Chronique de Concert
The Delta Bombers
Quand les Delta Bombers montent sur scène, ils embarquent avec eux les plaines désertiques du sud-ouest des Etats-Unis. Stature imposante, barbe de compétition, santiags et accent à couper au couteau. Ils portent haut leurs armoiries rock'n roll, sur leur sangle de guitare, T-shirts et vestes en jean. Leurs cocktails à base d'eau en bouteille n'empêchent pas le frontman de dérouler une belle voix grave, trébuchant sur des gravillons, un one way ticket dans son étui à Gretsch.
Leur rockabilly sonne juste ; le set a du grain et s'exécute parfaitement, mais toute la saveur des Delta Bombers se déploie à la faveur de leurs ballades country blues, dans un jeu d'accord-tapping entre aigu et grave à la lead guitar, une Reverend dont les lignes mélodiques nous rappellent à d'autres irrévérencieux révérends -introducing misters Horton Heat et Beat Man . La voix prend du coffre de pick up et de l'assurance ; on nous demande "Parlez-vous rock'n roll ?" et la réponse enthousiaste enclenche un standard rockabilly, guitare véloce et voix hachée.
Au fil des morceaux, des sonorités country, blues et rock'n roll viennent teinter le set ; le guitariste à la Reverend tranche la foule de ses yeux fixes, le contrebassiste de la taille ou presque de son instrument maitrise le groove et notre centre de gravité, soutenu par la force tranquille du batteur, irréprochable dans ses variations de rythme ou de style, comme dans ses coupures franches et nettes.
Tandis qu' Ike Turner est à l'honneur avec son Goodbye Baby , le seul musicien à picoler trinque avec nous et s'amuse du français "Santé petit Heineken" qu'il prendra un malin plaisir à répéter tout au long du set. Les autres, imperturbables, s'enquillent de grandes rasades d'eau bénite, tandis que nous cheminons droit vers la fosse du diable ; ça change des crossroads mais la rencontre est la même. Et depuis Sin City, on entend déjà l'écho des Enfers. Chris au chant enjoint la foule à clap-claper avant l'arrivée de deux nouveaux morceaux issus de leur dernier et 5e LP Pressure and Time , avant d'enchainer comme une locomotive en roue libre sur des petits bijoux rockabilly.
Le public est remis à contribution pour un 1, 2, 3, 4 façon 1, 2, 3 soleil avec la cristallisation du groupe sur scène, avant l'électrochoc collectif et les instruments qui s'animent à nouveau sur des musiciens en position allongée et qui maitrisent parfaitement leur effet. Leur animal totem louvoie sur scène et gronde dans le micro avant de laisser place à une instrumentation flamboyante, du blues des origines vers un rockabilly échevelé, ce blues justement qui remonte à la surface avec cet autre loup hurleur, Howlin' Wolf le magnifique et son Smokestack Lightnin' , un chant qui s'entonne sans micro et un corps qui se contorsionne sur un rythme fatalement endiablé, accompagnant les tribulations de notre hobo intérieur.
photo par Floyd Cantoni
Le rappel est une évidence, avec comme numéro complémentaire un échange de drum sticks entre le batteur placide et le guitariste trublion, une intro improbable qui sonne littéralement comme du Cypress Hill et le classic Everybody needs somebody to love des Blues Brothers qui ouvre les vannes d'un amour rock'n roll : "I need you, you you" rugit le frontman après un bain de foule qui le plaque au sol, électrisé, exorcisé par le public quant à lui ravi du voyage, enlevant négligemment la poussière de ses cheveux gominés.
Critique écrite le 16 mai 2018 par odliz
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