Chronique de Concert
The Offspring (Festival Rock en Seine 2015)
C'est la troisième fois que je voyais The Offspring. Bizarrement, je les vois d'ailleurs tous les dix ans. La première fois, c'était à l'Elysée Montmartre, en 1995, la veille de l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la république Française. Tout auréolé du succès de leur album Smash et de l'explosion planétaire de leur single Come out and play, ils venaient alors présenter la pelleté de tubes qu'il contenait. J'étais alors un jeune bachelier qui s'intéressait d'avantage aux fêtes étudiantes, aux délires potaches alcoolisées et à ses conquêtes potentielles qu'à ses études et à la vie professionnelle qui n'allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Bref, le concert des inventeurs du Punk joyeux gonflé aux hormones m'avait fait très forte impression, tout comme les dreads blondes du chanteur Dexter Holland.
10 ans plus tard, dans un Bercy lugubre, ponctué d'un son épouvantable, Offspring m'avait paru à bout de souffle. Leurs nouvelles chansons tombaient à plat et les tubes historiques étaient joués sans conviction. Le naufrage était tel que j'avais quitté la salle, fatigué et désenchanté, en rangeant virtuellement Les Californiens dans les tréfonds de mon actualité musicale.
Le 28 août 2015, c'est donc sans illusions, mais le sourire béat laissé par le concert de FFS qui venait de se terminer, que je me dirigeais vers la grande scène de Rock en Seine pour voir à nouveau Offspring dans un concert bonus de festival. La première surprise de ce concert a été de constater que Dexter Holland et le Noodles avaient autant vieilli et grossi que moi. En 2015, Dexter Holland, ressemble d'avantage à un Johnny Rotten du début des années 2000 en version aseptisée qu'à la grande tige bondissante avec ses dreads blondes de "skater nineties" qu'il était 20 ans plus tôt.
La deuxième surprise, c'est que l'usine à tubes d'Offspring fonctionne à plein régime contrairement au concert de Bercy, 10 ans plus tôt. Bien sûr l'insouciance et l'urgence du concert de 1995 ont laissé la place à une grosse machine, reboosté par l'ajout d'un guitariste supplémentaire et par l'arrivée d'un nouveau batteur explosif comme du napalm au petit matin.
Avec une set list ne laissant qu'une place infime aux morceaux d'après 1998, on se sentait comme plongés au cœur d'un teen movie. En fermant les yeux, on aurait pu se croire sur le campus d'un collège américain, à la veille du bal de fin d'année, quand une armée de teenagers dégénérés, gonflés d'acné de sève et de testostérone, enchaînent les shots de tequila, tout en fantasmant sur la bombe de l'école, qui est évidement maquée avec le quaterback demeuré de l'équipe de foot américain de l'école.
Offspring en 2015, c'est donc exactement comme un teen movie : débile, régressif, potache mais totalement sympathique !! C'est à la musique ce qu'un film comme American Pie peut être au cinéma : Un vrai plaisir coupable ! Et j'assume donc pleinement le pied énorme que j'ai pris à plus de 40 ans en écoutant des tubes comme Come out and play, The kids aren't all right, Self esteem, Gotta get away, Smash it up, All i want, Pretty fly, Why don't you get a job...
Liens : www.rockenseine.com, www.facebook.com/rockenseine, twitter.com/rockenseine...
Photos : Olivier Hoffschir
Critique écrite le 07 septembre 2015 par lol
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