Chronique de Concert
Trisomie 21
Pénétration dans l'ex-salle à cancan. À l'intérieur, on y voit ces fameux imperméables verts, contenants des tourmentés hululants, ces engins tristounets qui enrageaient les punks de la première fournée, talibans de l'apparence comme n'importe quels autres talibans de la mode. Talibans tout court. Comme souvent dans les endroits branchés, le présent ressemble à s'y méprendre au passé. Beaucoup de monde. Assis dans un recoin, je mets les cheveux devant les yeux, et je contemple le parquet en remuant du crâne. Avec T21, c'est de circonstance. Petit discours plein d'hésitations du chanteur, parlant du temps, qui ne bouge pas malgré les rêves.
À travers le rideau de crin, je vois cependant la masse humaine réunie pour ce concert remonte-temps. Il pourrait être content, le César de salon, mais il se noie, dans la marée d'hominidés, il se noie, dans la solitude de sa douleur, il se noie, dans la tristesse et la rage, il se noie, dans la vague froide qui surgit sur scène pour recouvrir la fosse, il se noie, dans un gobelet en plastique...
On est lookés, j'espère que quelqu'un repérera mon t-shirt dellamorte dellamore, une âme sur ou frère de plus, sensible et maladroite. Mais seul Gin remarque, et je l'aime. Jeunes nostalgiques d'une époque qu'ils n'ont pas connue, en voila bien une de fête triste, le sépia teinte la foule en souvenirs envolés. Pour quelques secondes, ils rassemblent leurs poussières en fantômes balançants. Cette musique met l'ego sous cloche, afin de nous laisser contempler chacun le sien, une activité sclérosé et sclérosante, idéal pour les foutraques paralysés...
Le Norvégien (qui est là) enrage : les gens ne dansent pas, et regardent ses gesticulations avec du mépris minable dans leurs yeux chassieux de moitié-vivants. Pire, le bar ferme une demi-heure avant la fin du spectacle. Il est vingt-deux heures. On danse comme des mongoliens sur la dernière chanson, puis on s'en va. Ce concert était très bien, Eric, fan depuis trente ans, tout hébété de bonheur, confirme. On a toute les difficultés du monde à retenir le Norvégien de revenir tout casser. Non-consommateur d'alcool, je partage malgré tout son désir de razzia : je n'aime rien de plus que le chaos, la peur, et la mort. On ne se refait pas. Mais pour le coup, ce spectacle nouvelle vague-après-punk était la bande son idéale !
(Gros bisous à Dark Bébér !)
photos by Gina
Critique écrite le 18 novembre 2017 par Vv
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> Réponse le 20 novembre 2017, par Paskal Larsen
Je n'ai rien compris à cette chronique de concert. Je ne doit pas être assez dark. A par ça, le groupe était comment sur scène? Il a fait une bonne prestation? Les nouveaux titres étaient bien? En tout cas l'auteur c'est noyé dans sa rédaction. Réagir
> Réponse le 21 novembre 2017, par Vv
explication de texte de ma chronique de T21 à l'attention des mal entravants: Tout d'abord, l'auteur fait allusion à sa sclérose en plaque : il decide de ne pas prendre sa chaise roulante, et opte pour des béquilles. C'est bien mieux, car il se déplace avec moins de difficultés, malgré les gens indifférents. Avec ses amis et sa femme, il fait donc le voyage marseille-paname, pour se rendre à la machine, salle de concert située dans le célèbre moulin rouge. Il y a beaucoup de monde, aussi l'auteur ne peut pas aller plus loin que le bar, la salle etant en contrebas. Il jette un coup d'oeil à là scène : un bassiste et deux hommes aux machines, les fameux frères fondateurs du groupe T21. C'est un groupe culte des années 80, du genre qu'on appelait "new-wave" à l'époque. Ils font une... La suite | Réagir
> Réponse le 21 novembre 2017, par Philippe
Commentaire pour le moins pas très bienveillant... Chouette histoire bien au contraire, et en dehors de tout apitoiement que l'auteur ne demande d'ailleurs nullement, ne précisant pas son état (même s'il n'est pas difficile de deviner qu'il ne pète pas la forme ce soir-là...) On ne met jamais trop de soi dans une chronique ! L'histoire littéraire de ce sous-genre a prouvé que seules les chroniques suffisamment gonzo (c-a-d également un peu littéraires, par définition) résistent à l'épreuve du temps. Chacun ses goûts mais personnellement j'aime me sentir pendant quelques instants dans les pompes du rédacteur, même si c'est un jour où il est plutôt mal dedans. Bravo à VV ! Réagir
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