Chronique de Concert
The Stranglers
(Encore et Toujours !)
Espace Julien (20 h + pleins des minutes) :
À peine arrivé, l'il de l'habitué scrute posément la scène en quête d'indices "personnels" à buts divinatoires affichés. Depuis quelques années, en effet, l'interrogation vivant en les tripes DU Fan "Hardcore" des Stranglers (posée pieusement aux pieds de l'éternel Rock, qui n'en peut mais) se pose toujours en ces mêmes termes : "Qui sera assis derrière la batterie du groupe, ce soir ?". Régulièrement rattrapé par ses nombreux excès passés - "on l'appelait l'"aspirateur"...", dixit le bassiste JJ Burnel - Jet Black peine de plus en plus à assurer de quotidien son emploi de frappeur de peaux à plein temps, de nos Britanniques racés. Depuis la lointaine 1974, en effet, le groupe écume les routes de longue et racle les guichets des salles de toutes obédiences : axé avant toute chose sur la qualité intrinsèque de ses multiples morceaux et albums, ainsi que sur une distillation réussie de cette fameuse "Énergie Noire" tant de fois vantée par ses sympathisants et détracteurs.
Des Meninblack passés par tous les états - succès, scandales, descentes aux enfers, errances, ou, noirs... oublis ! Si, si ! - avec, en guise de lien indéfectible tissé entre les diverses générations de Fans, celui qui les lie entre eux depuis le début... Justement ! Une symbiose mise à mal lors du départ polémique du pionnier Hugh Cornwell (guitare/voix) en 1990 - qui aura souvent fait le "grand écart", lui, entre le ciment originel et la bouillasse noirâtre de fin ! - soit, mais qui aura néanmoins retrouvé la totale plénitude de ses moyens lors de l'arrivée sur le devant de la scène de SON remplaçant attitré, le génial Baz Warne(2000)...
De toutes façons, le "son" si caractéristique du groupe se bâtit amplement autour de la BASSE de JJ Burnel et des claviers de Dave Greenfield : chose acquise depuis les lointaines origines de son "mal" et qui n'aura JAMAIS "bougé", varié, ni changé, depuis...
Comme le prouve d'ailleurs aisément Another Canden Afternoon : morceau instrumental inaugural du très bon Giants(02/2012) ; un dernier album qui se classe aisément au-dessus du panier "moyen" de la Ménagère Rock..
20 h + pleins des minutes ! (Encore plus que tout à l'heure, en fait, mais j'ai pas compté...) :
Extinction des feux et début obligé de la lancinante Waltzinblack : je me mets alors à onduler doucettement en rythme, malgré moi, alors que j'ai formellement juré (au cours des lointaines 70's) de ne jamais plus écouter quelque VALSE que ce soit, à la suite du dernier épisode de la piteuse série des Sissi Impératrice. (Burning /Met You !) D'emblée, le gars JJ s'empare du micro depuis toujours partagé avec ses divers acolytes, mais néanmoins mis entre parenthèses lors de l'entracte Paul Roberts (chant et gymnastique scénique : 1991/2006) : "Quelqu'un ne va pas tarder à t'écraser la tronche !". Avec ce fameux Sometimes, on va piocher fort loin et c'est tant mieux (enfin, pas loin de ce qu'ils ONT fait de mieux, en gros...). Comme c'est souvent le cas, c'est l'entrée des superbes nappes d'orgue de Dave Greenfield, qui lancent le Train Noir sur les rails, longeant au pas de charge les plaines dévastées et noircies de passé : des vagues de clavier lancées pour arrêter les vagues... de nostalgie qui se mettent soudainement à dégueuler de partout, tout autour, "façon" Tsunami...
Après cette belle entrée en matière, place au "partage" humain : "Merci d'avoir renoncé à Plus Belle La Vie pour nous, qui vous avons apporté un temps très Britannique, aujourd'hui ! Pour ceux qui ne savent pas lire ou qui sont aveugles, nous sommes les Stranglers ! Ce soir, comme vous pouvez le voir, Jet Black n'est pas à la batterie, c'est Ian Barnard, son dauphin officiel, qui le remplace. Jeta été hospitalisé depuis notre concert donné à Oxford.
Comme quoi, la prise de drogue suivie de deux bouteilles de vodka, par jour, ne donne pas forcément des gages de bonne santé !" (JJ Burnel). Une prise de parole crue du verbe, immédiatement suivie du fantastique Lowlands : morceau extrait de Giants(2012) qui pourrait néanmoins se glisser aisément au sein de n'importe quel album passé (réussi) du groupe - Rattus Norvegicus(1977), No More Heroes(1977), Black and White(1978), The Raven(1979), La Folie(1981), ou... Suite XVI(2006) ! - sans que cela ne dérange ni ne choque qui que ce soit. Par contre, j'suis vraiment le spectateur triquard "type", vu que je n'ai plus jamais réussi à croiser le gars Jet au coin d'une scène "Live", depuis la lointaine 1997 !
Place AU Riff de légende, désormais : guitare contre orgue, pulpe frottée contre tendons qui écrasent, le tout nanti d'un frisson primal qui fourmille au niveau du pubis, lorsque LA basse entre enfin : postée ici en guise de figure de proue destinée à mener fièrement le Drakkar Noir à l'autre bout des terres noires de légende... Sommet absolu ! Hanging Around, ma préf' à moi (donc) qui ne devrait jamais s'arrêter, ni disparaître, si ce monde était bien fait, le "temps de cerveau disponible" uniquement branché sur "Service de Qualité Minimum", et le retour des Boys Bands enterré (vivant) bien profond aux côtés des Jackson, Cloclo, ou Houston, de sinistre mémoire...
"I've been old, before my youth"... un ample bond en avant effectué avec brio vers les rives ocres et rêches de Suite XVI(Unbroken/2006) avant que JJ ne cesse de marteler sa basse de sourds coups de poings qui font saillir en rythme les veines de ses avant-bras épais comme une "résolution" de l'ONU (ou un mensonge présidentiel de plus...). Un clin d'il appuyé aux Stones, plus loin - Time Was Once On My Side ! - c'est le retour aux acoustiques espaces : l'incontournable Golden Brown, placée en pôle. Tout du long de celle-ci, le gars Baz semble encore et toujours être attendu au coin du "Hugh bois" par les Fans de toujours : un obstacle qu'il surmonte une nouvelle fois sans trembler (vocaux ET solo, compris).
À bien y regarder, on se croirait soudainement paumé au sein d'un "rush" oublié du célèbre Being John Malkovich, tellement il y a de "Baz Clones" qui luisent un peu partout du crâne, tout autour : chauves, ou rasés ET entièrement vêtus de noirs. Après la balade obligée (Strange Little Girl) destinée à voir nos muscles et souffle, se relâcher un brin, l'incontournable European Female trimbale ses boiseries "Made in Spanish" sur le devant de la scène : sans doutes en écho aux récents shows acoustiques donnés par eux en marge des tournées, depuis quatre ou cinq années- en mode "Étrangleurs", bien évidemment : secs sur cordes tendues et peaux qui claquent dru sous baguettes, très loin d'un putain de "Unplugged" lambda formaté, castré du rythme, de l'envie et de l'érotisme (à l'image du très conseillé TheMeninblackInBrugge (2009) ou du dernier "Bonus Live CD" accompagnant le récent Giants).
Comme me l'avait confié JJ, lors de son dernier passage en ce même lieu : "Nous avons eu du succès, pas le GRAND succès, mais suffisamment pour ne pas être corrompus, parce que le succès, "ça" corrompt. Nous avons donc eu la chance de pouvoir explorer plus que n'importe quel autre groupe, à l'époque : quand on écoute des morceaux comme Golden Brown, Peaches, ou Always The Sun, on ne dirait pas le même groupe... Non ?". C'est plus que manifeste à l'écoute du susdit Always The Sun, accueilli comme rarement par le public, ce soir ! Bon, ok, ça ne ressemble aucunement au groupe qui a pondu Something Better Change, Down In The Sewer, ou Nice N Sleazy, mais "ça" se laisse tout de même descendre comme un verre de rosé en plein été lorsque le blanc vient à manquer. De plus, elle est bien plus rêche et "présentable", en "Live", que sur production à la con des années 80... Rien à redire, donc. Sinon, que la suite (et fin) du show sera apocalyptique et dense, agressive et tendue, dépenaillée et "sentie", sertie d'envies et grands moments du passé qui sonnent encore et toujours comme aux premiers jours, ou... Presque !
Mon Rédac' chef invisible (du bureau ET du statut) venant de m'envoyer un mail me signifiant de "coller" au mieux à mon époque - sachant que l'Internaute moyen commence à paniquer au-delà des 976 signes heurtés du clavier ! - je me contenterais donc d'un court résumé des "épisodes à suivre", ceci afin que de boucler au mieux cet article virtuel de l'existence, euh, du support "physique", tout du moins...
La suite ne sera plus qu'une longue succession de morceaux hauts de gamme descendus pieds aux... pédales d'effets ! Sans jamais reculer, faiblir, retomber de la tension ou lâcher ne serait-ce qu'un court instant, la bataille pour le vit déclenchée d'envie il y a près de quarante lointaines années : Walk on By en tête, qui colle tellement à l'ADN du groupe - au derche et au blaze du sieur Baz : long solo inspiré, en sus, croisé de la corde d'avec l'orgue de maître Greenfield ! - qu'on en oublierait presque, qu'icelle est née de la plume experte du fameux duo : "Bacharach/David". Un morceau extrait du 45t alors glissé en guise de "bonus" au sein du troisième album du groupe (Black and White/1978) immédiatement enchaîné avec une nouveauté toute chaude de sortie : Once We were Giants... : un clin d'il manifestement adressé aux diverses dérives du monde moderne et qui fait écho au grandissime No More Heroes : désillusion, aidant, collant une nouvelle fois aux basques boueuses de notre petit monde branlant de l'empathie, indexé sur ego et soif inextinguible de pouvoir.
Voyant que l'antique Peaches n'a "audiblement" pas pris une ride (j'avais écrit un truc avec "peau de pêche", mais je n'ai pas osé la placer...) le groupe s'en va alors visiter les profondes entrailles de la Guilford création : 5 Minutes, Shut Up, No More Heroes et Something Better Change mettront successivement la salle à genoux pour le compte, sans avoir l'air d'y toucher ou de forcer outre mesure, nope. Si quelque chose doit effectivement "changer" et vivre (pour vivre ET survivre) lorgnons plutôt du côté de Paris, Bruxelles, Washington, Moscou, Londres, Dubaï ou Madrid, tout en ne cessant d'espérer qu'ils ne changent pas d'un iota, eux, nos MeninBlack à nous, sous peine de devoir se "manger" le mur sous peu... Définitivement !
C'est "officiellement" ici que ce récit s'achève, en termes de "Net", attention...
Maintenant, rien ne vous empêche de "pousser" un rien plus loin pour "rouler" jusqu'aux abords du stand "Rappel". Rien. Rien, on vous dit !
Histoire de faire baisser d'un ton la tension et les préludes d'un "Pogo" déclenché face à la scène, le JJ s'en revient un court temps échanger d'humour : "Vous avez été élue LA salle LA plus chaude de la tournée... Parce que vous n'avez pas l'air conditionné ! J'en aurais bien profité pour dire quelques bêtises/conneries au micro, mais, vu que vous êtes en pleine période électorale, elles ont déjà toutes été dites. Maintenant, vu depuis la tête d'un Anglais à moitié Français qui vous observe, je dirais que, vous qui avez aboli la Monarchie en 89', vous feriez mieux de revenir à la royauté ! D'avoir une Reine, quoi ! Au moins, elle, elle n'est pas obligée de dire ou promettre quoi que ce soit (qu'elle ne tiendra pas !) elle...". "C'est le moment de balancer quelque chose sur le Rugby Anglais, vu la pâtée qu'on vient de leur mettre avec nos clubs, ce weekend !", lui lance alors, en guise de réponse, un jeune homme bâti sous mèche, posté tout à côté...
Un court échange qui s'éteindra vite pour basculer sur un trio de haut vol : Goodbye Toulouse, Duchess et All Day and All Of The Night, avant que le quatuor ne s'en retourne définitivement vers le fond de la salle afin de basculer de las dans l'obscurité la plus totale ; tandis que pour nous, lumières revenues, aidant, il nous suffisait juste de dévisager la quasi-totalité des physionomies, alentour, pour bien comprendre que la soirée avait été en tout point excellente et aboutie.
Seule ombre au tableau, cette sensation de "manque" qui semblait devoir peu à peu revenir s'installer en nous pour raviver la flamme et petit à petit tout coloniser de foulée. En espérant que ce ne fut pas la "der des ders", le dernier assaut mené tout de go par le Tank Briton et ses fiers occupants tout noirs, bien évidemment...
Critique écrite le 19 avril 2012 par Jacques 2 Chabannes
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