Chronique de Concert
The Fuzztones + The Needs
The Needs joue déjà, et vraiment j'ai eu comme un doute au début. Ils ont un son tellement heavy pour des frenchies qu'on a du mal à croire qu'ils viennent de Nîmes. Un bon point. Ils sont quatre, en deuil visiblement, et balancent du lourd. Le chanteur me fait marrer, je le crois de prime abord buriné par le sel de la route et d'interminables jet-lags insomniaques, je me rends compte qu'il est juste bien bourré. Et rigolo par dessus le marché. Il vide ses canettes, vérifie sa gravité à plusieurs reprises et nous gratifie de gestes vagues et fébriles. En live, il se coltine une voix plus nasillarde qu'en studio, mais sa voix reste chaude et traînante, avec un grain de voix prenant. Les paroles se yaourtisent par moment ; pas grave, il martèle souvent ses phrases en boucle : "I miss your eyes", "I am a loser" ; "I burn my brain", ça on veut bien te croire. Avec sa gueule désinvolte, ses boots blanches et ses aviator, il a sans problème le charisme du chanteur de rock. La basse est mélodique, bien faite ; la guitare, simple, est malheureusement peu sonore ; le batteur se débrouille bien quand il ne fait pas les churs et ne joue pas de la cloche. L'ensemble fonctionne, sans parvenir à accrocher le spectateur lambda qui chahute plus par l'alcool que d'euphorie musicale.
Le groupe part discrètement, résigné ou absent, et le public se disperse en volutes de fumées, tandis qu'une excitation sourde commence à se propager entre les quatre murs du Cabaret . Les Fuzztones sont certes plus jeunes que les Sonics , mais presque autant mythiques. Les lights se taisent, alors qu'un clin d'oeil jazz-doo wop à She's wicked envahit le Cabaret , intronisant les cinq "voodoo child". On retrouve Rudi Protrudi, l'initiateur et alchimiste des Fuzztones , auréolé de son vieux comparse Mad Mike Czekajet sa tignasse de Pierrafeu à la batterie, ainsi que d'un line up plutôt récent, particulièrement effi-classe, chemises psychés ou T shirt Fuzztones , bottes en cuir noir. Lana qui ondule sur son orgue, Lenny ou la force tranquille à la guitare, enfin Fez et la classe italienne jusqu'à son nom pailletté sur sa basse.
Rudi est en forme ce soir, il balance gros riffs et bons mots, dégoulinant d'insinuations peu catholiques ("there's something on my tongue, I think it's some hair"...). Il vient nous présenter en avant-première la sortie du dernier-né, Preaching to the Perverted , où l'énergie semble se trouver davantage dans les paroles à travers des protest songs comme Between the lines où le groupe nous invite à lire ‘entre les lignes', hein n'est ce pas, que dans la musique, plus sweet, des ballades psyché surfy. En bon marchand de tapis américain, Rudi nous engage à ne pas être égoïste et à penser non seulement à l'anniversaire des 30 ans du groupe, mais aussi à notre gentille petite famille et d'offrir Preaching to the Perverted "to your mom, your dad and your dad's girlfriend". En attendant, ils puisent dans Lysergic Legacy et leur Teen Trash avec cette ode au beau sexe, Girl, you captivate me , la cover de ? and the Mysterians , avant d'enchaîner ironiquement sur leur bombe She's wicked d'où cette fois les Cramps semblent surgir en diversions lubriques "she brought me gasoline" devient "she brought me vaseline", suite à leur voyage en Grèce ("Greece the country, not Grease the movie").
Rudi est décidément très en forme, l'il lubrique et le pantalon en cuir, saisissant sa guitare Phantom érigée telle une saillie musicale, toujours entre deux blagues potaches. Le voilà qui présente son équipe dans l'euphorie générale avant de rembrancher de plus belle sur She's wicked , et de quitter la scène sous les acclamations du public tapageur. Soit ils reviennent, soit c'est l'émeute, et déjà un vigil costaud s'approche pour contenir les vieux rockers. Heureusement, les Fuzztones reviennent, ravis, pour deux chansons dont le fracassant The Witch histoire de dynamiter en beauté l'hystérie collective. Rudi s'enfuit comme un vieux loup de mer, lançant un regard affamé à ma voisine de droite. Le public quant à lui déserte à contrecoeur la salle, la digestion en marche, tandis que les hommes de l'ombre du Cabaret se dépêchent de faire place nette, n'hésitant pas à subtiliser les sièges de la cour sous les fesses de jeunes imprudents qui ont eu ce geste inconsidéré de vouloir finir leur cigarettes.
À déjà 30 ans de carrière, les Fuzztones nous ont prouvé qu'ils avaient encore toute leur place sur scène et que les différents changements de line-up tout au long de la carrière du groupe ont contribué à maintenir son énergie intacte, en nous donnant une bonne leçon de rock'n roll ; décibels, sexe et une bonne dose de franche rigolade.
Quant à ma voisine de droite et moi-même, nous voilà poursuivies par le mysticisme, entre une crise de delirium de cheminot qui, du fin fond de sa cabane métallique au bord des rails, nous envoie la bande-son d'Halloween, suivie de près par celle de K2000, tandis que mouettes et rats nous ouvrent la voie en un ballet affamé jusqu'à notre home sweet home.
Photos par Pirlouiiiit prises lors du concert des Fuzztones en 2009 au Poste à Galène.
Critique écrite le 12 octobre 2010 par Odliz
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> Réponse le 13 octobre 2010, par Zany Gianni
A l'instar de leurs aînés Fuzztones, dans leur Horny As Hell album, reboostant leur répertoire au son cuivré des sax, les Needs offrent - Seigneur Dieu ! Mais Oui - de leur florilège une version modifiée façon freaky mods furibarde. Velours moiré prune et blazer marine de la même étoffe, Dey, Lord Dey, boots aux couleurs de la Factory - Oh cet argentique outrageux aux pieds du Lord, vocalise de sa gouaille polymorphe une Santa Rita jouée en liminaire. Ah les noirs des chasubles de la partie instrumentale de notre combo favori : Gretsch guitare de Vince Shambles assortie à sa tenue luciférienne toute d'anguleux plis sombres. Comme si leur psyché garage avait été plongée dans la cornue d'une soul funk aux dangereuses émanations en diable groovy, lorgnant en efficacité vers la section... La suite | Réagir
> Réponse le 13 octobre 2010, par Dead Man Walking
Deux jolies chroniques, sans faute d'orthographe et de syntaxe, belles références, agréables à lire, néanmoins deux inexactitudes qu'il convient de souligner. Premièrement, The Needs ne sont pas originaires de NÎmes, mais de Ploucland, le triangle Marseille-Aix-Martigues et les boots du chanteur ne sont pas blanches mais argentées, une nuance de taille. Pas de photos pour ce concert ? Réagir
> Réponse le 19 octobre 2010, par Dead Man Walking
Photos du set de The Needs par NS.Delpierre sur flickr.com https://www.flickr.com/photos/bokasboub/sets/72157625073028929/ Réagir
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