Chronique de Concert
The French Revolution
Est-ce parce que le pays est quelque peu agité de convulsions sociales que certains espéreraient pré-révolutionnaires ? En tout cas, il se produit un petit événement ce soir au Lollipop Music Store : Vincent Palacio, musicien émérite et "juste" créateur de la Rue du Rock (aka Notre Leader Immarcescible et Bien Aimé, donc), remonte sur scène après 5 ou 6 ans d'absence due à des problèmes de santé, et c'est pour y rejouer à la Révolution Française ! Or nous avons tous d'excellents souvenirs de cette sauterelle apoplectique et chevelue tabassant ses fûts avec la langue pendante, principalement derrière les mythiques Nitwits : l'endroit est donc bondé et tous les usual suspects de la photographie y sont en embuscade...
Car ce soir, The French Revolution, projet annexe ou super-groupe, au choix, dont il tient la section rythmique, remonte sur le linoleum du lieu pré-cité... Avec Patrick 'Pleasures' Atkinson à l'aile gauche, et Cedric 'No Jazz Quartet' Neuser à l'aile droite (pour ne citer que leurs groupes actuels), on sait que ça va défourailler, surtout avec les deux qui chantent en alternance ! Habitués aux voix sortant de leurs très élégants vinyles respectifs, selon que c'est l'un ou l'autre qui envoie de la glotte, on entend évidemment des réminiscences "Cave-iennes" d'Elektrolux (surtout quand ça pète), ou "Jagger-iennes" des Pleasures (surtout quand ça poperoque)... Et comme on aime les deux, le plaisir est le même !
Qui plus est, habillés de somptueux costumes (c'est assez rare pour être vanté !) : en plus de la redingote, le Boitteur porte un tricorne très Tiers-Etat, le Trolux est sapé façon Vidocq/Valjean, et l'Anglais se pavane en noble emperruqué qui ne demande qu'à être raccourci... Et ces trois élégants gentilshommes vont donc faire parler la poudre une quarantaine de minutes, pour notre plus grand plaisir, en commençant par un instrumental directement habité, tout comme la suite : pour un concert exceptionnel, ils semblent tous trois déterminés à donner leur meilleur. Pas de basse ? Fuck the bass player !, comme disent les bluesmen gascons. Deux guitares entremêlées feront très bien l'affaire, et pas besoin d'une chiée d'effets spéciaux en plus, merci !
Les morceaux se font tour à tour garage pétaradant, mid-tempo, rock noisy ou même balade toxique (où la voix granuleuse du Blond nous emporte en Australie), emmenés par la batterie qui semble sans effort (on peut pourtant imaginer qu'il en a fourni quelques-uns !), et par la fameuse groupie du batteur, qui lui fait un barouf d'enfer, certes un peu noyé au milieu de nos autres clameurs. Le groupes s'autorise aussi quelques digressions noise (on ne se refait pas), et finit dans un nouveau morceau en courant alternatif : riff marquant et retenu aux couplets, lâché aux refrains martelés sur batterie irrésistible, soit l'archétype du tube potentiel.
A l'applaudimètre, le trio triomphe, c'est un fait - bon sang ne saurait mentir, fut-il bleu, et ces mauvais sujets, à eux tous, ont plusieurs des décennies de métier ! En plus d'une volonté manifeste, on l'a dit, de donner un concert aussi exceptionnel par la qualité, qu'exceptionnel (pour l'instant ?) par sa rareté. Et tout ça pour pas un rond, oui, sans bourse délier, Messire...
Absolument enthousiasmés par ce spectacle, on en repart néanmoins avec quelques questions, dont celle-ci : pourquoi ce groupe n'a-t-il encore jamais sorti un disque ? Leur thématique et leur esthétique permettraient pourtant une belle couverture - on les imagine assez bien dépoitraillés, guitare et drapeau à la main, suivi par une armée de gueux amateurs de rock, façon La Liberté guidant le peuple... Et quand va t-il remonter à l'assaut ? Allez les gars, vous l'avez bien vu, que vous cartonnez, sus à la Bastille, à la Salle Gueule, au Molotov, où vous voudrez ! La France de 2019 attend toujours sa prochaine révolution, au moins musicale, alors y'a plus qu'à... En attendant, notre week-end rock est déjà fait, alors merci à Lollipop, et grâce soit rendue à ces nobles Messieurs !
Setlist :
Burn your house
Come on
Fever
When i'm with you
Johnny comes around
Noise speech
French Revolution
The devil answered
Preaching blues
My guillotine
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Bonus :
Critique écrite le 14 décembre 2019 par Philippe
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