Chronique de Concert
the National feat. Sufjans Stevens & Annie Clark + the Antlers
Impossible de résister à la tentation de faire un bilan au moment d'écrire cette chronique. La première fois que j'ai entendu parler de the National c'était via leur premier album dont j'avais reçu quelques copies gravées par un tourneur qui essayait de leur trouver des dates à Marseille ... j'avais fait suivre poliment mais n'ayant pas plus accroché que ca j'en étais resté là. Et puis peu de temps après m'être installé à NY (dans le Bronx pour être précis) et en épluchant Village Voice je tombe sur ce nom familier ... ils partageaient ce soir l'affiche du Bowery Ballroom avec Sea Ray et Longwave. Je leur écris et c'est donc équipé d'un passe photo et d'un appareil assez merdique que je prendrai ma première claque musicale là-bas. Je découvrais en effet ce soir et en live, quelques semaines avant sa sortie ce qui deviendra un de mes disques de chevet : le fameux Sad Songs for Dirty Loversavec ses morceaux imparables comme Cardinal Song, Slipping Husband, Murder Me Rachael, Lucky You et l'immense Available.
Depuis je les ai revu un bon paquet de fois ... quasiment tous leurs concerts new yorkais en 2003-2004, je suis retrouvé les voir là bas après la sortie de Alligator puis de Boxer et ai même eu la chance de les voir à des endroits plus exotiques comme Marseille, Sannois ou encore Moscou ! J'ai donc suivi avec une certaine fascination leur montée inexorable vers une célébrité tout à fait imprévisible (même si pas volée)
Même si je suis un peu restée bloqué à Sad Songs for Dirty Lovers pour plein de raisons (dont le fait que ce soit le dernier album écrit dans l'urgence créatrice des premiers albums) et les ai même parfois un peu accusé à demi mots de se répéter avec Alligator ou même Boxer je dois avoir que High Violet m'a vite paru (après quelques écoutes) comme un album majeur dans ma discothèque (au point de l'avoir acheté en vinyle et CD). Ce soir le Radio Music City Hall, dans lequel je ne pensais jamais mettre les pieds, affiche complet (et ce depuis plusieurs mois - comme de plus en plus de leurs dates!). La configuration est assise ... tant mieux car vu la tendance de leurs nouveaux morceaux ce sera surement plus approprié.
Nous arrivons juste après 20h et the Antlers ont déjà commencé. Je croise Sufjans Stevens sans le reconnaître, prends connaissance des consignes concernant les photos et file quand même voir un bout de the Antlers de ma place ... Pas dans les meilleurs dispositions pour me concentrer sur ce qui m'ai l'air d'être un duo guitare / chant et machines (les deux seuls musiciens qui ne seront pas présentés) accompagné sur scène de quelques cuivres, un batteur et une choriste (qui eux le seront). Comme the National ils sont basés à Brooklyn et ils partagent avec ces derniers le même management et les acco mpagnent donc sur pas mal de dates de cette tournée.
Le Radio Music City Hall est un peu trop grand / imposant pour faire connaissance avec leurs chansons délicates. Un peu dans la veine de groupes comme Clap Your Hands Say Yeah en plus calme. Le temps que je rentre dedans leur court set sera fini je ne retiendrai de leur musique qu'une voix assez haut perchée, un chant planant, des musiciens assez statiques et un gars aux machines complètement replié dessus et caché par ses cheveux. A revoir dans une salle a taille humaine ou en ayant bien écouter le(s) disques avant.
Après une entracte qui m'a paru raisonnable et où je me suis fait briefer avec une dizaine de photographes, me voilà au pied de la scène (côté droit puisqu'il a fallu choisir). L'occasion de profiter de la belle vue des balcons ... très bonne idée d'avoir peint les murs comme si des visages les recouvraient. Après que des roadies soient venus faire les réglages sauf pour la batterie et le violon dont Bryan et Padma se chargeront eux même, ils font leur entrée. On voit tout de suite qu'ils sont en pleine forme et contents d'être là.
Je ne dirais pas qu'ils sont blasés des grosses salles mais je pense qu'ils auraient peut être été plus intimidés par le RMCH si il ne venait pas tout récemment de jouer au BAM. Je me retrouve donc au pieds de Aaron dont la proximité me rappelle que ce groupe est composés de vrais humains bien sympathiques. Je me retiens de lui faire coucou et je me concentre sur les photos. Mistaken for Strangers, Anyone's Ghost et Bloodbuzz Ohio vont surement passer très vite et après sans mon passe, pas sûr que je puisse garder mon appareil.
Je mitraille donc maladroitement prenant quand même mon temps pour scruter chaque détail qui m'aidera a reconstruire la scène quand je serai retourné à ma place. Dès le début du concert Matt, avec l'agitation des grands soirs, invitera le public à se lever (dommage pour les photos) en prenant les premier rang par la main un par un .... ce qui aura un effet domino inverse et en quelques secondes la salle sera debout et le restera tout le concert.
Avec une set list de rêve, bien nerveuse dans laquelle j'ai noté le grand retour de Available que j'ai pu apercevoir, pendant une bonne heure quarante qui m'a paru plus longue, ils alterneront morceaux calmes et limites punk. Quel plaisir de retrouver l'énergie de Matt qui provoque pourtant toujours chez moi ce mélange de plaisir (de voir cette rage superbement catalysée sur scène) et de douleur (de le voir trembler après avoir hurler). Mais il y a ce soir une très bonne ambiance. Pas de signe de fatigue, les vannes fusent de la part de Matt à propos de Annie Clark, ou les feux croisés des frères Dessner qui prennent Matt en sandwich.
En plus du fidèle Padma il seront accompagnés par 2 cuivres (trompette et trombonne) et de façon plus ponctuelle par quelques instruments à corde de plus (2 violons et 1 violoncelle) et sur 2 morceaux par Annie Clark du groupe St. Vincent (au piano puis au chant) et par Sufjans Stevens pour des churs divins et un des très beaux moment du concert. Parmi les autres beaux moments (en tout cas mes préférés) les quelques fois où Matt descendra dans le public ... une première fois (je ne sais plus sur quel morceau) mais surtout une deuxième fois pendant le rappel pour Mr November où il partira carrément sur le balcon ... pour une sortie semi improvisée (pas de micro sans fil mais quand même assez de fil pour y accéder). Ca m'a fait pensé aux sorties de Matthias - Dionysos - Malzieu. Inutile de préciser que le public était à ce moment vraiment en délire.
Pendant les morceaux les plus calmes j'ai un peu regardé autour de moi, ainsi qu'à la sortie du concert .. the National touche vraiment un public varié à tout point de vue, tous ages, tous styles, (pas que les hipsters de Brooklyn)... épatant ! Ils finiront en douceur avec Terrible Love (comme je le disais ci dessous je ne suis pas sûr qu'ils aient fait About today comme marqué sur leur set list entre parenthèses). En tout cas ce qui est sûr c'est que je suis sorti épuisé (et d'un coup me souvenant que je n'avais pas mangé avant me suis jeté sur le premier hot dog trouvé). J'avais peur d'être déçu et c'est tout le contraire qui s'est préduit. Un grand concert pour un grand groupe dans un grand lieu. Le lendemain il cédaient la place aux New Kids on the Block ...
Quel dommage qu'ils ne repassent pas dans le sud cet été (comme ça a paraît il failli être le cas) et quelle chance pour les Lyonnais qui aux nuits de Fourvière auront la chance de les voir 2 soirs de suite et notamment le premier des deux soirs où ils ont fait la prog et où on retrouvera St Etienne, Dirty Projectors ainsi que Sharon Jones, pour une soirée qui s'annonce déjà comme inoubliable. Pas de bol (pour moi en tout cas) c'est un lundi ... C'est de penser à cela qui me poussera (pour me consoler) à acheter le 45tours de Bloodbuzz Ohio (pour 6 dollars chez Cakeshop, contre 13 dollars pour l'album entier tirage limité dans ce même Cakeshop) tout cela parce qu'il contient un inédit ...
Tiens d'ailleurs en parlant d'inédits j'espère qu'ils ne tarderont pas trop à sortir un compile de ces titres rares (la reprise des Clash, les morceaux du disque promo Libération et tant d'autres que je n'ai pas réussi à ma procurer ...). Bryce (comme tu parles maintenant parfaitement français) si tu lis ça ...
Plus de photos par Pirlouiiiit en cliquant ici
Critique écrite le 24 juin 2010 par pirlouiiiit
Envoyer un message à pirlouiiiit
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par pirlouiiiit
St. Vincent : les dernières chroniques concerts
Pitchfork Music Festival Paris 2014 : Mogwai, Belle and Sebastian, Jose Gonzalez, Foxygen, The Notwist, St Vincent, The War On Drugs, Ought, Son Lux, Jon Hopkins, James Blake, D.D Dumbo, Future Islands, Tobias Jesso Jr., Caribou, Jungle, CHVRCHES... par Pierre Andrieu
Grande Halle de La Villette, Paris, le 01/11/2014
Programmation foisonnante pour la quatrième édition du Pitchfork Music Festival les 30, 31 octobre et 1er novembre à Paris, à la Grande Halle de la Villette, avec une très... La suite
(mon) Rock en Seine 2014, 2/2 : Junip, St Paul & the Broken Bones, Thee Oh Sees, The Ghost of a Saber Tooth Tiger, Cheveu, Lucius, Emilie Simon & ONDIF, Portishead, Frànçois & the Atlas Mountain, The Horrors, St. Vincent par Philippe
Saint-Cloud, Parc de Saint-Cloud, le 23/08/2014
Le vendredi, c'est par ici !
Deuxième (et hélas dernière journée) pour nous dans cette bonne ville de Saint-Cloud, pour communier avec quelques 39 999 autres personnes dans... La suite
Agnes Obel + St. Vincent + Kurt Vile And The Violators (Festival Days Off 2012) par Pierre Andrieu
Salle Pleyel, Paris, le 09/07/2012
Alors que restent en mémoire les prestations mémorables d'Antony And the Johnsons et Sufjan Stevens, Bryce Dessner & Nico Mulhy, c'est déjà le dernier soir du Festival Days... La suite
The Kills + Peaches + Papercuts + Camera Obscura + St Vincent + Forest Fire (La Route du Rock 2009) par Pierre Andrieu
Fort de Saint-Père, Saint-Malo, le 15/08/2009
Une bonne nuit de sommeil n'est pas de trop pour se remettre des délicieux excès sonores de la première journée de la Route du Rock 2009... Après ce passage obligé, on se lève... La suite
Sufjan Stevens : les dernières chroniques concerts
Sufjan Stevens par Philippe
Le Radiant Bellevue, Caluire et Cuire, le 27/09/2015
Quand on s'apprête à voir enfin (enfin ! ENFIN !!) l'un des auteurs/compositeurs/interprètes les plus magnifiques de la planète anglophone, et qui figure en bonne place sur notre... La suite
Sufjan Stevens, Bryce Dessner et Nico Muhly, Planetarium (avec New Trombone Collective et Navarra String Quartet) (Festival Days Off 2012) par Pierre Andrieu
Salle Pleyel, Paris, le 06/07/2012
Orgasmique et cosmique le rendez-vous avec Sufjan Stevens, Bryce Dessner et Nico Muhly, de passage à la Salle Pleyel, à Paris, pour présenter à l'occasion du festival... La suite
Sufjan Stevens + Dm Stith par Pierre Andrieu
Olympia, Paris, le 09/05/2011
Une comète scénique ultra spectaculaire, tout en étant humaine et émouvante...
Spectacle totalement fou (10 musiciens, choristes et danseuses, mise en scène... La suite
The National : les dernières chroniques concerts
The National & This Is The Kit par Cabask
Le Zénith - Paris, le 05/06/2024
A la demande d'une amie, je me suis donc rendu sur Paris ce mercredi pour aller écouter The National, jamais vus en concert jusqu'à présent. J'ai une histoire un peu particulière... La suite
The National par Didlou
Salle Pleyel, Paris, le 31/05/2022
J'ai découvert The National et son chanteur Matt Berninger lors de discussions avec des collègues ou des amis musiciens... Après avoir beaucoup écouté les albums du groupe... La suite
The National (Pitchfork Music Festival Paris 2017) par Pierre Andrieu
Grande Halle de La Villette, Paris , le 02/11/2017
Très belle première soirée au Pitchfork Music Festival Paris le jeudi 2 novembre avec des shows marquants des invités de The National (Moses Sumney, This Is The Kit, Chassol,... La suite
Interview de Bryce Dessner du groupe The National à l'occasion de la sortie de l'album Sleep Well Beast et du concert au Pitchfork Music Festival à Paris par Pierre Andrieu
Paris, le 01/11/2017
Faisant désormais partie des artistes établis aux USA et en Europe, le groupe américain d'indie rock The National n'en oublie pas pour autant de sortir régulièrement des... La suite