Chronique de Concert
The Rakes + Lo
Bon, d'accord, comme souvent pour les bons concerts de rock, la première partie de ce soir c'est ... Lo ! Que pourrait-on encore écrire ici sur Lo qui n'ait pas déjà été dit, par exemple lors d'un concert vu ici-même ? En plus nous sommes liés par des liens de sympathie qui rendraient suspects toute félicitation exagérée (mais quand même, un clin d'oeil du guitariste quand on arrive devant la scène au Moulin, ça le fait carrément !).
Bref ce groupe de rock très affuté nous met comme toujours en joie avec ses compos carrées, avec des jeux de lumière plutôt classe (ce n'est pas toujours le cas ici). Un set assez confortable d'une dizaine de chansons jouées nerveusement (ça a pas mal stressé sur scène paraît-il) mais aussi bien que d'habitude : citons Welcome to My Mind ou Black Kites, et plein d'autres chouettes chansons de rock noisy, plus un espèce de rock-n-roll à tout casser qui manque de peu de retourner la salle.
Bon à vrai dire, je me suis demandé si j'avais pas assez écouté leur fort bon premier album Black Kites dernièrement, ne reconnaissant pas grand-chose, mais il s'avère qu'ils ont joué pas mal de nouvelles chansons, je dirais une moitié de leur concert au moins.
Pour notre plus grand plaisir, pendant les ponts musicaux, Isabelle fait toujours sa petite danse hystérique et rigolote, comme s'il y avait plein de souris qui couraient sur la scène et qu'elle essayait de les éviter... Quand Lo nous quitte sur 50 Matches et son riff implacablement exécuté par Yann, simple et efficace, on prend la sage résolution de s'en remettre une couche dans les oreilles le plus vite possible.
Le temps d'aller faire un moulon sur le bar (un truc ridicule m'est arrivé mais je parierais que je suis pas le seul : entendant le début d'une chanson des Rakes, j'ai plus ou moins paniqué et quitté ma place presque arrivé au comptoir pour rejoindre la salle, avant de m'apercevoir que c'était un disque... grmbl). Bref à un moment où j'avais regagné ma place, ça a vraiment été eux...
Et c'était bien l'impression qu'on avait gardé de la dernière fois : d'aspect les Rakes sont à peu près aussi excitants qu'un pack de Flanbys périmés. Au mieux ils ont des looks de nerds (le guitariste ressemble à Milouse devenu grand), au pire des looks de jeunes UMP en congrès (le bassiste et sa chemise proprette, le chanteur et son polo Lacoste...) Certes on est bien loin de cette bande de rockeurs archi-gominés et crypto-communistes, voire Sexy & Mysterious, qui composent notre galaxie habituelle (et qui sont pourtant venus en nombre ce soir).
Mais au fond et comme le soulignait notre excellent photographe Pirlouiiiit, c'est aussi ce qui fait leur charme, aux bien nommés Rateaux de ce soir (comme ceux qu'ils prenaient encore au lycée il y a trois ans ?). Dépouillé d'attraits physiques (seul le batteur pourrait éventuellement être un peu beau gosse), il n'y a pas d'esbroufe possible : le rockeur est nu et s'il est mauvais, eh ben ça se voit encore mieux. Surtout que le chanteur est encore plus maigrichon que Paulo Furtado, gringalet et vilain leader de Wraygunn qui foutut pourtant le feu ici même il n'y a pas si longtemps...
Et leur concert démarre pied au plancher, c'est bien le moins quand on fait du disco punk festif (soit un créneau archi-encombré depuis 1 an ou 2) : on attaque en semant la Terror, disco-punk imparable, puis on bat en Retreat qui sonne très Franz Ferdinand, We are the animals qui sonne très Cure... On a droit comme je l'espérais à l'excellent Just a man with a job, reprise des P'tits Trous de Gainsbourg qui relève plutôt le niveau sur cette galette, par ailleurs pas franchement indispensable, appelée Monsieur Gainsbourg Revisited.
Un peu plus calme, Work work work qui m'a toujours rappelé, je ne sais pas pourquoi, le film Trainspotting. Puis The Guilt qui sonne tout à fait énorme en live, ainsi que l'hypnotique T-Bone qui rappelle plaisamment Joy Division (en plus énervé bien sûr). Le chanteur annonce alors une série de trois chansons tristes (ce qui ne veut pas dire calme heureusement, on commençait à peine à s'amuser !) : une bombinette disco-punk non identifiée, puis Open Book au refrain débile et jouissif ("ohohohoh, ohohohoh", les Kaiser Chiefs en ont fait un album entier comme ça !), puis Binary Love, une de mes préférées et qui est probablement leur mélodie la plus écrite (c'est quasiment de la pop !).
A noter que derrière eux, un visuel sans frime et pas désagréable défile : des images en noir et blanc du chanteur, avec un très gros grain. Violent donne officiellement le départ d'un sympathique pogo, que poursuit une autre chanson inconnue (hélas c'est le guitariste qui chante, et plutôt mal : pour le coup ça ressemble vraiment à Bloc Party !) 22 grand Job très enthousiasmante, vient conclure la première partie (le chanteur tente sans succès d'apprendre le nom de ce moment où, pendant qu'on prend de la coke back-stage, le public s'époumonne, alors si quelqu'un peut lui dire : en français de Birmingham, on appelle ça un 'ouappel'). De toutes façons le Mystic Punk Penguin est déjà au bar depuis un moment (tout ça ne ressemble ni à The Ex ni aux Gasolheads, alors !...)
Sans trop se faire prier, ils reparaissent suite à leur joueur de synthé pour une nouvelle chanson sur fond d'avions et d'hélicoptères de guerre, avant qu'un étrange problème technique interrompe le rappel (pas trop longtemps heureusement). Les musiciens préfèrent aller se planquer (ça c'est pas très sympa je trouve, c'était le moment ou jamais de causer un peu plus que ces petits Thank you couinés entre chaque chanson). La tonitruante Strasbourg vient conclure en beauté ce concert d'une heure (j'aurais parié un mois de salaire qu'ils allaient pas jouer plus que ça, en plus avec un seul album en magasin ...). Rappelons une dernière fois à ceux qui prendraient les paroles pour argent comptant que Strasbourg est une ville française et non pas d'Allemagne de l'ouest (c'est mon bled à moi, alors j'y tiens - "Ne traite pas l'alsacien d'allemand, et tu vivras longtemps").
Dans l'ensemble, un concert assez sympa et enjoué, rien de révolutionnaire : pas tout à fait la classe et pas du tout le charisme en live de Franz Ferdinand, mais nettement mieux en place que Bloc Party, les p'tits gars de The Rakes ont relevé avec brio le défi, certes modeste, de nous faire passer un très bon moment.
L'inoubliable Simmer Down, tube rocksteady de Bob M, vient nous rappeler pour conclure que The Rakes ont quand même encore du boulot pour devenir des légendes ...
Photos Pirlouiiiit
Critique écrite le 06 avril 2006 par Philippe
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