Chronique de Concert
The Psychotic Monks
Les Psychotic Monks jouissent d'une réputation scénique rare. Quiconque les a déjà vus en live sait à quel point l'expérience peut être intense, et même cathartique. C'est à la fois très violent et hyper sensible, explosif et introspectif, hystérique et apaisant. Bref, le groupe joue sur les contrastes sans jamais céder à la facilité et aux clichés. Il peut bien provoquer des déflagrations punk, mais toujours en les amenant à un point où le carcan du genre explose et on se retrouve alors ailleurs. Il peut également ralentir le rythme mais sans jamais verser dans la ballade conventionnelle : les voix et la musique sont toujours instables -mélodiquement mais également du point de vue des sentiments exprimés.
On se demandait bien comment les Parisiens allaient envisager le passage à la scène de leur chef d'uvre "Pink Color Surgery", sorti le 3 février, un disque jouissif sous de multiples aspects mais également exigeant, aussi bien musicalement qu'intellectuellement parlant. Une seule certitude, ce ne sera pas conventionnel. Les Psychotic Monks, on le sait, ne juxtaposent pas leurs morceaux, ils les sélectionnent pour les fondre en un ensemble qui raconte histoire, si bien que leur concert est une véritable expérience immersive qui conduit le spectateur dans un véritable voyage intérieur aussi bien que dans une aventure collective. Au Sterolux, à Nantes, ce vendredi 10 mars, ça commence très fort avec un mix de "Crash", "Post Post" et "Gamble and Dangle", tous trois issus de leur dernier album. Les rythmes des machines et de la batterie attaquent d'emblée, frontalement, le public, avant que les assauts réguliers des guitares le soulèvent et le secouent brutalement et frénétiquement. C'est à la fois électro et très organique, ce qui crée un rapport au corps très singulier, fait de convulsions, de déchirements, de repos angoissants où l'on halète pour reprendre difficilement son souffle avant d'être à nouveau ébranlé par les secousses rythmiques et les déflagrations électriques. Les musiciens, investis totalement, sont tour à tour fougueux et extatiques, et il n'y a bien que Paul, le claviériste et bassiste, pour sourire, complice, en direction de la salle.
On n'a pas tout retenu de l'ordre des titres joués ce soir, mais on se souvient que ceux-ci se présentaient par petits groupes, comme des chapitres d'un récit : après une phase d'accroche particulièrement fougueuse, suivent des moments plus contrastés, pendant lesquels les morceaux les plus ambitieux de "Pink Color Surgery" seront interprétés sans coupures entre eux le plus souvent. "Décors", "Imagerie", "All that Fall" avec leurs structures complexes, tortueuses parfois, imposent des climats que l'on expérimentent rarement en concert : c'est beau, angoissant, bouleversant finalement. Le groupe, alors, est à fleur de peau, que ce soit dans les moments les plus calmes - où l'on sent toujours affleurer une impression d'inquiétude - où dans les moments les plus explosifs qui montrent bien une rage non feinte. Il est juste regrettable que le public, comme souvent, perde sa concentration facilement dès que la tension retombe, et ces remarques et rires intempestifs que l'on entend alors, finissent par agacer.
Ce soir, les Psychotic Monks joueront essentiellement les titres de "Pink Color Surgery". Des précédents albums, on ne reconnaîtra que "A Coherent Appearance", magistral et démentiel, mais on doit avouer que, même si le show fût exceptionnel, on attendait des incursions du côté de "Silence Slowly And Madly Shines", le premier opus. Faire l'impasse sur "Wanna Be Damned", pour toutes celles et ceux qui se sont déjà étourdi.e.s sur ce morceau en live, est un véritable crève-coeur. Mais les Pyschotic Monks, on s'en doutait, n'allaient pas satisfaire facilement nos attentes : avec un groupe aussi exigeant que celui-là, il fallait accepter d'être décontenancé. C'est même là le propre des véritables artistes, de déjouer sans cesse les prévisions, de rompre les habitudes, pour nous confronter à l'imprévisible.
Critique écrite le 17 mars 2023 par Stephane Vidroc
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