Chronique de Concert
The Herbaliser
Car le concert du quintette londonien a constitué un puissant euphorisant capable de noyer toute idée noire (crise, alerte météo, début de l'hiver, ma mère etc...) dans les cuivres de Ralph et d'Andrew, les scratch de Teeba et encore plus sûrement dans la voix soul de Jessika.
Car The Herbaliser a changé. On les avait quitté il y a 2 ans sur un sentiment de frustration suite à leur prestation en demi-teinte à Marsatac où l'on avait eu l'impression d'entendre une bande son instrumental un peu mou du genou (vu le nombre de bière sur scène, il y avait par contre par trop de mou dans le coude). Leur big band de soul music juste relevé par quelques boucles et autres scratch hip-hop n'avait pas tenu toutes leurs promesses sur scène.
Il manquait manifestement un élément à cette formation qui avait pourtant alignée deux excellents albums sur Ninja Tunes (Something wicked this way comes, très cinématographique et Take London, bien plus rap). Car le groupe, fondé par le bassiste Jack Wherry et le DJ Ollie Teeba, change de musiciens et de chanteurs à chaque album. Mais, si le brassage permet de casser les réflexes, il peut aussi vous envoyer sur des voies de garage. On pense très fort ici à Archive, un groupe qui a le même fonctionnement.
C'est certainement pour s'extirper de ce piège que Wherry et Teeba ont décidé de stabiliser The Herbaliser autour de 5 musiciens pour composer leur dernier album sorti ce printemps, Same As It Never Was. Ils ont également déniché la soul Lady qui manquait jusque-là à leur combo. Et puis, pour faire bonne mesure à tout cela, ils ont changé de label.
C'est donc quasiment un tout nouveau Herbaliser qu'on voit ce soir sur scène. Et manifestement, ils ont bien fait de changer.
A 22h10, les lumières s'éteignent et le maigre public se presse devant la scène. La bande son lance Same as it never was, le premier titre du dernier album. Arrivent ensuite sur scène Ralph Lamb à la trompette, Andrew Ross au saxo, Saxo ténor et à la flûte traversière, Micky Moody à la batterie, Ollie Parfit au clavier, Jack Wherry à la basse et Ollie Teeba aux platines. Tout le monde est en costard, mais avec basket, certainement pour garder la touche hip-hop.
Les cuivres se mettent en route et tout de suite sur le premier morceau instrumental, on retrouve la chaleur du son de The Herbaliser, sorte de fanfare funk et soul rendue nerveuse par les breaks et les scratch hip-hop. Ils enchaînent avec Amores Bongo, autre instrumental qui aurait très bien pu accompagné un dessin animé de Tex Avery.
Le 3e morceau voit arriver sur scène Jessika Darling, la soul lady du groupe. Mais là où l'on s'attendait à une black d'un certain âge tant sa voix sur le disque est profonde et chaude, on voit débouler... une jeune fille blanche de 22 ans habillée comme une fille de son âge. C'est-à-dire cheveux blonds tirés en arrière par une queue de cheval, tee-shirt noir imprimé et échancré, jean noir serré et hauts talons violets. Seulement, quand elle ouvre la bouche, on dirait Aretha Franklin. Manifestement en Angleterre, la relève d'Amy Winehouse est assurée.
Elle se lance dans Can't help this feeling, une chanson du dernier album qui pourrait très bien être le tube du groupe.
Elle quitte la scène au morceau suivant qui redevient du coup instrumental avec la flûte traversière d'Andrew Ross qui fait pour le coup vraiment penser à un vieux Saint Germain.
3 autres instrumentaux s'enchaîneront alors à une vitesse folle, ne reprenant que les titres du dernier album. Andrew Ross passera en revue ses cuivres et Ralph, apportera avec sa trompette le côté un peu mariachi au son du groupe tandis que le batteur est une véritable boite à rythme. La plupart des membres du groupe tombe la veste et Ralph va même troquer sa chemise pour un tee-shirt à l'effigie du groupe. C'est léger, chaud, funky, sexy et le public accroche vraiment.
Mais il est évidemment dans un tout autre état quand Jessika revient sur scène pour 3 nouveaux morceaux (On your Knees, You're not all that et Clap your hands).
Des morceaux dont la jeune fille a par ailleurs signé les paroles. N'importe quelle personne entend cette musique se met tout de suite à trépigner et ceux qui voit le groupe sur scène la jouer se disent qu'ils ont vu quelque chose qui se ressemble ça quelque part. C'est quand Ralph et Andrew se mettent à faire des petits pas synchronisés à côté de Jessika que le déclic se fait. The Herbaliser sur scène, ce sont les Commitments. Un combo de blanc bec qui veut faire de la musique noire mais qui, contrairement aux irlandais du film d'Alan Parker, ils ne se sont pas arrêté à Joe Cocker.
2 instrumentaux, dont un bien ska, suivront la sortie de scène de Jessika qui, bien qu'aussi enjouée qu'énergique, manque encore un peu de présence sur scène pour que les hommes dans la salle oublient totalement leur copine pendant le concert.
Au bout d'une heure, le groupe quitte la scène. Ils reviendront rapidement pour 3 nouveaux morceaux, dont une reprise d'Otis Redding, il me semble.
Un concert d'1h20 au final qui a été enthousiasmant par cette soul mâtinée de hip-hop et cette énergie communicative des musiciens, sans oublier la voix (et la plastique) de Jessika. Les absents ont vraiment eu tort.
Photo : Refractory en 1ere partie
Photos Andy Trax pour www.liveinmarseille.com
Critique écrite le 22 octobre 2008 par stéphane Sarpaux
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