Chronique de Concert
the Needs + Elektrolux
Les relations entre The Needs et les spectateurs marseillais n'ont jamais été des plus chaleureuses. Au mieux, cordiales. Les Needs déboulent des quatre coins du département, plus ruraux qu'urbains et toujours à contre courant. Ce depuis leurs premiers pas. Les Needs distillent une musique de fans, se défendent de toute originalité ou modernité et convoquent les figures tutélaires et antinomiques de Rocky Erikson, Thunders, Byrds... Pétris d'histoire rock versant outsider, ils rechignent à brandir un quelconque étendard, sinon un gonfanon en lambeaux, celui des destins sombres. Reste que jouer avec le feu continuellement impose une distance de sécurité. Du coup les Needs n'existent que sur scène, dans leurs titres et se dissolvent une fois le dernier rappel épuisé. Entre les morceaux, on hésite, on lâche pour l'entre-nous une blague potache, un coup de gueule sur la pertinence de la playlist, des regards complices, mais pas trop. Car il faut bien rire avant de plonger dans les accords caverneux et les lyrics dépressifs. Ne pas faire sérieux pour mieux livrer des états d'âme, des histoires de chute, de folie et de mort. Ce soir là à La Machine à Coudre, Dey (chant) était carapacé dans un blouson de cuir noir, dissimulé dernière une cigarette et des lunettes de soleil. Il devait faire au moins 40°, mais chez les Needs ont reste couvert. Il fait toujours froid. A L'aile droite, une paire de grognards Fred Fouque à la basse, des légendaires Bootleggers, et Diego Lopez à la guitare. A eux deux ils affichent près de 50 ans de bon et loyaux accords au service d'un rock sans compromis. Sur l'aile droite, Vince Shamble éternel collégien de la guitare, grand dévot de la fuzz et de ligne claire. En arrière garde, un nouveau venu, Reginald The Fifty au clavier, histoire de porter sur scène les nappes psychédéliques que Lucas Trouble (Vietnam Veterans) inflige au groupe en studio depuis 1991 et d'apporter un vent nouveau au combo classe senior. L'artillerie lourde est le domaine d'Henri Costa, (Cowboys from the outter space). C'est sur ses roulements de canons que le groupe assied son offensive, parfois chaotique. Au centre, Dey, une sorte de reptile toxique et charmeur. Danseur hérétique d'un culte syncrétique.
Les Needs ont remisé les morceaux de leur dernier album "Songs from the grave", ils n'ont conservé que l'essentiel pour leur set: Une profession de foi: Old, sick, tired. Un vade-mecum: :"Dead boys never rust". Un constat: "Too late". Une romance : "Pandora is made of mud" et une confession "Das Reich of Passion". Pour le reste, des titres exhumés de leurs jeunes années et une flopée de nouvelles compositions qui devraient éclairer un album en préparation. Les Needs se sont un peu plus dépouillés de leur lyrisme pour labourer les terres garage sixties et n'en conserver que l'ossature primaire. Idem pour les ballades où l'on claudique sur deux accords et où Dey joue les équilibristes unijambistes. Ici, rien ne doit être trop lisse, trop policé, trop propre, trop droit. Certains morceaux sonnent comme des standards, mais les Needs, les mutilent, leur coupent ici une jambe, là une tête. "Ce que nous faisons tient sur deux accords et une phrase qui dit tours la même chose: je t'aime mais t'es plus là" dit Dey. Tout ce qu'il y a autour doit être réduit juste assez pour convenir au format "rock". Et la phrase mue en refrain: "White trash needs love too", "I wanna live under your heels", " It feels so good to have someone like you". Alors ça passe ou ça casse. A la Machine à Coudre, c'est passé. Mais avant ça avait cassé. Les plombs de la sono ont sauté et il a fallu attendre près d'une heure pour que les Needs reviennent à la charge. La salle n'a pas boudé son plaisir. Les vétérans ont toujours du cur à l'ouvrage et savent encore faire onduler les hanches des jeunes filles. Et c'est bien là l'essentiel. Voire l'essence (sémantique) du rock. Et s'il faut danser sur des tombes et des braises pourquoi pas. Les Needs se sont réconcilier avec le public marseillais. C'est heureux.
Fred Cavern.
Critique écrite le 01 juillet 2007 par Fred Cavern
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