Chronique de Concert
Editors
Au milieu des années 2000, une multitude de groupes apparurent avec la volonté de creuser le sillon du son de Joy Division mâtiné d'influences de Cure et de Sonic Youth ; un peu à la manière des bons albums de Placebo quelques années plus tôt... Les fers de lance de ce courant étaient Bloc Party, Interpol et Editors.
Tous ces groupes ont objectivement de bonnes chansons et ont pondu des albums de qualité ("Antics" pour Interpol, "The back room" pour Editors, "Silent alarm" pour Bloc party). Tous ont eu aussi un peu de mal à se renouveler et à passer le cap du troisième album. Ils sont cependant encore actifs une dizaine d'années après leurs premiers méfaits et ont su capter l'attention d'un public fidèle. S'ils ne remplissent pas de stades ou de grosses arenas, ils n'ont en revanche aucun mal à remplir des salles comme l'Olympia ou le Trianon, ou Editors se produisaient en ce 28 octobre.
Venu défendre leur dernier opus, les Anglais, qui sont désormais 5 depuis la défection de leur guitariste fondateur, prirent possession de la scène avec le renfort de nombreux claviers et synthétiseurs.
L'entame du concert se fit avec une nouvelle chanson avec des nappes de synthétiseurs mettant en valeur la voix sépulcrale du chanteur Tom Smith. On se dit d'ailleurs qu'il devrait s'associer avec Paul Banks d'Interpol pour reverser des royalties à la famille de Ian Curtis tant l'influence tourne au mimétisme Le son est techniquement excellent, même si je le trouve un peu propre. La touche post punk indépendante des premiers albums semble laisser la place à un son pop rock plus mainstream.
L'ambiance monte d'un cran quand le groupe s'attaque au premier extrait de "The back room" : "Blood". Il est désormais évident que le leader est bien le chanteur Tom Smith. Sa voix est clairement mise en avant par rapport aux instruments et, malgré un charisme plus que discutable, il occupe le devant de la scène en ne laissant que des miettes pour ses acolytes Les nouvelles chansons alternent avec les classiques de "The Back Room" et de "An end has a start". Editors savent y faire, ils ont des refrains fédérateurs, des montées d'accord efficaces mais ont tendance à tomber dans le piège du Formatage. Leur concert ne laisse pas grande place à l'improvisation. Les versions jouées ne s'éloignent que rarement des versions albums et ont tendance à s'arrêter net alors qu'on aurait aimé qu'ils nous emmènent un peu plus loin.
Au fur et à mesure que le concert avance, on s'aperçoit que si les classiques lorgnent vers le coté sombres de Joy Division, les nouvelles chansons ont probablement l'ambition de toucher un plus grand public, dans une démarche Rock Fm beaucoup plus lisse que ne renierait pas Coldplay. Il y a vraiment une dualité dans leur répertoire ...
Malgré de très bonnes chansons comme "Desire", "Munich" ou "Papillon", la prestation des Editors n'a pas l'urgence et le coté sauvage que l'on aurait aimé y trouver. Elle est trop sage et trop formaté. On sent qu'ils sont là pour dérouler une pelleté de tubes en pilotage automatique. Ils le font d'ailleurs avec un talent et une maitrise certaine, mais on aurait aimé qu'ils viennent pour retourner la salle.
C'est au final toute la différence qu'il y a entre le Rock et la Pop...
Critique écrite le 29 octobre 2015 par lol
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