Cette année encore Marsatac nous a gâté ... même si je ne suis pas trop fan des "branleurs de mulots" comme les appelle Philippe, je dois avouer que chaque année j'ai quand même trouvé mon compte sur plusieurs des lives ... Cette année j'ai raté la soirée au Silo qui avait l'air si belle sur le papier (chronique par le Philippe en question ici) et celle du vendredi ... par contre je suis allé écouter DJ Oof et danser sur les selections de Mister Eleganz à l'Alhambra le dimanche en famille (en attendant la chronique quelques photos par ici), je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer une seconde samedi au Dock (voir les chroniques parfois un peu sévères de Philippe et Sami auquel je repondrai peut être un jour pour dire que j'ai bien aimé les sets de Sexy Sushi, Dissonant Nation, Gramme, notamment) et je suis venu pour la clotûre du festival à la Criée ce soir. Par contre je ne suis bien sûr pas aller à Nîmes (question de critères de priorité géographique).


Ce soir c'est donc les 3 projets Mixatac en live dans le cadre confortable (après s'être couché à 4h30 et levé avant 8h on apprécie) du grand théâtre de la Criée. Tout le projet est présenté sur leur site dédié, mais en gros il s'agit de rencontre entre des musiciens marseillais (souvent branchés electro) et des musiciens d'autres coins du monde (souvent branchés musiques traditionnelles). Il y en a eu trois : Beyrouth, Bamako et Essaouira, qui ont donné lieu à trois disques et ce soir les 3 vont se produire à la Criée en live avec les premiers à monter sur scène à 18h30 ! Etant encore en train de mettre en ligne les photos de la veille j'arrive alors que le Mixatax Beyrouth a déjà commencé.

rnParmi les 9 musiciens présents sur la version disque : Rodolphe Burger, Rayess Bek, Abed Kobeissy, Fred Nevchehirlian, Fadi Tabbal, Ziad Saad, Julien Perraudeau, Arnaud Dieterlen, ils sont 7 ce soir dont Fred et Rodolphe que je connaissais par ailleurs. Je descends progressivement jusqu'au premier rang ... et suis frappé par la place centrale qu'occupe Rodolphe Burger ... impression qui va aller crescendo. Tout autour de lui les autres musiciens et/ou chanteurs en arc de cercle ...


Déjà un peu oublié le détail de mes impressions (pas pris assez de notes) mais je me souviens que les morceaux étaient globalement assez nerveux (certains carrément explosifs). Je me souviens avoir pensé à Love Shack Baby des B52s et même un peu à Rage ou Zone Libre feat. Casey). J'ai beaucoup aimé les échanges vocaux entre Rayess Bek rappeur à tendance raggamuffin (complètement à droite) et le slam / spoken word de Fred (lui complètement à gauche) chacun dans sa langue ou tous les deux en français. J'ai même trouvé qu'ils auraient pu un peu plus jouer sur cette dualité.


Globalement j'ai apprécié tous les morceaux mais j'ai trouvé quand même un peu dommage, dans le cadre d'un projet basé sur la rencontre entre deux pays / cultures, que Rodolphe ne laisse pas un peu plus de place aux musiciens de Beyrouth par exemple. Par moments alors que tout le monde est à fond on n'entend que sa guitare !


Au bout d'un moment je ne vois que lui : au milieu de la scène l'immense chanteur de Kat Onoma me donne l'impression d'un chef de bande à la fois admiré et craint qui trône ... À la fin on me confirmera (je ne connais pas assez bien sa discographie) qu'il y avait pas mal de morceaux de lui. Encore une fois ils ne m'ont pas déplus, mais un peu plus de tous les autres aurait peut être été encore mieux !


Après un pause au cours de laquelle je mangerai mon bout de quiche et un mini pain bagnat pas mauvais du tout en écoutant les sélections du Professeur Babacar je reprends place au deuxième rang de l'amphi (la sécu nous ayant gentiment demandé de ne pas s'approcher des cables et donc du premier rang) pour le deuxième Mixatac de la soirée : Bamako !


Même si d'un point de vue style musical celui ci avait le plus de chance de moins me plaire j'étais quand même impatient de le découvrir et de revoir David Walters (pas vu sur scène depuis 2010) et Alif Tree (pas vu depuis 2001) ... seulement il faudra bien que je me rende à l'évidence, s'ils ont fait partie de l'aventure et sont sur le disque aux côtés de Issa Bagayogo, Ahmed Fofana, Aboubacar Koné, Massaran Kouyaté, Sekou Bah, Abdoul Wahab Berthe, Kassé Mady Diabaté, Doussou Koulibaly, Neba Solo et Zoumana Tereta, ce soir ils ne sont pas là.


Ce soir ils sont 5 sur scène ... 3 de Bamako (chants, koras, guitare et danse) et 2 de Marseille (claviers et percussions). N'ayant pas réussi à me procurer ce volume là je ne pourrai pas trop comparer, mais j'ai trouvé que cette fois c'était le côté Bamako qui phagocytait le truc ... Pas senti l'electro ou la touche marseillaise ... Cela dit ça ne m'a pas empêché de passer un très bon moment.


En fait c'est allé crescendo, en même temps que l'ambiance dans la salle qui finira d'ailleurs debout ; et pas que le groupe de locaux de la bas qui était perché en haut à gauche du théâtre. En effet tout le monde finira pas être emporter par les rythmes africains. Il faut dire que l'énergie et la bonne humeur que mettait Massaran Kouyaté sur scène (que ce soit dans le chant ou les pas de danse) pouvait difficilement laisser indifférent.


Issa Bagayogo était plus sombre mais jouait et chantait bien lui aussi, magnifiquement épaulé par Ahmed Fofana virtuose à la kora comme à la guitare électrique et qui nous fera même une petite démo de balafon à la fin ... Derrière les deux marseillais paraissait très sages sinon en tout cas plutôt discrets ... Deuxième set bien sympa (avec envahissement de la scène par le public - moment où les photographes oublient d'être discrets et pensent qu'ils peuvent tout se permettent pour choper des clichés "rares") même si je regrette un peu de David Walters ne soit pas là (d'autant plus qu'il me semble bien l'avoir aperçu au Dock la veille).


Nouvelle pause par le hall pendant que le changement de set se prépare et que je vois les gars de Nasser se mettre en place. Ce soir encore (comme la veille) Romain est remplacé par Kid Francescoli, au point que comme il ne font pas allusion à son remplacement je me demande si on est pas en train d'assister à un sournois changement de line-up sans annonce (comme c'est parfois le cas dans les groupes qui commencent à percer et qui préfèrent ne pas trop attirer l'attention sur ces changements de personnel). Renseignement pris a posteriori, il s'agissait de remplacement ponctuels.


Bref pour finir la soirée et le festival ce sera donc Mixatax Essaouira c'est à dire la rencontre entre Nicolas Viegeolat, Simon Henner et Romain Chicha les 3 Nasser et leur electro rock reconnaissable entre mille et le musiciens gnawa Hassan Boussou, et le rappeur Komy (ça se sont les acteurs sur le disques) auxquels sont venus s'ajouter sur scène les deux percussionnistes gnawa Abdelhak Kchimi et Idriss Aidair.


Ce sera pour moi la rencontre la plus réussie des trois (au sens où elle a le mieux respecté la consigne de départ et ou tout le monde - et même plus - est encore là). Bon il faut dire aussi que l'electro et la transe gnawa ont finalement plein de points communs. Komy au chant était en grande forme et occupait bien la scène ce qui était était assez nécessaire vu que les autres (en dehors de Simon parfois) étaient très statiques derrière leurs machines ou micros.


Agréable de voir l'entente qu'il semblait y avoir entre les musiciens, chacun étant très à l'écoute de l'autre et prenant visiblement beaucoup de plaisir. Dommage que ceux qui n'apprécient pas l'atitude de Nasser sur leurs sets perso (moi aussi je trouve que leurs prestations live gagnerait en sobriété et du coup en efficacité si ils passaient moins de temps à se faire acclamer par leur public) n'aient pas été là, ils auraient vu un autre visage de ce groupe (ce soir en configuration backing / boosting band de luxe) qui ne laisse pas indifférent.


J'avais craint un moment après l'enthousiasme généré par le Mixatac Bamako que l'ambiance ne retombe, ou que le côté trop rap / rock passe moins bien, mais il n'en fut rien ; la salle finira debout et c'est sous un tonnerre d'applaudissements qu'ils viendront pour une dernier morceau en rappel. Et pour ne rien gacher, cette soirée qui a commencé à 18h30 finit un peu avant 23h, on ne sera donc pas complétement explosé demain en allant bosser ...

Je n'aurai vu que 4 soirées sur les 11 soirées de cette édition 2013, mais je crois que cette année encore ils ont réussi leur coup ! Bravo, et merci.

Plus de photos par Pirlouiiiit par ici

Bonus vidéo :


et une petite de Mixatac Bamako ici
et une petit de Mixatac Beyrouth là