Chronique de Concert
Thee Oh Sees + J.C. Satàn (Festival B-Side)
Ouch ouch, dur de se sortir de la douce torpeur d'un dimanche soir, après avoir fait le plein de campagne et d'air pur tout le week-end, pour retourner s'enfermer dans une antre méphitique, retorse, irrespirable et sold out mais... L'Embobineuse accueille ce soir la date maîtresse du festival B-Side, celui-là même des valeureuses walkyries d'In The Garage : elles ont booké à nouveau les San-Franciscains de Thee Oh Sees, explosifs et scotchants. Pas ratable, ce concert n'est, jeune padawan : de ton cul, sors-toi donc les doigts...
Arrivée rue de l'Embob', moulon devant l'entrée - toujours ce problème de cartes d'adhésions à remplir avant de rentrer : ça dure depuis l'ouverture de la salle et c'est un peu chiant. Mais ça traduit aussi un concert plein à craquer, où la partie du public qui n'a pas acheté les billets en pré-vente risque bien de rester dehors. A ce propos : chers amis les indécis ou les snobs qui n'achètent jamais leurs billets avant, vous foutez souvent tout le monde dans la merde, on ne compte plus les concerts qu'on a vu être annulés à cause de vous alors franchement, de vous voir rester dehors pour cette fois, ça me ferait presque plaisir.
En même temps, avec un peu plus de physionomie, il y avait quand même moyen de traverser le rue et discuter autant que vous vouliez avec la jolie chanteuse/organiste/tambourinaïre du groupe, assise dans son coin et un peu délaissée. Moi en tout cas je lui ai dit bonjour et demandé à quelle heure elle jouait, mais constatant que je ne savais pas dire Machine à Coudre, j'ai renoncé à la féliciter pour le concert de l'autre fois !
Bref, une fois dedans, on s'aperçoit vite que "tout le monde" est venu, ce qui rend la progression difficile (même quand on ne connaît pas tout le monde). Évidemment à presque 22 heures, les premiers de JC Satan n'ont pas encore joué. Jamais entendu parler d'eux - depuis j'ai appris qu'ils étaient bordelo-turinois, ou turino-bordelais. Un groupe de rock bruitiste, cohérent, qui joue en gang avec un réel plaisir - mention spéciale aux chanteurs, un moustachu guitariste et une jeune fille gironde au regard joyeusement halluciné.
Leur plaisir d'être sur scène est communicatif, leur musique n'est pas extraordinairement élaborée ou inouïe, mais elle est efficace, rythmée, vrombissante, par moments dévastatrice ! En bonus, une petite bassiste improbable avec une mèche d'ado rebelle et un crucifix (la partie JC du groupe ?), et un organiste géant et barbu, au corps en souffrance qui semble sortir d'un tableau de Jérôme Bosch... Chouette première partie qui repassera sûrement par ici bientôt, peut-être en tête d'affiche.
Arrivée tardive donc des Thee oh Sees (les vieux d'entre nous, qui un boulot et des gosses à torcher tôt demain matin se plaignent déjà...), qui heureusement nous remettent direct dans le groove : départ sur The Dream, cavalcade flamboyante et morceau climaxique de leur dernier album Carrion Crawler (n'ayant chroniqué que celui-là je ne vais pas pouvoir trop flamber sur la set-list : ils en feront 4 ou 5 de l'album, et autant issus d'ailleurs dans leur riche discographie).
Amusant de retrouver leurs looks atypiques : batteur moustachu posé devant, guitariste chanteur mêchu à la gratte transparente collée direct sous l'aisselle, le skinhead tatoué de partout et son jeu de deuxième guitare halluciné et métronomique haché de coups de cervicales, et la jeune fille déjà évoquée en complément vocal, percus et claviers divers. Pour être parfaitement honnête, passé le galop introductif, j'ai un peu de mal à y rentrer. Mais petit à petit - Thee Oh Sees ? laissez le charme agir - ça monte, ça monte, et avant d'y avoir pensé on se retrouve avec les genoux qui battent la breloque, les cheveux collés dans les yeux, les cervicales en feu, suant la bière plus vite qu'on arrive à la boire : scotché à nouveau !
Bien sûr, ils jouent aussi Carrion Crawler (sans saxophone), et le riff vrillant de Contraption/Soul Desert, d'autant plus efficace qu'ils sont très capables de la chanter aussi bien en live que sur disque. Et quelques autres titres répétitifs et prenants, dans leur style caractéristique et qui rend les gens normaux, dingues. Par contre, comme de bons américains, ils joueront une heure, guère plus, font le rappel syndical mais sans passion excessive. On veut bien le pardonner à des gens qui ont laissé une telle énergie dans le set principal, et tellement d'eau (à un moment, le chanteur John Dwyer a épongé son t-shirt et en a tiré un bon litre de flotte !)
A la fin, je demande gentiment au batteur une set-list pour ma collection et il me fait cette réponse superbe, l'air un poil étonné voire outré : "We don't do set-lists !". Effectivement, on les a vu se concerter au fur et à mesure, entraînant parfois même des blancs un peu déconcertants. Et ils nous ont concocté en direct un concert presque parfait qui, signe de qualité, a fait fuir au fur et à mesure une partie du public. Quoi qu'il en soit, vivement les Eurockéennes où ils vont pouvoir s'épanouir sur une scène devant... 7 à 8 000 personnes, et nous les regarder, pour une fois, sans suer comme des porcs. Quoique...
Plus de photos de cette soirée par Pirlouiiiit en cliquant ici.
et une petite de JC Satan là
Critique écrite le 11 juin 2012 par Philippe
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> Réponse le 13 juin 2012, par Pirlouiiiit
Malgré une chaleur à crever, les deux groupes se sont donnés sans compter. Conséquence de la chaleur et l'humidité (en plus de mes objectifs embués) des câbles qui ont tellement chauffé qu'ils ont rendu l'utilisation de la guitare de Thee Oh Sees impossible à plusieurs reprise. Le groupe ne cessait d'ouvrir la porte de secours derrière (que les gens de l'Embob allient refermer de l'extérieur pour ne pas avoir trop de problèmes de voisinage) ... A la fin le bassiste a même fait semblant d'avoir un malaise et s'est écroulé lourdement sur la scène, juste devant moi. J'y ai cru (et d'ailleurs le chanteur aussi) ... quel andouille ! Après ce concert on ne se demandait plus pourquoi il y a si peu de concerts en juillet-aout à Marseille ... Réagir
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