Chronique de Concert
The White Stripes + The Von Bondies (White Blood Cells Tour 2001)
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 2 décembre 2001
Critique écrite le 12 février 2021 par Pierre Andrieu
The Von Bondies
Ladies and gentlemen, please welcome on stage The Von Bondies, from Detroit, un combo choisi par les White Stripes, qui essayent de faire profiter le reste de la scène de Détroit des retombées de leur succès naissant. Après avoir enregistré dans son grenier la compilation "The Sympathetic sounds of Detroit", Jack White a décidé d'emmener dans ses valises les Von Bondies, un autre groupe du Michigan, pour qu'ils assurent la promo des titres de leur jouissif premier disque, "Lack of Communication". Merci de nous avoir permis de découvrir cet incroyable bande de tarés ! Petit descriptif de la troupe, car elle le vaut bien. Tout d'abord, il y a le sosie du tennisman Michaël Chang, Don Blum, qui officie à la batterie. Le mec cogne comme Jackie Chan sur ses fûts : il semble toujours à deux doigts de crever ses peaux ! A sa droite, Carrie Smith, une bassiste aussi charmante que souriante, délivre des lignes de basse basiques avec un épatant son garage. Au centre de la scène, le chanteur bien énervé Jason Stollsteimer, qui arbore une belle mèche sur le côté, vocifére tout à loisir et joue de la guitare en son clair avec beaucoup de reverb. On se croirait dans les fifties, car, en plus, le fier à bras chante parfois comme un certain Elvis Presley. Et le meilleur pour la fin : Marcie Bolen, une guitariste ressemblant à un mix entre Wonder Woman, pour le foulard dans les cheveux longs, et les héroïnes de Russ Meyer, pour l'attitude hautaine et dominatrice. Voilà, les présentations sont faites, on peut commencer...
La musique des Von Bondies est une sorte de garage rock échappé des années 50 ; l'effet est particulièrement rafraîchissant, chaque titre étant balancé avec une conviction juvénile. On remarque immédiatement que "Wonder Woman" décoche de petits riffs en exécutant des chorégraphies sexy sur ses talons hauts. Au bout de 25 minutes d'un show proprement incendiaire, le hurleur en chef finit à genoux et commence à hurler méchamment en direction des loges. Qu'est ce qu'il veut ? Qu'on monte le son ? C'est déjà assez fort ! Boire un coup ? C'est vrai qu'à force du gueuler comme le chanteur des Cramps, ça doit donner soif... C'est Jack White en personne qui vient abreuver tous les membres du groupe en plein milieu du morceau. Ce n'est pas vraiment une attitude de star, le gars semble avoir encore beaucoup de choses à apprendre à ce niveau-là. Voilà comment on doit procéder : premièrement, on bride le son de la première partie, deuxièmement, on ne lui dit pas bonjour, troisièmement, on ne monte jamais sur scène avec les minables qui ouvrent le show, il faut se faire désirer ! Au lieu de faire ce qui est prévu noir sur blanc dans la grande charte du star system moisi, Mister White répond positivement à l'invitation du chanteur qui lui tend sa guitare et usine immédiatement le riff dévastateur du titre en cours avec une énergie hallucinante. Puis le White Stripe en chef enchaîne par un solo bien déjanté et se met à chanter avec ses amis. Pour conclure sa prestation, le chanteur des Von Bondies se fait porter au milieu de la foule sur les épaules d'un membre du staff. Rock and roll ! On résume ? Un groupe excellent, une prestation originale et un final d'anthologie. Quel pauvre connard a déclaré que le rock 'n' roll était mort ? Lenny Kravitz ? Hahahahaha.
The White Stripes
A la pause, une personne avisée a la remarquable idée de passer l'album "Fun house" des Stooges. Tout le monde a le sourire aux lèvres, c'est le bonheur. Les roadies installent un drapeau de la ville de Détroit, Michigan. Le concert des White Stripes débute par "Fell in love with a girl", du punk rock garage à base de si, la, ré, mi etc. Oh yeah, ça comment fort ! Jack est en rouge, avec une ceinture blanche, Meg porte une robe rouge et un haut blanc. Elle n'a pas de chaussures, son attitude est semblable à celle de la guitariste des Von Bondies : dédaigneuse et concentrée. On dirait Betty Page ! Meg, veux-tu m'épouser ? Après le premier morceau, très sec, les Bandes Blanches enchaînent sans temps mort une dizaine de titres de leurs trois albums dont "Astro", "Jumble jumble" et "Cannon". Le son est puissant, les deux faux frère et sur jouent avec conviction en se regardant très souvent dans le blanc des yeux. Jack navigue de son micro en front de scène à un autre, situé en face de la batterie. Guitare + batterie, c'est très minimaliste mais génial ! Comme on peut parfaitement le voir depuis la mezzanine avec vue plongeante (et imprenable) sur la scène, Jack alterne les parties rythmiques et les solos en appuyant violemment sur l'une de ses trois pédales. Le son est cradingue, brut, tant et si bien qu'on pense à l'immense Jon Spencer Blues Explosion. Au cours du show, Jack White pousse sa voix dans ses derniers retranchements : il hurle, prend une voix chevrotante pour imiter ses idoles venues du blues, se met à parler puis finit presque muet. Ce monsieur ne s'économise pas. Décidément, la charte du show-business, il s'en tamponne allègrement le petit salaud (façon de parler, le mec étant grand et baraqué, comme on peut la constater un peu plus tard quand on le croise dans la salle) !
A la première mini pause, le duo est copieusement ovationné avant de repartir pied au plancher trois secondes plus tard, toujours à fond. Quand "Hotel Yorba" déboule dans les enceintes, le public devient encore plus surexcité, la version jouée ce soir étant trois fois plus puissante que sur l'album "White blood cells", déjà énorme. Puis, c'est "Dead leaves and the dirty ground" qui nous cloue au sol... Il faut que ce groupe sorte un live, tout de suite ! Jack change de guitare et saisit un bottleneck, c'est le moment de jouer du blues garage. Il est réellement doué pour ce style : on a immédiatement envie d'acheter tous les disques de Son House, Charly Patton et Blind Willie Mc Tell, ses héros. C'est ensuite au tour de "We're going to be friends" de nous faire du bien, c'est une chanson calme et délicieusement naïve qui rappelle immanquablement les chansons de Paul McCartney, vénéré chez les White. Un grand moment, accompagné par une petite guitare rythmique et un tambourin : la simplicité a du bon (quand on est inspiré) ! Sur certains titres joué en ce soir béni, Jack joue les intros sur un piano électrique, enchaîne à la guitare puis revient au piano. Les styles abordés sont multiples, le show est donc varié malgré le minimalisme de la formule du groupe. Peu loquace (mais aimable, on aura droit à quelques signes de la main de sa part en guise de salut vers les premiers rangs du haut de la salle), Jack nous déclare quand même que sa sur et lui remercient tout le monde d'être venu. Après 45 minutes très intenses, le groupe se casse ! Merde alors, on ne m'attendait pas à un concert de 3 heures mais quand même, là ça fait court ! Kick out the jam, motherfuckers ! Heureusement, les deux tourtereaux reviennent jouer un de leurs titres incomparables, un truc de dingue qui dure à peine deux minutes chrono. Puis, Jack laisse tomber sa guitare et prend ses jambes à son cou. 48 minutes de concert ! On aurait aimé entendre la reprise de "One more cup of coffee" de Robert Zimmerman, savourer le tube "I can't wait", assister à un autre morceau avec les Von Bondies, mais rien à dire, c'était tout de même mémorable. La preuve, à la fin du show le public reste hébété, complétement sonné par la déflagration infligée par les deux groupes hallucinants qui viennent de jouer en live.
Photo 1 : pochette intérieure de l'album "Lack Of Communication" des Von Bondies. Photo 2 : pochette du "Greatest Hits" des White Stripes, cliché pris par Pieter M. van Hattem (www.facebook.com/Pieter-M-van-Hattem-Photography) en 2001 à Détroit. Photo 3 : pochette de l'album "White Blood Cells" des White Stripes.
A lire également, des comptes-rendus de concerts des White Stripes en 2003 à Lyon et en 2004 à Paris, ainsi que la chronique du Greatest Hits du duo.
Liens : www.whitestripes.com, thirdmanrecords.com, www.facebook.com/thewhitestripes, www.instagram.com/thewhitestripes.
Critique écrite le 12 février 2021 par Pierre Andrieu
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