Chronique de Concert
Trio Kanenn Dahud (Jazz à St-Jean)
Préau proche du jardin public, Saint jean du doigt, Bretagne 18 août 2024
Critique écrite le 20 août 2024 par Pirlouiiiit
Ce week-end se tenait la première édition du festival Jazz à St-Jean. Ayant déjà beaucoup de chroniques sur le feu (que j'ai depuis fini) et pour garder un peu de temps pour faire autre chose comme de l'Alzan, pêcher des couteaux ou faire des murailles pour affronter la marée montante, nous ne sommes allés qu'au concert d'ouverture (chronique par ici) et à celui-ci, dont m'avait parlé Gildas quand nous l'avions vu au Bon Dieu Sans Confession (cf chronique par ici).
Si la plupart des concerts ont eu lieu à la salle Kasino, celui-ci a lieu presque dehors. Sous le préau de la maison à côté du petit jardin public. A notre arrivée (légèrement en retard sur l'horaire annoncé) nous trouvons une grande foule le jardin. Sous le préau, le trio semble à peine commencer à s'installer. Vu le nombre de personnes présentes, cette fois je m'assois vite sur une des chaises du premier rang. Il ne pleut pas et les enfants en profitent pour s'échapper avec un jeu de cartes et s'installent juste en face sur l'herbe sèche.
Gildas avec qui nous avons déjeuné à midi, nous a prévenu que le projet n'était pas tout à fait jazz. Il s'agit en fait d'un projet du (entre autres) violoniste Pierre Stephan avec un répertoire de morceaux construits à partir de ou inspirés de sons collectés au siècle dernier et que l'on retrouve sur le label Mouez Breizh par Hermann Wolf et son catalogue de plus de 300 références (sur 78t, 45t et 33T, et même quelques cassettes).
Le groupe se retrouve donc à s'installer et faire les balances devant un public plutôt attentif pendant que les organisateurs finissent de s'occuper des entrées. "ça n'a pas commencé vous pouvez continuer à parler entre vous" nous lance Gildas. Ce à quoi nous allons assister est le premier concert de ce trio composé de Nikolaz Cadoret à la harpe, Gildas Etevenard à la batterie et Pierre Stephan, après une résidence de 3 jours en avril (à la grande boutique - Langonnet), et quelques heures pour se rafraîchir la mémoire ce matin.
Avant le concert Anne Perrier la présidente de l'association Arthus Jazz nous présentera rapidement le trio et surtout Pierre qu'elle a connu par Le chemin des ânes, l'association avec laquelle il organise lui aussi des concerts. A son tour il nous parlera de ce Herman Wolf (le Vincent Moon d'avant) qui enregistré tout ce qui passait à portée de son micro de musical (noces, sonneurs dans la rue, églises, impros, concerts ...) et de tous ces bouts dont il s'est servi pour recomposer et improviser pour ce chant du dahu.
Pierre lance un premier sample à l'écoute duquel j'imagine les Frères Morvan dans leur cuisine et c'est parti ... Des samples il n'y en aura plus beaucoup d'audible et si je l'ai presque regretté au départ, je les oublierai très vite, tellement le trio saura nous capter dès le premier morceau joué d'ailleurs assez fort (alors que la batterie était pourtant en acoustique)
Des passages improvisés sans nul doute mais aussi des passages écrits si j'en juge par les moments où ils ont les yeux rivés à leurs notes ou partitions. J'avais un peu peur en voyant une harpe mais je dois avouer que Nikolaz m'a vite rassurée. Il a en effet une façon d'en jouer très particulière (il la caresse, lève souvent une jambe, il l'enlace, change les accords ...) et finalement elle sonne plus comme une guitare.
Après un premier morceau intitulé Lost (je crois) et un deuxième Endisparti (moins sûr) ils enchaineront avec un cantique (j'ai noté Lavarop en phonétique) sur lequel je manque de m'endormir de bien-être. C'est peut-être à ce moment-là que j'ai pensé à Alexei Aigui et son Ensemble 4'33 dont nous avons 2 très chouettes disques à la maison.
Au début quelques applaudissements au milieu des premiers morceaux (nous sommes à un festival de jazz ne l'oublions pas) et puis très vite une écoute quasi religieuse pour cette musique singulière, variée, inspirée, habitée, saisissante, ... tellement difficile à décrire et à écouter (en live de préférence).
Ne serait-ce que pour voir les grimaces de Pierre et les regards qu'il lance à Nikolaz, les déhanchements de ce dernier ou le jeu majestueux de Gildas. Sur le suivant inspiré d'une marche nuptiale par un couple de sonneur et le suivant, un morceau dont le titre se rapproche de Marec garetic (et qui a été repris par la grande harpiste Kristen Noguès) pour moi le concert atteindra un moment de grâce ...
Un de ces moments suspendus où on ne pense plus à rien, où tout semble avoir un sens, où tout est évident, où on ne pense plus aux mille choses qu'on a à faire au boulot, où la vie sur terre prend tout son sens. Bref un moment comme la musique live est capable d'en provoquer.
Gildas capable de jouer très fort ou tout en douceur (et qui me ferais presque aimer les balais), Pierre capable de jouer en défaisant son archer (première fois que je voyais cela), Nikolaz et ses chaussures rouges et ses solos ... beaucoup de grimaces comme je le disais. Une musique presque inquiétante comme peut l'être celle de Pink Floyd ou de Magma
Après une danse plin (intitulée Danse franche sur le label), la re-présentation des musiciens par Pierre ému par l'accueil et un petit mot de Anne sur la suite de la soirée, ils finiront par un dernier morceau Kanenn Dahud (qui a donné son nom au projet) plein de cloches et de sonorités étranges.
Leur salut sera accompagné d'un tonnerre d'applaudissement de la part d'un public qui semble avoir été aussi subjugué que je l'ai été. Merci à eux et aux organisateurs d'avoir repousser les frontières du jazz pour y faire entrer un tel projet. Projet qu'on espère revoir prochainement dans le sud !
Nous partirons sur un petit nuage (pour aller manger dans une nouvelle crêperie) laissant Gildas, Nikolaz et Pierre rejoindre les autres musiciens à la salle Kasino pour le dernier boeuf de ce bien joli festival. A l'année prochaine ?
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Critique écrite le 20 août 2024 par Pirlouiiiit
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