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Chronique de Concert

Toko

Le Reveil - Marseille 13 fevrier 2004

Critique écrite le par

Le Réveil, c'est quelques grammes de finesse implantés au milieu d'un monde de brutes. Car il est vrai que lorsqu'on se ballade rue d'Aubagne, en épiant tel un paranoïaque le moindre mouvement des passants, on a du mal à s'imaginer qu'au milieu de ce quartier plutôt "Hardcore" voire glauque, on peut trouver des salles de concerts aussi sympathiques qu'intimistes.



Ce soir, le Réveil accueillait le groupe Toko, une formation de jazz-manouche très inspirée Django Reinhardt et composée de quatre musicos plutôt balèzes, à savoir : aux guitares Lionnel Buzac (également, guitariste-chanteur-compositeur au sein du groupe Soma, chroniques de disque ici et de concert ) et Xavier Fernandès, Alexandre Taveau à la contre-basse et Patricia Chaylade au violon.



Le concert débute presque à l'heure dans une salle au tiers vide et dans une ambiance plutôt feutrée avec un petit medley de standards interprété par les deux guitaristes. Cette intro ne suffit pas à faire monter la pression et il faudra attendre les 3-4èmes morceaux pour que l'ambiance se réchauffe réellement. En fait, à mesure que les musiciens faisaient la démonstration de leur grande maîtrise technique, les spectateurs se mettaient à l'aise et commençaient à pousser des petits (et des gros) "Yes, Hi!!!", "Yeeeeaaaaahhhhhhh !!!!" et autres "Youhou" et "Yi-ha !".



Les musiciens enchaînent les morceaux techniques, alternant les reprises du maître Django et les compositions originiales. Ainsi se succèdent les classiques comme Douce Ambiance ou bien Stomping at Decca avec les créations aux titres souvent absurdes et grinçants à savoir Canicule (écrite l'été dernier...), Le déménagement (écrite lors du déménagement forcé d'Alexandre pour Paris : "Ohhhh !!!!"), La valche folle (et il n'y a pas de faute de frappe), La bourlingue, Les yeux rouges et les poumons qui saignent. Sur deux de ces compos, Xavier troque sa guitare pendant un temps contre une derbuka et les sonorités se font tout de suite plus arabisantes, les rythmes plus entraînants et plus marqués (en même temps, c'est logique, vu que le reste du temps, il n'y a pas de percu...). C'est à se demander si la formation ne devrait recruter un percussionniste pour donner encore plus d'ampleur à sa musique déjà totalement enivrante.



Mais le morceau certainement le plus ambitieux, le plus aboutit, le plus inspiré et le plus "tousketuveu" (mon préféré en gros) est celui qui porte leur nom : Toko. Ce morceau est à la fois très original et en même temps dans la lignée de la musique tsigane, un peu bolchévisante, avec une boucle entraînante qui revient encore et encore à un tempo de plus en plus démoniaque. Ca fait un peu penser à du kazatchok, mais en moins kitsch. Lors de la première exécution de ce morceau, le public, de plus en plus nombreux, est définitivement conquis et lors de la seconde (à la toute fin du second set),c'est carrément de la pure folie.



En tout, Toko réalise un premier set d'une petite heure, s'accorde une petite pause pour souffler un peu et surtout pour "re-régler les cagettes qui leur servent de guitare" (dixit Lionnel) et ils reviennent pour un second set d'une heure, plus chaud, plus speed, avec un public plus en jambe. Bref, le concert se termine dans une folie ambiante absolument géniale, le groupe rejoue des morceaux joués un peu plus tôt car les musiciens ont fait le tour de leur répertoire commun. Mais les gens en demandent toujours plus alors les musiciens s'exécutent, Xavier finira même le concert avec cinq cordes et ce, sur deux ou trois morceaux. Quand les musiciens quittent la scène, le public râle un petit moment car on aurait bien repris encore un petit coup de Toko, mais on sent les musiciens ravis de ménager un peu leurs doigts qui sont à se moment précis littéralement en feu.



Il ne serait pas très sympa de finir cette chronique sans parler de Patricia Chaylade la violoniste qui en jouant pratiquement tous les morceaux en improvisation, parvient à donner une ampleur exceptionnelle à cette formation. Son touché et son feeling font d'elle une musicienne hors pair, d'autant plus touchante qu'elle semble d'une grande timidité. Pas étonnant que Miossec ait fait appel à elle pour l'accompagner.



En conclusion, le Réveil, une salle à découvrir, très chaleureuse (avec des cahouètes gratos !!!), et Toko, un groupe à découvrir et redécouvrir encore et encore.

photos de Manoune & Dazuntski & Pirlouiiiit

 Critique écrite le 14 février 2004 par Ed Dazuntski


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