Chronique de Concert
The Pleasures + Qúetzal Snåkes + Meatbodies
En première partie The Pleasures, nouveau groupe ultraconsanguin puisque composé des bien connus Pascal, Miguel, Stéphane, Patrick, autrement dit d'ex-Aggravation, Ich Bin Dead, Technicolor Hobo, Neurotic Swingers, pour ne citer qu'une référence par musicien (mais on doit pouvoir arriver à 15 groupes, sans forcer...). Ils ont du métier, c'est sûr, on se demande quand même pendant un moment ce qui va pouvoir faire la plus-value de cet énième groupe de rock un peu pépère, d'autant qu'ils paraissent d'abord un peu sur la réserve (ça peut se comprendre, pour un premier show devant une salle pleine de potes et de chroniqueurs vicelards...), mis à part Pascal dont le jeu de scène outrancier est toujours plaisant à voir.
Fort heureusement, ils prennent confiance au moment où leurs titres se musclent (dans la deuxième moitié du set) et deviennent un poil plus originaux : mélodies et breaks se font plus accrocheurs, on oublie l'absence de basse quand une troisième gratte apparaît, on dirait même que Miguel le batteur, tape plus fort (mais sans jamais croiser les baguettes - il doit être superstitieux peut-être ?) Quand la section cordes prend toute sa place, on pense aux Neurotic Swingers (à 50 % d'ADN en commun, ce n'est pas un hasard...). Fait marquant vers la fin, une amusante parodie de My Generation des Who, joliment interprétée et chantée (après vérification, c'était bien fait exprès !). Bon, c'est sûr, ce groupe encore un peu flou sur sa direction artistique ne va peut-être pas réinventer la machine à courber les bananes tout de suite, mais la soirée est finalement bien entamée grâce à lui...
Setlist :
Feel it else
Deep inside
Do my Best
Sweet sad loving
Another Day
Shake it on down
Who cares
Now I believe
La suite avec un groupe qui (on le savait déjà !) joue environ 6 fois plus fort - à trois guitares et une basse, il faut bien ça : nos chouchous des Qúetzal Snåkes, qui ont sorti un pur disque de tueurs, nous font comprendre rapidement qu'ils ne sont pas là pour rigoler. Alignées comme à la parade (vu la taille de la scène ils sont obligés, le risque de manche planté dans le pif du voisin est réel !), leurs 22 cordes en tout (et sans doute autant de pédales) déploient un vacarme d'une belle amplitude, joliment rythmé, lardé de twangs parfaitement maîtrisés, martialement conduit par une batterie féroce, oh putain... c'est juste jouissif. Au point de faire rapidement fuir ma mie, qui avait prévenu qu'elle ne resterait pas, si on sortait de la bienséance sonore où ce groupe n'est pourtant jamais entré. D'ailleurs et comme d'habitude je trouve d'abord la voix un peu noyée (mais c'est une constante chez tous les héritiers du shoegaze....).
Bon, c'est vrai, à un type au look problématique près (casquette et baskets blanches, gilet de pêche, est-ce bien raisonnable ?), ils ont quand même un look moins rigolo que les indispensables J.C. Satàn, repassés ici il y a peu, mais sonnent au moins aussi fort et parfois dans le même genre. Ont pour chanteur Alex Cyprine, une rock-star (encore) locale, aussi modeste que douée, et j'envie les gens (a priori rares) qui s'en rendraient compte pour la première fois ce soir (Concertandco suit le chanteur lui aussi depuis déjà bien 2 ou 3 groupes défunts !). Entre autres, Satan Cruz leur morceau au triton (nous sommes entre gens bien élevés, je n'y reviens pas) et déjà tuant sur disque, sonne formidablement en live, quitte à flirter dangereusement avec le metal. Une suite plus mybloodyvalentinesque, permet de souffler (enfin un peu) et mieux entendre le chant, avant de rebasculer dans le bruit contondant mais toujours musical et conclure sur les chapeaux de roues, un set aussi dévastateur et efficace que pourrait l'être un tsunami de type asiatique, laché sur la plage des Catalans un 15 août.
Setlist :
à l'instar de Thee Oh Sees *, une autre de leurs bénéfiques influences, il n'y en a pas !
[* Leur bassiste skinhead m'avait répondu, amusé et vaguement outré, à l'Embobineuse il y a quelques années, cette phrase magnifique : "Setlist ? We don't do setlists !"]
Bon, c'est pas tout ça, la soirée était déjà copieuse et on a bien fait marcher le bar, mais il reste un groupe à passer, les Meatbodies, emmenés par l'affreux mais hyper doué Chad Ubovich (découvert l'été passé sur scène, atrocement sapé et jouant la basse de Fuzz - le groupe de l'homme au plus gros mojo rock actuel au monde, Ty Segall). Ici pas de musicien au look problématique : ils sont TOUS problématiquement habillés, t-shirt blanc rentré dans pantalon noir remonté au delà du nombril (manque juste les bretelles), tout comme les guitares et basses accrochées sous le bras façon Thee Oh Sees. Une parfaite bande d'affreux jojos dont au moins un avec un regard psychotique, et assez mal attifés pour pouvoir jouer du grunge à travers leurs cheveux quand ça les chante, sans que ça ne choque personne à part les gens qui, justement, vont en profiter pour s'entrechoquer tout devant !
Sacré contraste de look avec, par exemple, les plutôt élégants Birth of Joy vus ici il y a quelques jours à peine. Alors oui, on est bien dans cette veine garage-rock SF qui cartonne depuis quelques années, emmenée par John Dwyer, Ty Segall et quelques autres. Et même si on a un des meilleurs tiers du son de Fuzz, groupe formidable, comme base pour s'appuyer, on a déjà beaucoup entendu ce genre récemment ! Mais le son est ici étonnamment propre et carré, et le cerveau n'a même pas à trop filtrer le raffut pour entendre des chansons très bien fichues et prenantes. Autrement dit, ils jouent moins fort que les Qúetzal Snåkes et c'est pas plus mal. Je ne connais que 3 ou 4 titres que j'entendrai tous ce soir : sautillante Mountain, musclée Tremmors, garage-rock Disorder, explosive Gold... Vu tout ce qu'on a déjà pris dans la gueule (à tous les sens du terme), leur set s'étire un peu mais se finit, lui aussi, par un rappel furibard idoine, conduit façon Panzer, et qui clot toute discussion possible. OMG, the ugly bastards, they sure kicked ass !...
C'est bon, n'en jetez plus, avec une soirée pareille, question rock qui pousse au cul, on est gonflé à bloc pour les 15 prochains jours... merci et bravo pour l'organisation de ce splendide plateau.
Setlist (ramassée) :
Mountain
Him
Tremmors
Disorder
Gold
Disciples
Two
Off
Plank
Hibo
Rotten
Touch
Wahoo
Haunted
Gyre
Photos d'album glanées sur le web - sauras-tu trouver l'intruse ?
Critique écrite le 14 avril 2016 par Philippe
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> Réponse le 16 avril 2016
What is that fuking picture of the Pleasures. Get your facts right before publishing a photo, that is not us, we are not some heavy metal glam band (NdPh : no kidding ?! ;-)) Réagir
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