Chronique de Concert
Thomas Fersen
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 8 décembre 2005
Critique écrite le 23 décembre 2005 par Pierre Andrieu
Loin dans le cosmos...
Le tour de chant proposé à la Coopérative de Mai par Thomas Fersen n'a pas vraiment rassuré sur la santé mentale de celui qui se prend désormais pour une sorte de rocker dandy habillé comme Malcolm McDowell dans le subversif film Orange Mécanique (rien que ça... ). Va-t-il falloir réclamer un internement avec camisole de force et tout le toutim pour M. Fersen, récent auteur du très bon Le pavillon des fous ? Il est permis de se poser sérieusement la question en assistant au spectacle 2005/2006 de cet artiste iconoclaste aimant pousser le bouchon un peu loin (jusqu'à la folie ?). Mais c'est sans doute ce petit grain de folie qui rend captivante la galerie de portraits bien barrés que dessine l'hurluberlu sur cette nouvelle tournée ; on se sent en famille, en présence d'un fou se baladant loin, très loin, dans son cosmos personnel... pour le moins inhabituel.
Thomas fait son intéressant...
L'entrée en scène du chanteur et de sa bande d'allumés se fait sous des lumières superbement étranges et derrière un rideau laissant deviner la troupe de musiciens en train de jouer le morceau Cosmos... Le rideau tombe au moment exact où M. Fersen exécute un solo de guitare sur une Gibson noire plus habituée à hurler dans des cercles rock que dans ceux estampillés "Chanson française". Voilà, c'est parti, le déconcertant (autant que réjouissant) Thomas commence à faire son intéressant sous des éclairages blancs d'hôpital psychiatrique ; il est habillé avec un chapeau melon, une cravate et un accoutrement très british évoquant l'univers glaçant d'un des chefs d'oeuvre de Stanley Kubrick, le terrifiant Orange Mécanique. Les fidèles compagnons de route du nouveau fou chantant sont, eux aussi, affublés de tenues improbables ; la palme revenant à l'accordéoniste habillé comme Ali Baba et ses quarante voleurs, ou un fakir. C'est au choix. La mise en scène et les éclairages sont originaux et travaillés, il n'est donc pas bien difficile de se glisser dans l'univers d'un spectacle faisant la part belle aux morceaux extraits du Pavillon des fous et de son prédécesseur, Pièce montée des grands jours. Pas nostalgique pour un sou le Monsieur : très peu de "vieilles" chansons (Bucéphale, Les malheurs du lion, Monsieur, La chauve souris) seront jouées, sans doute dans le but louable de maintenir une cohérence dans le set. Malgré son refus - poli - de jouer au juke box humain, et ses excentricités, Fersen ne déboussole pas son public, visiblement habitué aux habitudes schizophrènes de son chouchou. De toute façon, les nouveaux morceaux sont déjà connus par cur par la salle entière ; le public France Inter/Télérama, s'il peut être énervant parfois, a néanmoins le grand mérite d'être fidèle et chaleureux.
Et l'on voit trente six chandelles.
Immédiatement, les sympathiques troubles mentaux du maître de cérémonie se manifestent : notre homme souffre de dédoublement de la personnalité. Il se prend pour le leader d'un groupe de rock ; au hasard, les Clash, un des groupes qu'il affectionne particulièrement. Désormais, ce dangereux fou présente donc un concert beaucoup plus proche du rock que de la chanson française à papa : c'est en guitariste/chanteur d'un groupe soudé où chacun à sa place (et son moment de gloire, ce qui oblige à supporter quelques solos un poil trop longs) qu'il interprète son répertoire. Les spectateurs trépignent donc sur les sautillants Hyacinthe, l'histoire inquiétante d'un serial killer, Croque, Deux Pieds et Pégase, où Fersen se prend pour un papillon qui voit la mort en face. Puis, l'assistance se laisse attendrir par les poignants Ma rêveuse, Mon iguanodon, une chanson d'amour dédiée à cet animal, La chapelle de la joie et Maudie, qui est folle. Ensuite, le public s'esclaffe sur les drolatiques Zaza, où il parle à sa chienne, Mon macabre, où il s'adresse carrément à son squelette, Diane de Poitiers, Saint-Jean-du-Doigt et Pièce montée des grands jours. Tant et si bien qu'on finit par avoir Le tournis ; on voit double, on voit trouble, puis trente six chandelles... Ça tombe bien, c'est pour ça qu'on est venu.
Les dates de la tournée 2006 sont là, vous trouverez également des infos et des titres en écoute sur www.totoutard.com.
A lire également, une interview de Thomas Fersen datant de décembre 2003, des chroniques de concerts à Clermont-Fd et Bourges, ainsi que les critiques de ses derniers disques.
Critique écrite le 23 décembre 2005 par Pierre Andrieu
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