Chronique de Concert
The inspector Cluzo
Pour cette fois-ci, le groupe n'est pas en duo, mais se présente à cinq sur scène : le cœur bien-sûr avec Laurent Lacrouts à la guitare et Mathieu Jourdain à la batterie. Ils sont accompagnés de 3 musiciens de Nashville au piano, B3, violon et violoncelle. Il faut bien rappeler aussi que le groupe est porté par un projet de vie défendant un statut de rock farmers, qu'ils résument en quelques mots : "Agir local pour penser global"... Tout ceci met déjà une ambiance bien spéciale pour la soirée ! The Inspector Cluzo sort un nouvel album intitulé We the people of the soil qui est issu de leur périple aux USA. Ils en ont sorti l'essence pure des immenses plaines du Midwest en passant par les paysages du fin fond du Dakota. Comme le dit le chanteur, c'est une tournée "suicide commercial , car faire un album aussi rapidement après un voyage aux USA n'est pas stratégique, mais après tout, on s'en bat les couilles car c'est notre label et on fait ce qu'on veut !" Après ces quelques mots, tout le public de Paloma applaudit ! Quoi de mieux que d'avoir en face de nous des artistes libres ! Libres de faire leur musique, de la manière dont ils le souhaitent ! Il y en a si peu de nos jours.
Pour le concert de ce soir, ce fut un enchaînement de belles mélodies avec des ambiances qui se ressemblent certes toutes mais elles ont toutes leur originalité et c'est fort appréciable. A noter que pendant le live, The Inspector Cluzo fait une reprise de Neil Young, Hey Hey My My qui est super bien faite ! Je suis surpris de la voix de Laurent Lacrouts qui monte vraiment très haut. Ceci contraste avec sa voix rocailleuse sur la plupart des morceaux. Lors du concert, le batteur, pris dans l'ambiance, fait monter une personne du public. Une jeune femme qui se prête au jeu. L'ambiance est là, et le public de Paloma apprécie le live ! A la fin de chaque morceau de grands applaudissements retentissent et le courant passe. Le groupe a une très bonne communication et les discours du chanteur prennent aux tripes. Il nous explique sa position par rapport aux ressources de la planète, sa volonté de la protéger et de vivre en harmonie avec elle. Peu d'artistes ont ce discours et surtout peu l'appliquent au quotidien. Car rappelons que le duo est producteur de légumes en Gascogne. Ils élèvent aussi leurs oies et produisent leur foie gras. Ainsi, on peut comprendre leur relation avec la Terre et leur simplicité avec le public.
Les morceaux de nouvel album sont très accrocheurs. A noter le petit clin d'œil avec le titre No Deal at the crossroad qui fait référence au fameux crossroad de Robert Johnson, guitariste né en 1911 dans le Mississipi. Il n'était pas un bon guitariste jusqu'au jour où il partit et revint quelques temps plus tard, jouant comme un dieu. La légende veut qu'il ait pactisé avec le Diable : être un bon guitariste contre son âme, ceci au croisement des autoroute 49 et 61 (dans le Mississippi), à minuit. Bel hommage à ce musicien qui démarra l'ère du blues ! Sur le titre The Sand Preacher, les nappes faites aux cordes sont magnifiques en intro et soutiennent parfaitement cette voix de tueur tout au long du morceau. Le morceau Globalisation Blues Unplugged fait penser à un vieil enregistrement réalisé dans un bar au fin fond des USA. La voix, le style, la chaleur tout y est !
Dans tout cela, une chose qui reste là, depuis le début, c'est la voix de Laurent Lacrouts, qui colle parfaitement aux rythmes et aux riffs, valsant toujours entre cette voix grave et celle qui est aiguë. Et cela arrive souvent dans le même morceau, chose surprenante ! A noter que lors du live, on a pu découvrir son talent de siffleur. Je vous invite fortement à aller voir The Inspector Cluzo en live. Leur jeu en tant que musiciens est simple et efficace et l'apport de violon et violoncelle donne de la chaleur aux morceaux. Leurs nappes sont douces et puissantes à la fois. Un savant mélange à découvrir en dégustant leurs produits faits avec amour !
Critique écrite le 10 février 2020 par Lionel Degiovanni
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