Chronique de Concert
Theo Crocker + Gaspard Baradel trio
Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 14 mars 2019
Critique écrite le 19 mars 2019 par Jérôme Justine
Mardi 14 mars, je couche les enfants avec un petit temesta pour qu'ils attendent patiemment le retour de leur mère (c'est une blague le temesta, n'appelez pas les sévices sociaux tout de suite !). Je saute dans mon bolide et enquille les 40 km qui me séparent de la Coopérative de Mai en respectant bien évidemment les 80 km/heure de rigueur !!! 20 minutes après, je me gare à proximité de la salle de spectacle clermontoise. Il y a bien de la place ce soir sur les parkings, me serai-je trompé de jour ? J'en suis capable. Arrivé à la porte de la salle, quelques notes filtrant me laissent à penser que je ne me suis point égaré (elle est chouette cette phrase !). Un petit bonjour à la sécu et hop en salle. Bon, ben il n'y a pas grand monde, plus de jeunes que de cheveux gris pour une fois, ce devrait être bon signe dans cette brave ville où souvent la qualité des concerts est inversement proportionnelle au nombre de spectateurs. Des noms ? non !!!!
Gaspard Baradel trio
Le premier groupe, première partie de la soirée est déjà sur scène. Le Gaspard Baradel trio, groupe composé autour du saxophoniste et compositeur clermontois du même nom assure déjà grave lorsque je parviens sans aucune difficulté à me propulser jusqu'au devant de la scène. Ce trio formé de Gaspard Baradel au sax, Antoine Bacherot aux claviers et de Josselin Hazard à la batterie, nous prouve que notre bonne ville de Clermont-Ferrand recèle quelques pépites capables de faire autre chose que de la pop dépressive ou du folk neurasthénique. Développant un jazz moderne, incantatoire, parfois planant, autour d'ambiances lumineuses d'un rouge sabbatique, Gaspard Baradel propose des compositions longues, construites par épisodes nous emmenant loin dans des belles mélodies oniriques.
Ces thèmes montent et reviennent comme des successions de vagues et nous reposent au final sur la plage de son émotion. S'enchaînant sans aucune pose, les morceaux défilent nous portant d'ambiances telluriques à des moments nous invitant au stupre, à la paresse voire à la fornication, avec autour de cela une certaine ironie, un peu de cynisme peut-être aussi. Je regrette de n'avoir pu venir avec mon jeune batteur de fils. Quel dommage qu'il n'ait pu voir pratiquer ce magnifique batteur, pour qui chaque frappe, chaque instant semble engager tout son être. Un batteur qui nous rappelle que cet instrument n'est pas là que pour battre la mesure, mais est aussi un élément mélodique et visuel indispensable. En définitive, une très belle première partie, une très belle découverte (non, sérieux, ils sont vraiment de chez nous eux ?) qui justifie à elle seule de s'être déplacé en ce mardi soir.
Theo Crocker
Après un petit changement de plateau avec réaccordage du Steinway, un petit jus d'orange et un petit speech des organisateurs commun : Jazz à la Coopé et Jazz en Tête, arrive su scène le jeune quartet de Theo Crocker. Ce jeune trompettiste est accompagné de Eric Wheeler à la contrebasse, der Michael King aux claviers et de Michael Ode à la batterie et aux percussions. Autour d'un son de trompette suave comme un bon Whisky légèrement fumé, Theo Crocker, mélange de rasta chic et de pharaon contemporain nous emmène dans un jazz mélangeant allègrement les influences urbaines et les racines africaines. Parfois flirtant avec un jazz rock digne des années 70, parfois se rapprochant des racines ragtimes, ce quartet propose autour d'un batteur efficace brassant des influences afro-caribéennes, des sonorités orageuses, des grondements urbains et d'un pianiste massive faisant corps sur son instrument, le maltraitant parfois dans des étreintes farouches, un jazz dans lequel les multiples influences reconnaissables sont parfaitement maîtrisées, digérées.
Theo Crocker en maître de cérémonie lance le thème, se pose sur le bord de scène, laisse évoluer ses compagnons et revient pour lancer des solos riches et inspirés. Sonnant parfois comme du Miles Davis, celui qui dit aimer les femmes françaises nous offre la primeur de nouveaux morceaux qui apparaîtront sur le prochain album qui sortira au mois de mai. Une grande classe, de belles émotions digne des plus grands, une belle spiritualité en cette soirée. "Jah is always there !" dit Théo, je ne sais pas si le Dieu Rasta était là en ce mardi soir, par contre je suis certain que la relève du jazz était bien présent et qu'une fois de plus on peut remercier Stéphane Mikaelian de cette belle programmation et dire à ceux qui ne sont pas venus : "tant pis pour vous !"
Photos : Yann Cabello www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...
Critique écrite le 19 mars 2019 par Jérôme Justine
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