Chronique de Concert
The Drums + TWo Wounded Birds + Patrick Cleandenim
Annoncé à 21h, j'ai eu la surprise de découvrir que j'arrivais à la fin du premier set, celui des Wounded Birds.
La salle était quasiment vide, j'ai bien cru que tous étaient partis voir le concert d'Interpol aux Docks ou celui de Shannon Wright au Cabaret. En fait, le public est arrivé à 22h00 après le set de Patrick Cleandenim.
Un vrai nom de scène. Emblématique.
C'est le set le plus étrange qu'il m'ait été donné de voir. Pas de musiciens. Bon. karaoké new wave, c'est nouveau. Pourquoi pas.
Un homme apparait tout de noir vêtu, un chapeau de mormon vissé sur le crâne, une longue écharpe noire qui pend jusqu'aux genoux. Petit pantalon slim.
Apparence fantomatique, éclairée en contre-jour... Ambiance goth, donc. Bon l'effet est voulu, un tantinet appuyé selon moi, passons. On ne voit pas son visage.
La voix est juste mais la musique est atonique, ambiance pop synthétique très 80's. C'est super new wave, mais c'est de la very cheap new wave.
Tout est froid dans ce set, pas de sueur pas d'énergie. Fffffiou! Le temps parait bien long. Les morceaux s'enchaînent sans qu'une seule vienne vous hanter, ni même vous émouvoir... De fait on patiente gentillement après la suivante sans que rien ne se produise. Pas d'étincelle. Pas d'émotion, pas de partage. Perso j'ai l'impression de revenir vingt ans en arrière avec ce qu'il y avait de pire sur les radios. Entendons-nous bien. J'aime la new wave qui a de l'âme. Une boîte à rythme ne me fait pas lever les yeux au ciel pourvu que l'on sache être créatif en l'utilisant. La musique de Patrick Cleandenim n'invite pas à planer. Et son set ressemble par trop à ce qu'on entend en disque. Ce n'est pas ce qu'on attend d'un live.
Il en ressort un ennui profond. Le public est mou, applaudit du bout des doigts. Bof quoi. Personne ne le siffle parce qu'il a un côté touchant, le gentil vampire perdu dans notre monde, mais la musique est vraiment trop édulcorée, formatée et proprette. Aseptisée.
Ca donne des photos jolies mais sans âme. Désolée!
Une demi-heure plus tard arrivent The Drums qui soignent leur entrée et la part de mystère.
L'éclairage bleu profond venant de l'arrière de la scène dessine leurs silhouettes noires qui s'installent rapidement et lancent l'affaire.
C'est le jour et la nuit avec le set précédent.
Autant Patrick semblait lunaire que le frontman, Jonathan Pierce, parait survolté et animé d'un feu ravageur.
Dès le premier titre le public se densifie et se porte au front de scène. Du genre extraverti, Jonathan dépense sans compter, il occupe tout l'espace scénique qui soudain parait tout petit, tant il est partout à la fois. Penché au dessus de son public qu'il pénètre d'un regard halluciné, il est presque inquiétant. Mais là au moins on a pour son argent. C'est le show!
Et quel n'est pas mon étonnement quand le public visiblement électrisé se met à chanter sur Best Friend.
Ah oui. Gros phénomène de mode, donc. Le public est complétement dans le trip, preuve irréfutable que la musique est bonne.. Ouarf ouarf. Les musiciens sont en effet à fond, on ne peut donc pas leur reprocher leur générosité, bien au contraire. Pour le coup c'est l'inverse que je serais tentée de souligner.
Leur jeu de scène est délirant voire guignolesque. Je veux dire sans nuances, surjoué. Un peu ça va, ça fait partie du plaisir. Uniquement sur ce mode, c'est lourd et indigeste. Car disons-le, le Jonathan danse beaucoup et très mal. Zéro sensualité, dommage.
En tant que photographe c'est un pur régal par contre. Car ils prennent la pause si longtemps qu'il faudrait avoir deux mains gauches pour louper une de leurs postures. Oserais-je le terme cliché? J'ose.
L'embêtant reste qu'on est là pour écouter de la musique. Et là, le bat blesse.
Les graves sont saturées genre son bien crade ce qui me gâche franchement le plaisir. C'est dommage car je trouve rigolote leur musique synthèse/pompe des sixties et des eighties. Un peu formatée, certes.
On passe un moment sympa en leur compagnie, mais rien d'inoubliable.
Il fallait s'y attendre. Le buzz est surfait autour de ce groupe. On ne dira pas merci aux Inrocks sur ce coup-là. C'est un pur produit de marketing qui soigne énormément les apparences sans rien créer de profondément nouveau.
Car c'est bien joli de vouloir reprendre et de réinterpréter la musique de ses maîtres, encore faut-il parvenir à apporter quelque chose de nouveau à la relecture.
Leur set est extrêmement court, une heure montre en main. Ce qui leur vaut de copieux sifflets. Au rappel, ils repartent sur le même mode nous expliquant que d'habitude ils sont plus sérieux. Ironie? Mouais.
Pas de rupture de ton, pas de surprise. La morne plaine. Curieux mélange de débordement d'énergie coincée dans des corps trop raides, mal dans leur pompes. Phénomène de génération? Non. Phénomène adolescent.
Le public s'en va sans réclamer un 3e titre. Un peu roulé dans la farine? Il a l'air content. Bon ben c'est l'essentiel.
Critique écrite le 24 novembre 2010 par Lartsenic
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