Accueil Chronique de concert The Limiñanas
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Chronique de Concert

The Limiñanas

The Limiñanas en concert

Espace Julien, Marseille 20 octobre 2021

Critique écrite le par



C'est un réel plaisir de retrouver les Limiñanas ce soir à l'Espace Julien quatre ans après leur concert dans cette même salle (lors de la tournée Malamore) dont on garde un très bon souvenir. Une crise sanitaire et des albums avec Anton Newcombe du Brian Jonestown Massacre (Shadow People, L'Épée) et une bande originale de film (Le Bel Eté) plus tard, les Limiñanas, forts de ces expériences discographiques, sont de retour avec "De Pelicula", réalisé en collaboration avec Laurent Garnier. Et autant dire que cet album est une vraie réussite, le DJ producteur apporte de subtiles touches électro au "garage psyché" des Catalans, amenant ainsi leurs compositions vers une transe hypnotique d'une redoutable efficacité.



La salle est quasiment pleine. Les Limiñanas ont été précédés par Parade, groupe marseillais d'indie pop rock qui monte, dont je n'ai malheureusement pu voir que la toute fin du set ; mais aux dires de ceux qui y ont assisté en entier, leur musique a gagné en maîtrise et assurance. Les Limiñanas arrivent peu après. Laurent Garnier n'est pas de la partie ce soir mais le duo fondateur Lionel & Marie Limiñana sont accompagnés de cinq acolytes, dont un de leurs vieux complices, le fantasque guitariste Ivan Telefunken, et Edi Pistolas, au chant, percussions et autres bidouillages électroniques (je réaliserai après coup qu'il s'agit en fait d'Eduardo du duo franco-chilien, Nova Materia).



Marie et Lionel Limiñana sont placés sur le devant de la scène. Un de leurs comparses à la guitare (folk), placé à leur gauche, assurera le chant sur de nombreux titres. Le set démarre avec les deux premiers morceaux de De Pelicula : l'excellent Saul et  Je rentrais par le bois dont le motif de guitare et la pulsation rythmique rappellent les meilleurs moments de Neu! On est tout de suite entrainé dans une transe krautrock bien prenante. Les sept musiciens donnent l'impression de former une entité soudée et font tous preuve d'une grande maîtrise instrumentale. Les guitares produisent un bourdon entêtant, à la manière du Velvet Underground première période, avec comme fil directeur, le beat implacable de Marie qui frappe, imperturbable, sur une batterie qui n'a ni cymbales ni charleston, ce qui donne à son jeu une dimension presque tribale.



Lionel, muni d'une Telecaster qu'il gardera tout au long du set, est à la fois très concentré sur son instrument et toujours attentif à ce qui se passe autour de lui. Les effets visuels sont également de la partie puisque au fond de la scène sont projetés de furtifs extraits de films que l'on imagine très bien faisant partie du panthéon cinématographique personnel du groupe, comme Les Tontons Flingueurs ou Ne Nous fâchons pas (on aperçoit également les visages de Romy Schneider, Jeanne Moreau et ou encore celui de Tor Johnson, un des acteurs fétiches d'Ed Wood). On connait le goût des Limiñanas pour le cinéma ; De Pelicula se présentant d'ailleurs comme la bande-son d'un film imaginaire, ce visuel est donc tout à fait d'à propos. Les silhouettes des musiciens se découpent dans une semi-pénombre avec ces images en arrière-plan, grâce aux jeux des lumières, ce qui s'accorde très bien avec la musique.



Une bonne partie De Pelicula est interprétée mais le groupe joue aussi des titres qui donnent un bon aperçu de l'ensemble de son répertoire et qui s'enchainent toujours impeccablement, comme c'est le cas pour les deux meilleurs de l'album Shadow People : Istanbul is Sleepy, à l'ambiance psyché poisseuse, et Shadow People. D'autres plus anciens, aux sonorités garage plus marquées, comme Funeral Baby ou Tigre du Bengale sont réactualisés. Le choix des reprises résume finalement assez bien l'approche musicale du groupe : celle de Mother Sky de Can, qui montre son goût prononcé pour les boucles sonores et une certaine forme de transe rythmique, et celle de Teenage Kicks des Undertones, hymne pop punk définitif, qui montre son attachement à un songwriting concis et urgent, hérité des garage bands. Cette chanson est d'ailleurs interprétée avec une conviction juvénile toute punk par Ivan Telefunken.



Certains ont pu regretter que le chant ne soit pas toujours en avant ou qu'il manque parfois un peu de puissance, ou même que Lionel et Marie ne soient pas plus souvent au micro. Marie chantera cependant une version crépusculaire, et sans batterie, de Je m'en vais, habile pastiche de Ghost Rider de Suicide. Quoiqu'il en soit, on a pu voir ce soir un groupe en pleine possession de ses moyens qui s'est donné à fond pendant une bonne heure et demie. Et s'il y en a qui n'adhèrent pas forcément à ce maelström sonique ou à ce parti pris des boucles et rythmes répétitifs, les Limiñanas sont devenus en quelques années, grâce à leurs nombreuses prestations scéniques, leurs diverses collaborations et leur capacité à se renouveler tout en gardant leur style propre, un groupe de premier plan à cent lieues de toute forme de "hype". L'intérêt qu'ils suscitent et le succès qu'ils rencontrent sont donc amplement mérités.

Photos : Laurent Bruguerolle

> Réponse le 27 octobre 2021, par Philippe

Je suis bien content pour toi (et sans doute pour d'autres gens, du coup... la majorité peut-être même ?) que tu aies aimé le concert à ce point ! Pour ma part j'ai eu d'énormes problèmes avec la représentation de l'album De Pelicula sur scène. Certains ne datent pas d'hier mais déjà des 3 fois précédentes où j'avais vu les Limiñanas. Le fait qu'ils soient un peu statiques et pas causants n'était évidemment pas une surprise, et pourrait être dépassé aisément si le son avait été parfait - or c'était un peu confus ce soir-là. Ca c'était peut-être juste un mauvais réglage de l'Espace Julien ? Quoi qu'il en soit, et en son absence, les sons d'orfèvre de Laurent Garnier semblaient balancés un peu au petit bonheur, genre quand on y pensait, comme à côté du mix... Et puis le problème historique...  La suite | Réagir


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