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Chronique de Concert

The Rolling Stones

The Rolling Stones en concert

U- Arena, Nanterre 19 octobre 2017

Critique écrite le par



A l'heure où le rock semble se vider de sa substance, de son urgence et de sa morgue et que sa dimension sulfureuse ne semble plus être qu'un lointain souvenir, les Rolling Stones continuent, après 55 ans de carrière, à l'incarner contre vents et marées, tels des étendards indétrônables dans un monde ou se multiplient les arenas sponsorisées, marketées et aseptisées.

Apparus en 1962, les Stones ont été au fil des années les pionniers, les acteurs, les stars et les gourous du rock. En dynamitant les standards musicaux de l'époque, en y injectant la sauvagerie, la modernité et la liberté qui fit sa gloire, les musiciens du légendaire groupe anglais ont été les apôtres du genre et de sa démesure, qui va bien plus loin que la musique en elle-même. Avec leurs centaines de millions d'albums vendus, leurs milliers de concerts donnés dans les plus grands stades du monde entier, ils ont eu une carrière et des vies "bigger than life" peuplées de femmes superbes, de scandales, de millions de dollars, de châteaux ou de villas sur les îles tropicales. Quand on achète un billet pour voir les Stones en concert, on vient s'acheter une part de cette légende.



C'est donc la neuvième fois, depuis l'Urban Jungle tour de 1990, que je renouvelais ce pèlerinage, pour une fois encore avoir ma part de légende et d'histoire du XXème siècle, mais aussi un vrai bon concert de rock. Car au-delà de leur légende et de leur logo, les Stones sont un sacré groupe de scène ! Mick Jagger est depuis près de 60 ans l'un des frontmans les plus charismatiques qui soient et le répertoire de son combo est une avalanche de tubes à nulle autre pareil, souvent joués dans des shows pharaoniques.

Mais incarner le rock en 2017 cela n'a plus rien à voir avec le côté flamboyant des sixties, l'urgence des 70's. Le rock ne fait plus peur, le rock est en 2017 comme un arbre vidé de sa sève. Il ne bourgeonne plus, il se contente d'exister au prix d'un show business formaté. Il est en train de s'éteindre et de devenir une musique morte, comme le Jazz avant lui. Et si les Stones sont depuis toujours l'étalon du genre. Ils ont désormais autour de 75 ans et n'ont plus sorti d'albums dignes de ce nom depuis des années, mais ils se sont totalement fondus dans ce nouvel écosystème en multipliant les tournées best of. Et, pourtant, si ils tournent encore, ce n'est pas parce qu'ils en ont besoin mais parce qu'ils aiment cela. Et on les comprend ! Qu'y a-t-il de plus cool que de jouer "Midnight rambler" devant des dizaines de milliers de personnes chaque soirs quand on a 75 ans ?



En ce 19 octobre 2017, il s'agissait d'inaugurer l'U-Arena, la nouvelle grande salle parisienne. C'était leur 35ème concert parisien depuis leur première date à l'Olympia depuis 1964. Comme toujours, les places s'étaient arrachées en quelques minutes. C'est un public de 40 000 personnes allant de 7 à 77 ans csp +, où proliféraient de nombreuses crinière blanches (dignes de cheveux de riches), qui se mit à hurler les légendaires "HOU / HOU" de "Sympathy For the devil", quand les lumières s'éteignirent et que la scène s'illumina de rouge. Commencer par ce titre mythique, en voilà une très bonne idée pour embarquer le public d'entrée ! Le problème c'est que ça ne fonctionne pas !

Le son est approximatif, et si Mick Jagger se démène comme un beau diable, Keith Richards semble vraiment à la peine sur ce premier morceau. "Tumbling Dice" et "It's only Rock and Roll" pourraient être un super enchainement, mais elles sont elles-aussi flinguées par Richards, qui malgré son éternel look de vieux pirate, semble clairement frôler la date de péremption. A contre-temps, ralentissant le tempo, où parfois totalement absent, il plombe clairement les 2 reprises de blues qui suivront. Le massacre continuera avec deux chansons qu'on adore. C'est dire si l'on a souffert devant les versions approximatives de "Under my Thumb" et de "Let's spend the night together", sur lesquelles on n'entendait même plus la guitare de Richards.



A ce moment du concert, on se dit que les Stones en 2017 ont un problème et que ce problème se nomme Keith Richards ! C'est un constat qui fait mal pour les fans que nous sommes, et qui semble signer l'acte de décès du groupe... Mais c'est sans compter sur Mick Jagger et Ron Wood... Ils reprennent la barre sur "You can't Always get what you want" et une énorme version de "Paint it Black" qui fait l'effet d'un défibrillateur sur ce concert... Jagger, qui ne semble pas avoir vieilli depuis 1990, inonde alors la scène de son charisme et de sa présence. Ron Wood s'adjuge désormais tous les solos et, tel un auxiliaire de vie, et encadre sérieusement Richards sur les riffs de "Honky tonk women". Clairement, le concert commence à tenir enfin ses promesses. C'est donc avec un peu d'inquiétude qu'on voit arriver le traditionnel quart d'heure ou Keith chante ses deux titres. Alors que le concert décollait enfin, il ne faudrait pas que le vieux flibustier brise ce nouvel élan. Après un "Happy" en mode minimum syndical, il livrera contre toute attente une très bonne version de "Sleeping away"...



La scène s'illumine alors de néons flashy en 3D alors que la basse métronomique de Darryl Jones se met en marche pour une excellente version du funky "Miss You", repris en cœur par tout le public, sur lequel Jagger minaude avec le talent qu'on lui connait, tel un James Brown blanc sur un dance floor. Les riffs bruts de "Midnight Rambler" retentissent alors que Jagger rappelle à l'assemblée qu'en plus d'être un chanteur, il est aussi un redoutable harmoniciste. C'est une version tonitruante à laquelle nous avons droit, avec des crescendos, de longs breaks et des accélérations de tempos qui emportent un public se laissant maintenant clairement embarquer avec délectation.

Les Stones ont enfin atteint leur vitesse de croisière et sortent l'artilllerie lourde pour porter l'estocade avec de très bonnes versions de "Street fighting man", "Start me up", "Brown Sugar" et "Jumping Jack Flash" à un public qui a repris de la vigueur. Après un court rappel, ils reviendront achever le public avec un "Gimme shelter" un poil décevant et un grand final sur "Satisfaction".



C'est donc un concert de 2 heures 15 en mode courant alternatif qui nous a été offert ce soir. Capable du pire comme du meilleur, les Stones auront quand même réussi à nous embarquer de belle manière avec eux sur la deuxième partie de ce concert. Vu l'état de Richards, il semble peu probable que les pierres qui roulent reviennent pour une nouvelle tournée. C'est donc à la fin d'une époque, et au crépuscule d'un mythe auxquels nous avons assisté en ce 19 octobre 2017. Sans les Stones, le rock ne sera alors plus qu'un souvenir ou un exercice de style, car les Rolling Stones sont le rock depuis 1962...



Setlist :

Sympathy for the Devil
It's Only Rock 'n' Roll (But I Like It)
Tumbling Dice
Just Your Fool (reprise de Buddy Johnson and His Orchestra)
Ride 'Em on Down (reprise de Jimmy Reed)
Under My Thumb
Let's Spend the Night Together
You Can't Always Get What You Want
Paint It Black
Honky Tonk Women
Happy
Slipping Away
Miss You
Midnight Rambler
Street Fighting Man
Start Me Up
Brown Sugar
Jumpin' Jack Flash

rappel:
Gimme Shelter
(I Can't Get No) Satisfaction

Photos : Manu Wino manuwino.com www.facebook.com/manuwino

> Réponse le 23 octobre 2017, par Paskal Larsen

"Le rock ne fait plus peur, le rock est en 2017 comme un arbre vidé de sa sève. Il ne bourgeonne plus, il se contente d'exister au prix d'un show business formaté." Je ne suis pas d'accord avec cette remarque. J'ai 52 ans, et à Paris dans les petites salles (Espace B, Olympic Café, La Mécanique Ondulatoire, La Maroquinerie, La Station, Le Point Ephémère... ) il y a de bons concerts de rock avec des jeunes groupes énergiques. Ainsi en septembre/octobre 2017 (pour ne pas étendre ma liste) j'ai assisté à d'excellentes prestations de Omni, Magic Shoppe, Jacco Gardner, Vanishing Twins, Minami Deutsch, Matias Aguayo et demain soir je vais voir The Dream Syndicate. En 2017, le rock se passe dans des petites salles. C'est là qu'on a un contact direct avec le groupe, que l'on peut retrouver à la...  La suite | Réagir

> Réponse le 24 octobre 2017, par jal

[amboise - 19 octobre 2017] Aahhhh, la critique est facile... J'ai l'impression que tu es aigri et que tu jalouses ces années rock... Cela dit, si tu préfères les chialeuses d'aujourd'hui, les tv realités, les the voice etc etc c'est ton droit ! Mais je pense que la sève rock est encore bien vivante.....   Réagir

> Réponse le 26 octobre 2017, par manureva56

[u arena - 22 octobre 2017] Quel pied... premier concert des Stones et vraiment envouté par ce mythe vivant que sont les Rolling Stones. Les Stones sont avec U2 le plus grand groupe de rock au monde... rien que cela fait déplacer les foules, de tout âge, de touts horizons... Peu importe les petites sorties de route, les fausses notes, les petits loupés, assumés, on est bien en live et c'est cela le rock'n roll... et des larmes à la fin du concert en se disant que c'était la première et la dernière. Merci MICK, KEITH, RON, CHARLIE et tous ceux qui m'ont amené tout droit vers un rêve éveillé !   Réagir

> Réponse le 15 novembre 2017, par Gil

Bonjour ! Je partage complètement cette analyse du concert des RS du 19 octobre. Tout d'abord pour que les choses soient bien claires je tiens à préciser qu'il s'agissait pour moi du 53ème concert des Rolling Stones auquel j'assistais (1er Bruxelles en 1973 et dernier Trabendo en 2012). Je peux donc estimer avoir une petite expérience de leurs prestations scéniques. Les plantages à la guitare de Richards, les erreurs de couplet de Jagger, les fausses notes de Wood, la perfection de Taylor (et oui en 73 il était là) la justesse de Watts, tout ça je l'ai vu à de nombreuses reprises mais les concerts restaient exceptionnels. Là le 19 pour moi ce n'était plus les Stones tels que je les ai connus et aimés depuis toutes ces années. A leur corps défendant l'acoustique était très mauvaise (je...  La suite | Réagir

> Réponse le 15 novembre 2017, par Yann44

Son trop fort et de mauvaise qualité... Cette salle n'est pas adaptée pour accueillir un groupe aussi prestigieux que les Rolling Stones. Le 18 octobre, j'étais placé à la porte 412, c'est à dire face à la scène mais au fond de la salle. Son beaucoup trop fort, saturé avec de nombreux échos. J'ai encore des acouphènes. Les gérants de cette salle m'ont affirmé que le niveau sonore ne dépassait pas 100 dB alors que le niveau maxi autorisé est de 105 dB. Le son était manifestement trop fort et les gens se plaignaient autour de moi. Ils se moquent de nous. Ils méritent une sanction et je vais faire le nécessaire pour qu'elle soit appliquée avec dommages et intérêt (prix des places). Et j'encourage toutes les personnes mécontentes du niveau sonore trop élevé à en faire de même...   La suite | Réagir


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