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Chronique de Concert

Scorpions + Guano Apes

Scorpions + Guano Apes en concert

Arena - Montpellier 20 novembre 2011

Critique écrite le par

UNE VRAIE TOURNÉE D'ADIEU

Pour ouvrir cette soirée placée sous le signe des plus américains des allemands (j'ai nommé Scorpions), la première partie sera Guano Apes.
Ceux-là ont eu un parcours assez irrégulier depuis leur création voilà plus de vingt ans ! Après quelques années de séparation, ils se sont reformés, et même repartis en studio, avant d'être choisis pour assurer la tournée avec leur tête d'affiche. Autant vous dire qu'ils sont quelque peu attendus au tournant.
Et c'est sans prise de souffle que Sandra Nasic, la chanteuse, déboule sur scène en courant et criant "Start to rock ‘n' roll !" Les guitares démarrent ; c'est parti. Il est 18h30 !



D'énormes lettres capitales au nom du groupe sont suspendues en fond de scène, au cas où les milliers de quadra venus ce soir ne sauraient pas qui sont ces jeunots qui sautent dans tous les sens et font du bruit sur des rythmes à la limite du grunge et du hardcore. Parce que Guano Apes c'est ça. Enfin... c'était ça.... Parce que là, franchement, on en est déjà au troisième morceau et j'ai toujours pas eu envie de headbanguer une seule fois.



Moulée dans sa jupette à paillettes, Sandra tape dans les mains de quelques fans au premier rang (qui, s'ils continuent comme ça, finiront par cracher leurs poumons tant ils sont comprimés sur les crashs barrières), et semble avoir laissé le baggy-basket hardcoreux au vestiaire. Dommage, mais peut-être le maître mot de la tournée était-il "Glam"...



Il faudra attendre leur masterpiece absolu Open Your Eyes, pour qu'enfin les grosses guitares éclatent et que le public commence à se secouer.



"I wanna see you dance !!" Mais ça non plus n'entraîne pas le public, trop statique et trop en attente d'autre chose. Et ce ne sont pas toutes les acrobaties de la chanteuse qui y changeront quoi que ce soit.
Même les écrans géants flanqués de chaque côté de la scène s'ennuient, et ont le même cadrage en plan large fixe depuis le début.

Avant le dernier morceau du set Big In Japan (un autre de leurs succès qui donne envie de jumper), Sandra Nasic repère un gars dans le public qui s'est déguisé en mec de Kiss (j'imagine avec perruque et grand renfort de maquillage).
Tout est là... On a très nettement une sensation de "pas au bon endroit, pas avec le bon public". Pour ma part, c'est un rendez-vous raté qui aurait mérité mieux, parce que normalement y'a du bon No Doubt des débuts dans ce groupe, et rien de tel pour chauffer l'ambiance.



Mais il faudra me croire lorsque je vous dirai que c'est le petit interlude musical pendant le changement de set qui a rempli le rôle de chauffeur de salle !
AC/DC, Metallica, et d'autres de la même veine. Le public chante en cœur les refrains des morceaux. Une ola démarre même, et c'est super chouette parce qu'on ne voit pas ça à tous les concerts ; sauf ceux réservés à une certaine génération de rockers, dirons-nous...

SCORPIONS

Et les voilà donc enfin ceux pour qui nous nous sommes tous réunis aussi tôt en ce dimanche.
Nos gus arrivent près à en découdre, la foulée au pied. Mais à travers les cris de joie et les applaudissements de la foule, la première chose qu'on voit c'est le décor : des écrans géants dans tous les sens, sur les estrades des musiciens et trois en fond de scène. Ils ne sont que cinq, nos teutons, mais donnent l'impression d'occuper entièrement l'espace.



Rajoutez à cela une avancée scénique, sur laquelle les guitaristes vont et viennent pour trémousser leurs riffs devant le nez des premiers rangs, bras "extensionnés" le plus possible pour atteindre, Ô joie inimaginable, un bout de manche de guitare pointue, un bout de basket vernie ou une goutte de transpiration.
Le concert a tout juste commencé que déjà ils ne font que courir dans un sens et dans l'autre sur ce même bras de scène qui fend une partie du public. De ma place assise, j'imagine Sylvain (le photographe) qui doit s'éclater à les pourchasser avec son objectif tout là-bas devant, et se dire que le 10-22 mm est un bon choix finalement...

Bien ; maintenant accrochez-vous à vos claviers, je vais faire une annonce foudroyante. Dans trois ans, Scorpions tournera sur nos platines depuis cinquante ans !
Et trois ans, c'est le temps que s'est donné le groupe pour faire sa tournée mondiale actuelle, qui ne sera autre que la tournée d'adieu.

Alors ok, la formation a subi quelques changements à travers les décades, mais ces cinq-là se connaissent plus que bien, et comptent certainement profiter à fond de ces derniers longs mois sur les routes. Les gestes sont rodés eux aussi ; comme lorsque Klaus Meine balance (comme à son d'habitude) son tambourin sans regarder entre les pédales des grosses caisses de James Kottak, qui l'évite, continue à taper fort et chanter en même temps, alors que le bloc sur lequel est posée sa batterie se lève et descend au gré des humeurs !



Mais au fait, pourquoi avait-il un tambourin notre cher Klaus ? Et bien pour taper dessus...avec des baguettes. Et là, c'est la curée. Distribution de baguettes, comme autant de petits pains du temps de Jésus. Klaus donne des petits coups sur son tambourin deux secondes, histoire de, et les balance dans le public.
Un peu facile à mon goût, et surtout très merchandising...
Soudain, un léger couac dans la voix se fait entendre.
Apparemment, rien de grave ; sauf que ça recommence, et pas qu'une fois. Aïe.
Un peu de fatigue, on tire pas mal sur l'organe, et puis cinquante ans de carrière, vous vous souvenez ?
Bref, on pardonne et c'est déjà oublié.
Surtout qu'on a droit à une merveilleuse photo de famille sur l'avancée de la scène, avec les quatre guitares dans les pattes (Klaus en ayant chopé une qui trainait dans un coin). Bon, c'est un peu téléphoné, mais le public aime ça et Kottak ne tarde pas à les rejoindre avec un drapeau français qu'il dépose sur les épaules du chanteur. Puis chacun reprend son rôle et retourne à sa place.

Mais ça, c'était avant.
Avant que Schenker, le guitariste, ne se retourne vers son batteur et s'arrête net lorsqu'il voit que Kottak n'est pas à son poste.



Avant que, les mains au-dessus des yeux pour masquer la lumière des projecteurs, on s'aperçoive qu'il s'interroge sur ce qu'il se passe.
Avant que le morceau instrumental finisse et qu'un playback prenne le relais.
Pour l'instant on se demande si c'est une mise en scène ou un réel problème... (ils avaient fait ça au Hellfest en juin dernier ?....)
Piétinement. Départ en coulisse. Arrêt total de la musique. Réel problème !
Prochaine question : quoi ou qui ?
Annonce : interruption momentanée du concert car Klaus a très mal à la gorge.

Voilà un événement comme on en voit peu ; et c'est un moment terrible.
Le public siffle de mécontentement ou d'impatience, je ne sais pas, mais un drame est peut-être en train de se jouer en backstage, et je ne vois ici aucune compassion.
Seules deux alternatives possibles : être sage et raisonné avec un strepsils et au lit, ou honorer son statut de rock star et se flinguer les cordes vocales en remontant sur scène.
Les lumières ne se sont toujours pas rallumées dans la salle et dix minutes plus tard un gars du staff nous annonce que le spectacle reprend dans quelques minutes. Ça sera donc les cordes vocales.
A ce moment-là, je repense à toutes les fois où l'on rigole doucement lorsqu'un groupe annonce une tournée d'adieu. "Oui... avant la prochaine...", renchérit-on. Mais quelque chose me dit que pour Scorpions ça risque bien de l'être !

Chose promise, chose due, revoilà notre Klaus qui essaie de faire profil bas, et de redonner le sourire à tout le monde. "When the voice is not there is not a pleasure cause I want to sing for you.", nous dit-il. Et chanter, il va le faire, en commencant par Loving You Sunday Morning. Mais à chaque note désormais on sent qu'il tire sur sa voix et on a mal pour lui. Anyway, the show must go on, comme dirait l'autre.



Et lorsqu'il declare "Thank you for supporting us for so many years", même si c'est une petite phrase déjà toute faite et scriptée, elle retentie différemment à nos oreilles après ce à quoi on vient d'assister. The Best Is Yet To Come n'en est que plus poignante. Sur le refrain il fait chanter le public a capella tout en l'accompagnant (et on sent parfois qu'il va presque au bout de ce qu'il peut), micro au-dessus des têtes.
Sur Send Me An Angel, le groupe entier est au milieu de l'avancée, baigné de rouge, et d'une marée de bras qui se balancent. Kottak est aux maracas et au cajon, et l'aide au chant. Le public aussi est toujours sollicité pour pousser la chansonnette ; tout comme sur Holiday.

Les succès s'enchaînent, un peu trop, et on commence à soupçonner que la setlist sera peut-être raccourcie, ou du moins changée par rapport à ce qui était prévu.
Sur Raised On Rock les écrans géants diffusent de vieilles videos de fans, concerts et autres frasques backstage des débuts du groupe allemand...lointains débuts... nostalgie quand tu nous tiens...



Et puis, pour couper court à tous ces semblants larmoyants, arrive ce qui, pour ceux qui se sont un peu briefés sur le déroulé du concert, est redouté par les uns et est l'apogée pour les autres : un solo de batterie de cinq minutes !
Mais attention, nous parlons ici de Kottak. Spectacle garanti sans retenue, mais un minimum mis en scène.
Le gars a une pêche d'enfer, à gueuler sur tout le monde, à roter, à jongler avec ses baguettes, à s'exciter derrière son kit, à grimper sur ses grosses caisses.
Il nous balance à la figure "Three words : You. Kick. Ass". Et c'est même écrit sur son t-shirt, côté face, alors que côté pile est imprimé "rock ‘n' roll forever". Et lorsqu'il le retire, ce n'est que pour exhiber son propre tatouage qui reprend exactement les mêmes mots sur tout son dos !
Il a une dextérité impressionnante, et enchaîne les ra-de-onze en moulin (c'est possible ça ?) comme personne. Kottak Attack !



Les solos à rallonge c'est souvent chiant, mais quand James Kottak est aux commandes on pose les stylos et on profite du délire. Je n'en dirais pas autant de Matthias Jabs...

Pour Big City Nights, l'écran géant nous affiche des vues ultra saturées de New-York avec le mot "Montpellier" qui défile par-dessus en lettres rouges. Kitschissime ! Tout comme le stetson noir avec tête de mort pirate que Schenker sort d'on ne sait où. Les années 80 en ont marqué plus d'un... mais ça on le savait déjà.

L'heure du rappel est arrivée, et il ne se fait pas attendre plus de 1'30 minute. Pressé d'en finir ?
"Still loving you Montpellier !" (...je me demande bien ce qu'il va chanter maintenant....).
Petite remarque : de nos jours, sur un tel slow, on s'attendrait à voir tous les portables scintiller dans le noir, mais détrompez-vous ! Les petites flammes jaunes des briquets sont bien là pour faire de la concurrence.
Et vous savez quoi ?... c'est beau. Et ça manque.
Et les gens dodelinent lentement deux par deux. Un standard restera éternellement un standard.
Et les écrans géants s'éteignent sur deux amoureux du public qui s'embrassent.

Pour Wind Of Change, on garde la même config mais cette fois sur fond d'Histoire, avec des images de la chute du mur de Berlin qui collent aux paroles (et aux sifflotements) que ces anciens allemands de l'ouest ont offertes au monde en guise de symbole de paix.



Nouvelle distribution de baguettes pour marquer la fin du concert.... J'espère au moins que Kottak se les ai roulées sous les aisselles avant le set pour leur donner un minimum de valeur, autre que le prix qu'indiquent les étiquettes de la baguetterie du coin....

Pas de 2e rappel. Le public commence à partir avant même que les lumières sur scène s'éteignent et que le groupe quitte ses instruments. La setlist a pourtant été correcte.
Il est 21h15 à ma montre ! Fin brutale, avec un arrière-goût amer.
Assurément, ce ne fut pas le meilleur concert du groupe mais ils ont assurés jusqu'au bout leur boulot. On ne pourra pas le leur reprocher d'être pro (même si on apprendra plus tard que c'est au détriment de la date de Tours, qui est annulée).

Et pourtant, à la sortie, alors que chacun regagnait sa voiture pour rentrer gentiment chez soi, quelques petites notes sifflotées trainaient dans l'air. .. Wind Of Change....
Scorpions quitte la scène. Une page va se tourner, c'est sûr.

Setlist :
Sting In The Tail
Make It Real
Bad Boys Running Wild
The Zoo
Coast To Coast
Loving You Sunday Morning
The Best Is Yet To Come
Send Me An Angel
Holiday
Raised On Rock<
Tease Me Please Me
Dynamite
Black Out
Six String Sting
Big City Nights
---------------------------------------------------
Still Loving You
Wind Of Change
Rock You Like A Hurricane
A Alain.

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