Chronique de Concert
Tracy Chapman + David Walter
L'Hémicycle est déjà bien rempli, la fosse où ont été installées des chaises est quasi-comble. La scène est, elle, occupée par une seule personne.
David Walters
Au moment où l'on prend place en haut de l'arène, David Walters exécute un rythme sur un instrument conique orange fluo, ponctué de pêches sur une cymbale ride. Aux percussions instrumentales, s'ajoutent des percussions vocales. Je ne sais pas depuis combien de temps le set a déjà commencé mais il semble qu'une complicité se soit déjà établie entre le public et l'artiste.
Assis, guitare à la main et pédales d'effets à ses pieds, il poursuit avec un titre dans une veine bossa nova sur lequel il alterne chant en créole, anglais et français. Il sample un refrain au cours du morceau, et le fait revenir chantant par dessus, donnant un effet de choeurs à plusieurs voix.
David Walters ne cache pas qu'il est heureux d'être là, lançant un "David Walters est en 1ère partie de Tracy Chapman" avant d'annoncer son prochain titre ça se passe bien entre vous et moi. Emporté par son enthousiasme, il se lance dans un question/réponse avec le public qui malgré sa meilleure volonté a du mal à fournir un écho à ses "raca-tacata-cataca". Il introduit le morceau suivant par un groove vocal dans le micro à la steal my kisses de Ben Harper.
David Walters attise le public par des "Istres est-ce que vous êtes là?", avant de lancer un beat sur lequel il se met à rapper debout, allant et venant sur la scène. Il stoppe et relance le beat accentuant le côté cadencé du morceau. Il occupe les silences en chantant des lignes de basse a capella. Lorsque le beat repart, il descend de scène pour chanter en se baladant dans le public.
Plus solennel sur le slam du cliché exotique écrit à l'occasion du 10 mai 2006, journée des mémoires de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions. Il enchaîne par un solo de percussions style Tambours du Bronx où chaque objet de la scène se met à résonner (j'ai du mal à dire s'il mime sur une bande son, ou si les sons sont réellement produits par chaque coup qu'il donne).
Les 2 morceaux suivants sont plus pop, agrémentés d'effets et de boucles sorties du sampler faisant resurgir des riffs de guitare.
21h20 David Walters reçoit une standing ovation. Les claquements des mains résonnent dans les arènes comme des gouttes de pluie sur de la tôle. L'homme orchestre, comme pour signifier qu'il n'est pas réellement seul sur scène, fait applaudir son ingénieur du son.
A peine le set terminé, 20 personnes s'activent sur scène pour la réaménager, la rendre propre d'un coup de serpière !
Presque une demi heure de passée, et une voix assez laconique annonce par les hauts-parleurs "Il est interdit de fumer, il est interdit de faire des photos". Le public s'impatiente et lance pour la troisième fois un "Tracy ta-ta-ta". Mais seuls les moustiques, de plus en plus nombreux, répondent au plébiscite. Une personne vient déposer un bouquet de fleurs sur le devant de la scène, alors que derrière moi fuse illico un "fayot !".
Les 2 videurs, tout droit sortis de la bande dessinée Litteul Kévin, installés sur des chaises au pieds de la scène, sont sur le qui-vive. 21h50 : précédée de ses musiciens (guitare, batterie, clavier), Tracy Chapman rentre sur scène sous une standing ovation.
Tracy Chapman
Jean et guitare folk à la main, elle ouvre le set avec un Say Hallelujah enjolivé par le motifs jazzy du guitariste Joe Gore, bien plus agréables que les larsens produits par le son saturé de la six-cordes électrique qu'il utilise sur le morceau suivant, Across The Lines. La voix de Tracy Champan est nickel (en fait comme sur ses albums), le son de la batterie aussi, par contre le volume des guitares est trop élevé et celui du clavier proche de zéro. Qu'importe les fans qui se trouvent dans la fosse ont l'air comblés, mais doivent contenir leur enthousiasme, rappelés à l'ordre par les 2 molosses qui leur signifient qu'il faut rester assis, d'un signe de la main.
Tracy Chapman, après avoir changé de guitare, comme entre chaque titre, annonce qu'elles interprètera des "old and new songs" : ce que tout le monde attend.
Dans une sobriété presque excessive (1 douche sur la chanteuse, lumière jaune, rouge ou bleu pour le reste de la scène), Tracy Chapman enchaîne Talk To You, Mountains O' Things et Change ne lâchant qu'un petit "Thank you" entre les titres. Face au groupe quasi-statique (quasi, si l'on tient compte du déplacement de Joe Gore pour passer derrière les claviers) s'oppose un public surexcité. Hélas, celui-ci semble moins réceptif lorsque la chanteuse parle de la famille Bush pour introduire Subcity. Et, je ne sais pas si c'est à cause de ce manque d'écho, mais cette allocution sera la dernière de la soirée. Sur ce titre Joe Gore alterne lignes de basse et accompagnements avec sa guitare. Interprétation de Be And Be Not Afraid avant que ne résonne les arpèges de The promise, moment un peu plus intimiste où batteur et guitariste ont pris congé. Depuis ma place dans les gradins, je vois la fosse s'illuminer des écrans verts des téléphones portables qui remplaçant quelque part la flamme des briquets.
Présentation du "wonderful band" (un vrai bassiste, n'aurait pas été de trop) avant de lancer Fast Car, et d'attendre les aboiements de nos videurs bienveillants. Joe Gore se lâche un peu sur Another sun se déplaçant à la Phil Collins dans I Can't Dance, exécutant des solos de bruits en son distordu. On le trouve assis pour la reprise de House of Rising Sun, adaptation intéressante à la guitare slide, et sans doute jouée différemment deux jours au Stade Vélédrome.
Un peu plus de décibels pour le tube Telling Stories ; une intro aux toms par Tracy Champan, style danse de la pluie, soutenue par des claquement de mains pour America.
Reprise de la guitare folk pour l'incontournable Talkin' Bout A Revolution, suivi par un public contraint de rester collé à sa chaise dans la fosse, s'il ne veut pas voir un agent de la sécurité lui fondre dessus, et qui accompagne la chanson en un fade out.
Give me one reason clôture le set un peu avant 23h20.
Quelques "hooo-ho-ho-hoo-hooo" et les musiciens réapparaissent sur scène pour interpréter un blues/rock des familles. Sur une grille de 3 accords, ils reprennent un Hound dog revisité d'Elvis Presley, seul véritable moment d'improvisation de la soirée, avec une pause au milieu du morceau pour tenir le spectateur en haleine avant de repartir de plus belle. Le tempo chute et les briquets s'enflamment avec Baby Can I Hold You, qui se termine sur les paroles "I love you" et auquel les fans répondent par "we love you too".
Il est 23h30 et cette fois c'est bel et bien la fin du concert, et le moment de tirer un bilan. 1h40 de concert, une présence oppressante de la sécurité, un son correct mais sans plus. Peu de variation par rapport à l'interprétation des enregistrements, pas de réelles émotions (j'avais lu des interprétations a capella de la chanteuse) et une mise en scène très épurée. Je conçois que pour les fans ce soit toujours un grand moment de voir son idole en vrai, mais pour les autres à quasi 40 euros la place on est en droit d'attendre beaucoup plus. Dommage parce que la première partie était beaucoup plus motivante.
Photos Dimitri
Critique écrite le 28 juillet 2006 par Fred
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