Chronique de Concert
The Legendary Tiger Man + Big in Japan
Le Poste à Galène - Marseille 21 avril 2009
Critique écrite le 22 avril 2009 par Jacques 2 Chabannes
(... Et le Tigre, nu !)
S'ils sont " Big " au Japon, j'avoue, pour ma part, que je méconnais totalement le groupe Massilien censé ouvrir pour le gaucher Furtado !, mais bon, c'est généralement le cas avec la plupart des premières parties ou des fameux " guests " (selon parties du monde visitées !) alors...
Dès leur entrée sur scène, une partie de moi tente de m'alerter sur une présence familière, connue, déjà, sur scène, mirée ! C'est le grand retour de Sylvain (AKA Yvi Slan) à la six cordes ! Apparemment rangé des machines et de l'électro, il se lance immédiatement dans une rythmique hors d'âge, accompagné d'une voix encore incertaine et d'un train (sur écran, derrière !) qui a dû faire la fameuse jonction " Est-Ouest " Américaine, à l'époque de la conquête des grands espaces... Ça doit sûrement s'appeler Funky Train ou un truc du genre : ou est-ce qu'on ne doit pas dire " Fonky ", plus tôt ?
Côté rythmique " basse batterie ", " ça " fonctionne pas mal, pour le reste, c'est sans autre prétention que de faire suer au niveau du sillon interfessier, et c'est ce qu'on demande généralement à ces fameuses " premières parties ". En fait, ça ressemble aux images du Dead Man de Jarmusch, sur l'écran, où avais-je le neurone ? Pour ne pas l'avoir remarqué plus tôt ! Sur scène, " ça " martèle de la cymbale et " ça " revisite les glorieuses " 70's " dans les grandes largeurs : tandis que devant, côté foule, " ça " " Ouaiiiisssss ! ! ! " et " Wouhououuouu ! ! ! " à donf, sur un break très Led Zep , avant que ça ne retombe de soufflé !
Big In Japan - putain, rien que de penser au morceau des autres nazes de l'époque, là, j'ai le foie qui se fout une rétroversion ! - bénéficie apparemment de nombreux amis, proches, soutiens et sympathisants qui contribuent réellement à faire vivre le truc... Bonne pioche ! On demande à trois " filles " de monter sur scène : et elles z'y viennent en plus ; en y'a même une quatrième, une " bonus stage girl ". Faudra que j'essaie aussi, c'est vachement mieux que le " speed dating ", ce truc, qu'on appelle le Rock ! ; même si ça tourne un poil au foutoir généralisé sur scène (" les filles, faut toujours que ça foute le bordel ! ", me souffle l'esprit de mon jeune fils, qui les aime pas... Encore !).
Le dernier morceau flirte désormais avec le Garage - une bonne façon d'annoncer la suite ! - et fait encore monter la chaleur d'un cran dans les premiers rangs ; avant qu'une malencontreuse reprise du sublime Ol' 55 de Tom Waits ne vienne ternir les choses et nous pousser (en interne) à demander au chanteur de réviser ses gammes avant que de la retenter ainsi sur scène, un jour, en solo...
Une bière et deux douzaines de "bla-bla" enfiévrés, plus loin :
La dernière fois que j'avais vu (et interviewé !) The Legendary Tiger Man , c'était au Balthazar , à l'époque de la sortie de l'incontournable Naked Blues (2 003). Il m'avait alors vanté les mérites de son premier groupe, originaire de Coimbra/Portugal (les Tedio Boys ), dont l'heure de gloire aura été de jouer à l'anniversaire du regretté Joey Ramone . Il m'avait ensuite régalé d'anecdotes sur sa traversée des " States ", sa longue halte dans le Mississippi aux contacts des bluesmen locaux, sur sa rencontre avec le créateur de She Said : ce " fou furieux " d'Hasil Hadkins , alors réputé pour avoir la gâchette facile et tirer sur tout ce qui approchait de chez-lui...
La première chose qui frappe, ce soir, comparé à cette époque, c'est de voir combien il a progressé, affiné sa formule, gagné en maîtrise, en épaisseur ET en rythme. C'est " gras " du Bayou , caverneux à souhait et porté par un duo de caisses menées de front qui martèlent, qui soulignent, qui pointent, qui drainent, d'un même élan, mollets cuisses et plaisir. Sur Walkin' Downtown , la tension monte encore un peu, c'est Memphis sur Tage , poussée par une voix qui sait y faire pour installer insidieusement le " moite " en nous ET tout autour... Y'a UN bémol, tout de même : j'aime pas les Ray-Ban ! Ce côté série télé des années 80, les années " Disco ", Tony Montana et les flingues... Quoique, y'a encore pire ! Un monstrueux sweat barré de l'intriguant " Folklore de la Zone Mondiale ", que son " possesseur et maître " enlève fort heureusement au moment de se poser au coin de la scène du PAG !
I Got My Night Off est annoncée - en Français dans le texte ! - je devrais suivre cette engeance, plier stylos et carnets pour profiter pleinement du " truc ", " ça " le mérite, ce soir : les cordes crissent de larynx et je me surprend à cogner du talon à mon tour, comme un possédé ou un " zombie Blues " en goguette. Au fond, sur l'écran, s'entrecroisent une foule de cachets, guitares, plaquettes de tranquillisants et pavillons Pathé " haute-fidélité " Marconi. Il nous demande d'avancer, de venir à lui, et nous, on s'exécute, en plus, benêts asservis que nous sommes, bêtes panurges du blues à taux de résistance limitée.
Tout du long de Love Train , j'arrête de mater sa capillarité sous gomina pour bloquer sur les longues jambes qui fendent désormais l'écran de leurs galbes graciles. Putain de vidéo ! " Ça " attire l'attention comme rien, surtout quand le modèle est... Comment dire... Un truc en " B " qui n'est pas un participe présent... Un dernier coup de grosse-caisse et la fille s'en est allée, elle est partie, évanouie, disparue, et je déprime... Avant de me rappeler que j'ai la " même " à la maison. Il a beau m'avoir tenté de la rétine, tout à l'heure, le vinyle de Masquerade , je ne regrette pas d'avoir acheté l'édition limitée en CD à l'époque (2 006) pour une fois : le DVD " bonus " comprend la totalité des films diffusés ce soir, augmenté de quelques vidéos et images d'enregistrements plus qu'importantes pour bien saisir tout l'esprit du gars Furtado en question.
Le Kazoo mène désormais la barque " I want to get you, before the sun goes down... " : la moitié (mâle) de la salle en rêve en observant l'autre (fille ? pourquoi pas " femelle ", tiens, j'ai bien dit " mâle ", tout à l'heure !) du coin de l'il ; personne n'a envie de rentrer seul(e) à la maison ce soir, quand sueur et tension sexuelle envahissent à ce point l'espace, la place...
Je comprends d'autant moins les " agités " du bocal, là-haut, qui continuent à fumer clope sur clope, collés derrière l'épaisse vitre du fumoir local. Annoncée comme une " very dirty song ! " (une salace, quoi !) Light Me Up Twice - issue d'un album à venir sous peu, et dépeint comme " enregistré avec moult femmes ! " - lâche son gros flot de phéromones sur notre belle assemblée : la jouissance se doit d'être collective, pas solitaire ou isolée ; " ça " fouisse entre les jambes, " ça " usine de moiteur, " ça " suinte et " ça " feule de rauque, avant de finir par " cracher " logiquement sa semence dans le micro...
" La prochaine chanson est un classique ! " (dixit le, one man band !) : le fameux Route 66 de Bobby Troup que tout le monde a joué un jour, une fois, en sa musicale vie ( Christophe Maé et ma voisine de pallier excepté !). Et si on enchaînait les villes, nous aussi, dans le plus pur style : " Aubagne, La Ciotat, Toulon, Solliès-Pont, Cannes... Nice ! ", est-ce que ça aurait AUSSI de la gueule ? Quoique, a bien y réfléchir, on a déjà notre Nationale 7 , cette Trenet sans pareille... Mais, non, c'est PAS pareil, non, pas pareil... Non !
À partir de cet instant, le temps semble s'étirer et se rétracter en séquence, par saccades, passant d'une cassure de rythme à un break surprise, le tout porté par des descentes de Kazoo qui fileraient le frisson au doyen de l'UMP, soi-même ! Sur Blue Moon Baby , je regarde cette blonde aux formes dessinées courir sur la plage, voleter dans l'herbe, grimper cette dune de sable : heureuse, comblée, libérée de toute inhibition et contraintes, et pense au fameux Zabriskie Point d' Antonioni .
Survient alors l'apothéose Naked Blues - l'occasion de vérifier que les Portugaises traquent également le poil revêche sur jambes, contrairement aux mauvaise langues et bas esprits en réunion - un sommet de tension asséné plus que porté, et qui le voit se mettre littéralement à nu ; ce qui fait retomber ma tension d'autant, sur l'instant !
De toutes façons, il sera " à fond " jusqu'au bout, mais n'oubliera pas pour autant de nous gratifier de sa version des " p'tits bateaux qui vont sur l'eau ! " ( Big Black Boat ) avant que de convoquer l'esprit du défunt " maître " Hasil Hadkins , pour un orgiaque She Said très " Crampsien ", mené jusqu'à l'orgasme par un doit de fée titillant sa " machine à sons et loops " posée à proximité de sa batterie humaine. L'ultime " Merci Mother Fuckin'Beaucoup ! ! ! ", sera suivi de deux autres rappels, destinés à nous mettre à genoux ET dans l'incapacité d'en demander encore, juste au " kazoo ? " (faut que je la retire celle-là, elle est d'un goût, mais d'un goût...).
C'était la troisième fois que l' " homme " passait par chez-nous - dont une fois en compagnie de ses fantastiques Wray Gunn ! - la quatrième s'annonce d'ores et déjà des plus prometteuse... J'y serais en tout cas... Pas vous ? Tant pis...
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et une petite de Big in Japan : là
Critique écrite le 22 avril 2009 par Jacques 2 Chabannes
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> Réponse le 23 avril 2009, par Pirlouiiiit
Juste un petit mot pour dire que autant j'étais vraiment tombé sous le charme de Paulo Furtado lors du passage de Wraygunn au Moulin en 2005 ... autant ce soir j'ai été un peu déçu par the Legendary Tiger Man. Peut être un peu trop classique (et donc répétitif) il a fini par me lasser (ou je ne suis pas rentrer dedans). A l'exercice ô combien périlleux sur la longueur du one-man-band j'aurais finalement préféré Pedro de la Hoya, le one-woman band the Venus Fly Trap ou encore Petit Vodo ... ps : les vidéos étaient dans l'ensemble assez chouettes et auraient pu être encore plus systématique, le jeu de scène étant de fait minimaliste. La suite | Réagir
> Réponse le 24 avril 2009, par Assiya
[Poste à Gallène - 21 avril 2009] Big in Japan : A ne pas manquer pour ceux qui ont envie de danser, chanter, crier, sauter. Une belle énergie que le groupe transmet avec bonheur au spectateur. The Legendary Tiger Man : A ne pas manquer pour ceux qui ont envie d'être transporté dans un univers très rock'n roll unique. Réagir
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