Chronique de Concert
The Wave Chargers + The 5,6,7,8's
Je dois avouer - ça fera au moins marrer les Parisiens - que j'ai réalisé que c'était un bateau seulement en cherchant l'adresse du Petit Bain sur Google Maps. Après une déambulation très agréable sur les berges gauches de la Seine (largement piétonnisées et transformées en squat géant pour étudiants en goguette, amateurs d'arts martiaux, danseurs de tango et flâneurs/flirteurs de tout poil...), on atteint le splendide objet (bateau ? barge ? en tout cas, ça flotte !), qui combine trois niveaux : bar/resto/terrasse en haut, bar/dance floor au niveau du quai, bar/salle de concert en fond de cale. Voilà du mètre carré flottant triplement rentabilisé... et on ne risque pas de mourir de soif. Bien sûr le tout est très beau et accueillant : c'est un véritable petit coup de foudre que de découvrir la salle de concert qui se planque dans sa cale, d'où on voit la Seine par les hublots, et où trône une bouée/boule à facettes du plus bel effet. J'ajoute que les gens y sont sympas, le bar rapide et les tarifs même pas particulièrement assassins.
Hélas trois fois hélas, on a trop flâné à l'apéro avant de venir et on ne verra donc que quelques chansons de The Wave Chargers, locaux de l'étape (enfin je crois : des membres du public connaissaient leurs prénoms). 3 garçons et 1 fille, tous vêtus de la même chemisette bien tight, noire à liseré blanc, sont en train d'invoquer le démon Dick Dale avec élégance, en déchaînant un agréable enfer surf-garage dans une salle qui (heureusement qu'on est à Paname) n'est surchauffée qu'à 30 ° C environ (ce qui fait quand même 10 de plus que dehors...). Autant dire que le (sale con de) réveil qui m'a chopé à 4 heures ce matin pour attraper le premier (trouduc de) TGV à 5 heures, sont oubliés tous les deux instantanément... Une jolie salle, un groupe de rock qui pétarade et une bière fraîche, donc. Comme disent les vendeurs de saucisses à base d'eau, de saumure et de broyat d'anus de porc : ne passons pas à côté des choses simples !
Le chanteur (enfin, bien plus sollicité comme guitariste, on parle de surf quand même, un genre où la voix ne fait souvent qu'aboyer !) tout comme les autres, a une chouette présence. Ils jouent comme leurs costumes, bien serré et carré ! La thématique Tarantino est donc doublement convoquée ce soir : à l'écoute des très orthodoxes (dans leur genre) Wave Chargers, on pense évidemment au mythique thème Misirlou de Pulp Fiction, et on ne doute pas que la suite évoquera Kill Bill, vol.1 ! Leurs dernières chansons contiennent au moins 2 tubes potentiels, Tidal Jet et Crossfire (qui en plus comporte un saxophone sur disque, en faisant une vraie bombe à fragmentation) ! A revoir dès que possible. Ils ont en plus a l'amabilité de vendre un 45 tours, numéroté, avec mp3 inclus... et comportant 4 titres, pour 5 euros ! C'est peut-être un détail pour vous mais c'est pile le genre de choses qui nous donne envie de défendre un groupe, d'instinct !
En tête d'affiche, ce sont donc les "Faïv'sic'séveun'ayts from Tokyo, Japan !", comme les a présentée leur batteuse, au look de bibliothécaire sévère (chignon, lunettes). Voilà donc The 5,6,7,8's (les japonais aiment bien les noms de groupe marrants, c'est un fait), un temps satellisées par leur apparition dans le film déjà cité, au moment où Uma "The Bride" Thurman taillait littéralement en pièces une armée de yakuzas avec son sabre. Les deux chansons qu'on voyait dans le film étaient joyeusement crétines et le seront encore ce soir : Doo Da Doo et Woo Hoo (...titres non contractuels) fonctionnent évidemment très bien sur scène ! Le look de ces dames (manifestement toutes les quatre d'origine, car elles ont l'air d'avoir quelques heures de vol depuis leur dernière séance photo...) est lui aussi soigneusement étudié : tailleurs jaune tendre, talons hauts pour tout le monde, plus une danseuse délurée qui a eu le droit de revêtir une robe pailletée.
A défaut d'être aussi canon que les 54 Nude Honeys, elles sont donc très plaisantes à regarder (propos à nuancer quand même pour la petite chanteuse, vraiment mimi et avec un truc totalement sexy dans le regard...). Musicalement, c'est joué nettement moins au clic que les précédents, ça hésite un peu entre les titres, on se réaccorde un peu souvent, certaines notes de guitare ne sont pas audibles malgré un joli son par ailleurs... Et la communication en anglais avec l'Ingé'son donne des moments assez cocasses - pas facile de se comprendre ! En tout cas leur registre est assez varié, partant d'un début calme pour aboutir à du surf rock pétaradant avec danseuse en folie, en passant par une rumba sensuelle (Three Cool Cats?), ou un super rockabilly qui semblait parler avec insistance de ... caca (à la réflexion je pense que c'était juste une assonance malheureuse).
La danseuse a pu elle aussi pousser la chansonnette vers la fin, et sa petite voix asiatico-hystérique nous a carrément emmené au Japon d'un coup ! Par ailleurs c'est la seule qui parlait un peu le français... et qui nous a expliqué comment chanter (et danser !) le Baracuda avec elle, déclenchant un tel enthousiasme dans le public que j'ai cru sentir le Petit Bain tanguer... J'ai par contre raté une partie du rappel parce que je papotais avec le chanteur de mes chers Frustration, croisé par hasard - il venait d'apprendre qu'il jouait à Rock en Seine en août, et se demandait si c'était vraiment une bonne idée. J'ai essayé de lui expliquer que oui mais il n'a pas eu l'air de me croire, disons que ce sera à vérifier avec eux sur place... Pendant ce temps, les 5,6,7,8's finissaient leur set, que je suis redescendu applaudir chaleureusement comme tout le monde dans la fosse. Elles avaient l'air toutes contentes d'une soirée qui a du être assez exotique pour elles aussi !
Le retour à la fraîche et à moitié bourré, sur les quais toujours très animés et sans la pluie annoncée, a évidemment été très agréable lui aussi. Paris sera toujours Paris...
Photos The Wave Chargers : Christophe CRENEL
Euuh... j'ai vu un photographe pro et plusieurs amateurs. Quelqu'un veut montrer le résultat SVP ?
Critique écrite le 28 juin 2017 par Philippe
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