Chronique de Concert
The Lemon Twigs + Lo Moon
Si certains ont pu douter de l'engouement surdimensionné des médias spécialisés à l'égard des deux gamins de Long Island, il était impossible de ne pas ressortir de la salle des étoiles plein les yeux vendredi dernier, malgré la pluie. Après tout, "Rain, I don't mind" comme disaient les Beatles, qui ne semblent jamais vraiment avoir quitté l'enfance de Brian et Michael. Une enfance pas réellement terminée, puisque les deux frères n'ont même pas 40 ans à eux deux (17 et 19 ans), amenant une fouge communicative irrésistible à leur kermesse rock 'n roll.
Lo Moon
Seule petite ombre au tableau, une première partie sans réel intérêt. Parce que oui, le talent n'est pas une question d'âge, et même si les Américains de Lo Moon (en provenance de Los Angeles) ne semblent pas non plus loin de la vingtaine, nous étions forcés de constater un contraste d'originalité frappant entre leur rock faussement sombre, et la pop baroque des Lemon Twigs. On saluera tout le même l'engouement du groupe qui, à défaut d'impressionner, aura présenté avec maîtrise et enthousiasme son univers, flirtant par moment avec celui de The XX, variant rythmiques pop rock intenses, à des sonorités électroniques plus douces.
The Lemon Twigs
20h50, l'Élysée Montmartre finit doucement par se remplir... d'un public plutôt âgé, ayant eu la brillante idée de venir retrouver les sonorités 60's de leur enfance. Et si l'on espérait voir arriver un Brian arborant son désormais célèbre mulet, c'est finalement en combinaison léopard que ce dernier débarque sur scène, suivi de son frère Michael, Dany Ayala (synthés) et Megan Zeankowski (basse). Le show débute sur les notes de "I Wanna Prove To You", à l'image de leur LP "Do Hollywood" sorti en octobre dernier. L'ainé Brian se charge, dans un premier temps, de prendre les devants de la scène à la guitare et au chant. Car si cela ne suffisait pas, il est également bon de savoir que les frères sont multi-instrumentistes, alternant leur rôle pendant le concert : un régal pour le dynamisme. La première partie du concert se veut donc plus fidèle à l'album, navigant entre des exclusivités ("Why Didn't You Say That", qui paraîtra sur un prochain Ep, cet été), et des ballades psychédéliques ("Haroomata", "Frank"). Se faufile ensuite une composition familiale purement 70's, puisque le quatuor s'attaque à un titre du père et musicien des deux frères : Ronnie d'Addario ("Love Stepped Out", 1976). Le rocambolesque "These Words" vient clôturer ce premier acte mélancolique, coloré et parfaitement orchestré par le pétillant quatuor.
Après le très tendre "How Lucky Am I?", où Michael et Dany se partagent le micro avec une complicité touchante, pendant que Brian se la joue Rick Davis au piano, le set prend alors une tournure rock beaucoup plus assumée. Michael, désormais à la guitare, canalise à lui seul une énergie jouissive, alternant les sauts en grand écart et les mimiques Jaggeriennes, notamment sur des nouveaux titres aux sonorités plus rock 'n roll que sur leur premier opus ("Night Song", "So Fine"). Un répertoire rock plus intense qui, comme l'a expliqué le groupe en interview, a notamment été pensé pour le live, afin de contraster avec les sonorités plus planantes de l'album. Entre les deux merveilles "Baby Baby" et "As Long As We're Together", le public parisien se voit gâté d'une deuxième reprise, "All Of The Time" du grand Alex Chilton. En faisant une nouvelle fois écho à l'album, le set se conclut sur le spatial "A Great Lake", totalement transcendant : le public en veut encore, évidemment. Mais quelle fut la surprise de voir la bande revenir avec une cinquième personne, le tour manager du groupe venu amorcer le rappel de la plus belle des manières, à la batterie, avec le légendaire "The End" des Beatles. Brian est torse nu, Dany devient guitariste le temps d'une chanson, et le plaisir est réellement palpable. Plaisir qui se prolonge à travers une nouvelle et dernière exclusivité (du prochain album cette fois-ci), "The Queen Of My School", hymne surf rock, concluant d'un solo royal, une heure et demie de show multifacette, passionné et passionnant, offert par un groupe que l'on espère voir vite grandir... mais pas trop vite.
The Lemon Twigs en concert en France cet été, au Main Square Festival à Arras, aux Eurockéennes de Belfort, au festival de Montreux etc, les dates sont ici...
Critique écrite le 06 avril 2017 par Antoine Serrurier
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