans sa tête, on se souvient aussi, certains morceaux font remonter des émotions enfouis là-bas, des trucs qu'on avait complètement oubliés, des sentiments obscurs ou douloureux, des visages, des mots. Oui, vraiment, avec Cure, on peut aisément de lancer dans une introspection pas toujours joyeuse d'ailleurs... Mais bon, la vie, ça se passe pas toujours sur un divan en écoutant One Hundred Years. Il y a aussi des couleurs et de la légèreté. Et là, les Marseillais ont été gâtés. Ils les ont quasiment tous passés en revus, depuis The Walk, Just like Heaven, Friday, I'm in Love, In between days, The Blood et tout le second rappel (il y en aura 3) avec Lovecats, Let's go to bed et Why can't I be you. N'en jetez plus, mes (jeunes) voisins, manifestement espagnols, sautaient de joie. Il y en a même qui ose la folie... Une fille grimpe sur les épaules de son copain... Ouahhh... Et là, un truc que je n'avais jamais vu arrive. Un cyborg de la sécurité fend la foule et oblige la jeune fille à descendre. Ben, non ça se fait pas de monter sur les épaules pour un concert de rock. Mais bon, c'est vrai que la salle de spectacle de Marseille à plus l'habitude de recevoir des concerts de la Star Ac, d'Eros Ramazotti et des comédies musicales resucées de Paris. Le Dôme, cette fois-ci, c'est carton ROUGE.


Je regarde autour de moi et personne finalement ne fait attention à ça. Tout le monde à l'air de trouvé normal cette normalisation excessive des comportements. Non, non, on s'en fout, on chante, on danse, merde, on a payé 46 euros, Cure, c'est toute ma jeunesse, j'adoooore Just like Heaven... Je regarde encore autour de moi et je constate que c'est toute la salle et dans les gradins surtout, que ça s'éclate grave. Et que je me lève, que je souris, que je jette le bras, que j'applaudis à tout rompre.

Bon, moi,c'est vrai, c'est pas trop ma tasse de thé. Alors, j'en profite pour observer le groupe et notamment la dégaine rock'n'roll de Simon Gallup, pantalon fuseau noir, débardeur noir, tatouages sur biceps, basse portée bas. Ce mec a une classe énorme. De l'autre côté, il y a le beauf de Robert Smith, Porl Thompson, dans son look gothico androgyne, pantalon chauve souris, débardeur résille, large traits noirs sur les yeux (à la Bill Corgan) et même un dessin sur son crâne chauve. Le son de Cure lui doit beaucoup. On peut même dire qu'il lui doit tout. Pourtant, il n'a pas l'air de faire vraiment parti du groupe. Il reste dans son coin, parle le plus souvent avec son roadie, ne regarde quasiment jamais la foule, tout concentré qu'il est sur sa gratte qu'il triture dans tous les sens.


Au bout de 2 heures, le groupe s'éclipse une première fois. Il revient pour un premier rappel qui reprend des morceaux de Seventeen second (At night, M, Play for Today, A forest). Entre temps, j'ai changé de côté dans la fosse et le son sur le côté n'est pas meilleur. Mais c'est quand même le meilleur moment du concert. Et, ce qui me surprend le plus, c'est que la salle est toujours dedans et même tout le monde se lève sur A Forest. Voilà, c'est la communion, on y est. Et c'est là que je me dis que ce groupe est vraiment populaire, dans le bon sens du terme, c'est-à-dire que sans rien concéder, il a fait venir à lui une masse incroyable de gens qui peuvent aussi bien aimer de la pop qu'un morceau comme Shake Dog Shake.

Le second rappel déjà expédié plus haut, je vous parle du troisième, qui lui part encore plus loin au tout début du groupe avec Boy's don't cry, 10:15 Saturday night et Killing an Arab qui me fout tellement en transe que je fonce dans le tas pour me retrouver devant la scène pour pogoter avec d'autres zozos. Un vrai gamin, hein biloute ! Et là, pendant que je transpire, je me rends compte que le son est vraiment bon. Alors quand vous allez au Dôme la prochaine fois, pour avoir un bon son, c'est pas compliqué vous voyez le micro du chanteur, vous vous placez bien devant à 10 mètres, le son est parfait.


Ah oui, c'est vrai, avant de conclure, trois mois sur les nouveaux morceaux. Je crois qu'ils en ont fait 3 ou 4 qui doivent faire partie du double album annoncé pour l'été. Euh..., heureusement que c'est un double album.

Je ressors donc du Dôme vers 23h30. Il fait toujours aussi froid, mais j'ai de quoi me réchauffer avec ces 3 heures de concert. Dehors, c'est le bordel avec toutes les voitures. Je passe devant le métro, forcément fermé. Marseille, t'es vieille.

Plus de photos par Pirlouiiiit ici

Bonus vidéo :

> Réponse le 05 mars 2008, par Gandalf out

Autant le live au même endroit de 3 heures il y a 12 ans m'avait laissé un excellent souvenir, autant ce soir je suis totalement resté étranger aux set des légendaires Cure, pour une durée identique. Il y a 12 ans j'étais en plein dans la période des boites rock-metal-goth, j'avais des ami(e)s et connaissances new wave et goth à fond, il y avait un revival. Le concert d'alors représentait totalement ces temps bénis. Mais aujourd'hui c'est bien loin, dans le sens où je ne suis ni plus ni moins fan qu'avant du combo, mais ça m'a laissé bien froid, me sentant vraiment hors du coup. Ca m'a permis d'avoir un oeil extérieur sur toute cette soirée, me baladant à divers endroits d'un Dôme quasi sold out, observant une foule passe-partout, où les "grimés" étaient plus que rares, analysant tout...  La suite | Réagir

> Réponse le 05 mars 2008, par Philippe

Cher Stéphane, merci pour cette bonne chronique qui donnerait des regrets, même fétichistes, de ne pas être retourné malgré tout voir ce groupe qui était déjà mou du genou il y a 10 ans en arrière. Sinon ne sois pas triste, ça fait au moins ... 3 ans qu'il n'y a plus de bière au Dôme, tu sais ! Certes en temps normal ils vendent un breuvage infect signé Kronenbourg (mais certifié sans alcool) et dont la seule fonction utile est d'assurer une rotation aux toilettes et donc, dans la fosse. Ce qui correspond bien, comme tu le notes à l'esprit hautement rock'n'roll du Dôme, salle à fort potentiel (si, si, le son à Johnny était bien ;-) !) mais fort mal gérée, et qui plus est par des gens extrêmement désagréables...  Réagir

> Réponse le 05 mars 2008, par Bob

Cette tournée aurait plutôt du s'appeler "Souvenirs"... Seulement 3 nouveaux morceaux (dont 1 qui était vraiment excellent) et 3 heures de musique qui ont fait toute la réputation des Cure. Pas assez (en tout cas pour moi) de chansons de la période noire (aucune de Bloodflowers !) mais beaucoup de singles. Ils ont même fini le dernier rappel sur "Boy's don't cry", "Killing an arab"...etc. Mais quelle pêche ! Ca faisait longtemps que je ne les avais pas vu jouer les singles avec autant de convictions. 8000 personnes en transe au Dôme ! A mon avis le meilleur morceau du concert était (comme d'habitude) "The forest", qui avait été, pour l'occasion, réarrangé et rallongé. Une merveille !! Je me rappelle aussi d'un "One hundred years" joué à la perfection. Malgré tout, dommage que certains...  La suite | Réagir

> Réponse le 05 mars 2008, par Nath

Allez y !!! c'est EXTRAORDINAIRE !!!merci Robert grace à toi on a fait un bon de vingt ans en 3 heures de folie, merci d'avoir chanté toutes les vielles et meilleures chansons que vous avez fait MERCI  Réagir

> Réponse le 06 mars 2008, par Elvis

j'ai fait 500 bornes pour les voir et je ne regrette vraiment pas!sauf peut être d'avoir attendu si longtemps avant de me lancer,pourtant c'est mon groupe préféré!j'étais devant les grilles du dôme à 15h avec petite chérie, ce qui nous à surpris c'est le peu de monde qu'il y avait pour un groupe aussi connu! moi qui pensais devoir me battre pour être dans les premiers, cette impression c'est prolongée lorsque nous avons pris place dans les gradins les gens sont arrivés au "compte_gouttes " et finalement vers 20h la salle était comble.Nous avons eu droit aux singles les plus connus du groupe,il ne m'a manqué que "fascination street" Personnellement le clavier de Roger O'Donnell m'a un peu manqué sur des chansons comme "lullaby" ou play for today" même si une guitare supplémentaire peu donne...  La suite | Réagir

> Réponse le 06 mars 2008, par Charlou112

Très bonne critique mais très bon son (c'est vrai que j'étais très bien placé dans les gradins; Juste au dessus à gauche de la console). Concert mémorable de 3 heures. The Cure a passé en revue toutes les périodes musicales. Et que dire des 3 rappels : La cerise sur le gâteau. Et le 3ième rappel : La crème chantilly sur la cerise. Que du bonheur. Pour les absents : séance de rattrapage au POPB.  Réagir

> Réponse le 06 mars 2008, par Giz

Tres bonne critique, qui retranscrit bien l'atmosphère. Pour ma part, c'est la première fois que j'assiste à un concert où un groupe joue 3 heures (et pas n'importe quel groupe en plus)! Première fois qu'un concert débute à l'heure aussi. J'ai raté le premier morceau. Quand au Dôme. Que dire de plus ? Pas de parking, pas de bière, pas de bon son. Déjà dit ? Ah pardon. J'ai récupéré la playlist sur le web. La voici : plainsong, prayers for rain, alt.end, the walk, the end of the world, lovesong, pictures of you, lullaby, from the edge of the deep green sea, kyoto song, the blood, please project, push, friday i'm in love, inbetween days, just like heaven, primary, a boy i never knew, shake dog shake, never enough, wrong number, one hundred years, disintegration, Rappel 1: at night, m,...  La suite | Réagir

> Réponse le 06 mars 2008, par stéphane sarpaux

[le Dôme Marseille - 4 mars 2008] Si vous voulez réagir à l'ambiance générale du lieu (pas de vente de bière au bar, service d'ordre digne des CRS de 68, son pourri, programmation...quel adjectif, au fait ?), les coordonnées du dôme pour faire part de vos revendications syndicales d'amateurs de concert : tél : 04 91 12 21 21 ledome@mairie-marseille.fr  Réagir

> Réponse le 06 mars 2008, par M

bon on commence par ou?.....allez le dome. non mais comment au jour d'aujourd'hui peut on qualifier cette daube de salle de spectacle?d'ailleurs qui peut la qualifier de salle de spectacle?que mr gaudin aille y chercher ses voix ou que mme hollande royal y vienne nous apporter la bonne pensée de gauchiste,que mr andré rieux fasse trembler les paces maker ou alors que les bobos de mauvais gouts s'y regalent devant une vanessa paradis anidre et sans voix c'est un fait,mais on ne peut en aucun cas appeller cette chose une salle de spectacle.qu'on la brule,la detruise,qu'on la donne et qu'on y fasse à la place un zenith,un vrai.bordel de m.dans une ville comme marseille,c'est un scandale,une infamie,du foutage de gueule de ne pas avoir une vrai salle de spectacle. donc,j'arrive à 19h30 au...  La suite | Réagir

> Réponse le 06 mars 2008, par patisawen

C'était mon 8ème live des cure et c'était le meilleur avec celui du POPB en 1996. Je précise que 3h de live c'est le tarif habituel des cure qui ne sont jamais ingrats avec leur public. On devrait les revoir cet été dans les festivals europééens avec un peu plus de nouvelles chansons qui sont très prometteuses. La balade "A boy I never knew" m'a profondément touchée et Robert semble avoir été de nouveau touché par la grâce après les erreurs de "wild mood swing" ou "bloodflowers"  Réagir

> Réponse le 06 mars 2008, par dudu drôme

[ le dôme Marseille - 04 mars 2008] Génial, un retour aux sources pour Robert et les siens qui nous a fait partagé pendant 3 heures un pur moment de bonheur. Un son épuré, simple qui a fait toute la marque de fabrique des Cures. La voix de robert était magnifiquement en place pour une fois, porl est incontestablement le guitariste mythique des Cures et simon comme d'habitude un métronome. Une seule envie et espérance, c'est que le prochain album s'inspire dans l'esprit de ce concert et qu'enfin on puisse sortir de ces 10-15 ans de trou car fan de la première heure, un groupe tel que celui ci qui à inventer un panel de chansons aussi riche entre 78 et 90 peu je pense conquérir de nouveau adepte. Bref ! putain on en redemande à quant la prochaine ? Du haut de mes 37 ans,père de famille et vie bien rangée, ça ne ma pas...  La suite | Réagir

> Réponse le 14 mars 2008, par vero

Et bien moi à 53 ans j'y suis retourné avec mon fils de 30 ans qui entendait déjà robert dans mon ventre eh oui faites le calcul, et nous avons pogotté comme des malades, l'ambiance était super, merci Robert de nous avoir "donné" 3 heures de plaisir ininterrompu....à la prochaine j'espère  Réagir


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