Chronique de Concert
The Growlers-Oh!Tiger Mountain-Spit Shake Sisters (festival B-Side)
Il y a une grosse affluence ce soir à la Machine à Coudre pour la troisième soirée du Festival B-Side. Les concerts des Growlers et de Oh!Tiger Mountain sont visiblement très attendus et la salle ne va pas tarder à se remplir...
Ça démarre en fait avec Les Spit Shake Sisters, jeune trio britannique, qui accompagne les Growlers sur leur tournée. Tout de suite, le ton est donné : on a affaire ici un mélange de power pop et de garage joué très vite et fort. On pense tout de suite à Ty Segall et à Fuzz pour le son et l'attitude : le chanteur guitariste se donne à fond, le bassiste, muni d'une Hofner, a un jeu extrêmement véloce et maîtrise très bien son instrument. Le trio fait rapidement son petit effet.
Dès le premier morceau, ils arrivent à caser sur quelques mesures le riff de Paranoid de Black Sabbath, montrant d'emblée qu'ils mettent volontiers du heavy rock dans leur garage. Ils réussissent quand même l'exploit, grâce à leur jeu fougueux et sauvage, à capter un public dont très peu de membres les connaissaient avant de venir, ce qui n'est pas rien !
Le dernier titre est une reprise bien exécutée du classique I Wanna Be Your Dog des Stooges. Rien de très original mais on ne va pas jouer aux blasés, Les Spit Shake Sisters ont comme atouts d'avoir de bonnes chansons et une très bonne énergie rock'n'rollienne.
Place ensuite au phocéen Oh!Tiger Mountain qui va principalement jouer des titres de son nouvel album The Start of Whatever.. Il est ici accompagné de Pedro aka Moondawn (également guitariste dans Eastern Committee) qui s'occupe de la boite à rythme et autres programmations, et qui suivant les titres, tient la guitare ou joue sur un petit clavier Korg. Ca démarre en douceur avec The Start of Whatever., aux harmonies vocales très Beach Boys, puis on enchaîne avec le très bon New Religion, véritable petite perle pop.
Oh!Tiger Mountain livre des chansons de qualité aux arrangements sobres mais toujours bien foutus ou assez inattendus comme ceux, très dub, de Soldier not soldier, titre sur lequel Pedro se saisit d'un melodica (hommage clin d'oeil à Augustus Pablo ?). On sent bien une grande exigence en matière de songwriting. La musique Oh!Tiger Mountain est finalement très référencée, à la fois imprégnée de la pop des années 60 pour l'écriture et de l'Indie Rock des 90's pour le son, mais il parvient à développer un univers très personnel.
Le musicien chante d'une belle voix de baryton un brin rocailleuse et manifeste en plus une présence scénique très forte. Il se précipite dans la salle pour jouer au milieu du public et se laisse aller à son penchant pour le bruit en faisant hurler sa guitare lors d'un final très punk. Je n'avais encore jamais vu Oh!Tiger Mountain l'intégralité d'un concert et je n'ai absolument pas été déçu.
Il fait une chaleur de plus en plus étouffante : il y a une amplitude thermique d'un moins 20 degrés entre le bar et la salle qui est à bloc.
Les Growlers débarquent enfin et ont rassemblé une grande cohorte de fans. Le chanteur reste assis à cause d'une jambe dans le plâtre mais cela ne va pas l'empêcher d'assurer le show. Le set met quand même un peu de temps à démarrer mais leur mélange de garage et de country, aux accents tropicaux, et de guitares surf, fait tout de suite mouche et génère un bel enthousiasme.
Ces californiens ont un répertoire bien étoffé avec de bonnes chansons qu'ils enchaînent de manière à la fois maîtrisée et très nonchalante. Leur savoir faire leur permet de bien chauffer le public, déjà en sueur (on se demande quand même pourquoi quelques excités se mettent d'un coup à pogoter). Mais cette nonchalance des Growlers qui fait aussi le charme de leur musique, prend quand même un peu le dessus sur l'énergie et l'intensité.
Du coup, je ne suis pas totalement convaincu par leur prestation. Chaleur ou fatigue due à une tournée marathon ? Au final, le groupe a donné un concert plaisant mais malheureusement sans la magie que l'on peut trouver sur leurs disques, ce qui m'a fait un peu décrocher sur la fin. Bon, en tout cas, on ne conseillera jamais assez leurs albums Hot Tropicsou Hung at Heart qui constituent d'excellentes bandes-son pour l'été.
Plus de photos par Pirlouiiiit par ici
Bonus video :
et une petite de Spit Shake Sisters ici
et une petite de the Growlers là
Critique écrite le 09 juin 2014 par Phil2guy
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