Accueil Chronique de concert TTC
Dimanche 22 décembre 2024 : 6843 concerts, 27255 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.

Chronique de Concert

TTC

Nouveau Casino, Paris 12 mars 2003

Critique écrite le par

Une soirée un peu spéciale hier au Nouveau Casino, pour une scène qui émerge enfin dans l'hexagone pour le dépasser, celle du hip-hop électronique.

Tout commence un peu après l'heure officielle (une habitude parisienne), laissant le temps de voir un public (plus jeune que pressenti) à deux tiers de dominantes masculine attendre paisiblement l'ouverture de la salle, tout en répondant à quelques sondages ici ou là, qui font penser qu'après tout, même les programmations alternatives ont bien le droit d'essayer de se structurer un peu dans la capitale.

C'est encore (pour l'instant) le type de concert où une notoriété encore relative du groupe permet à ses membres d'évoluer tranquillement dans le public, de se mêler au mix electro en première partie sans déclencher de réaction particulière, libérés du syndrome "TaVuSaTeteAlaTélé".

Tout commence donc par une phase DJ, qui mélangera pêle-mêle electro-clash, break-beat, dub, electro-pop et autres... Il y aura même (regrettablement à mon sens) un set de dance daubesque typique des dancefloors 90's (peut-être pour savoir si la conscience du public était éveillée ?). Bref... ils sont donc 4 à se relayer aux platines, glissant ça et là quelques remixes ès-TTC dans les playlists. En ce qui me concerne, je mise sur DJ Orgasmic (qui oeuvre depuis un moment déjà), et la découverte de Tekilatex (l'un des TTC) aux platines, qui balancera quelques sets du meilleur effet ! Un résultat au global plutôt sympa, car bien éloigné de l'archétype des mixes électros qu'on entend un peu partout actuellement. Certes, un peu condensé (certainement par manque de temps), mais il y a clairement des pistes fraîches explorées dans le style et le choix de tracks qui ne demandent qu'à s'étendre sur plus de temps pour toucher enfin un peu de fraîcheur dans un panorama electro actuel bien trop lisse...

Phase suivante, et c'est du plaisir, deux court-métrages qui rappellent l'âge d'or du rock alternatif en France ; on trouvait à l'époque ça et là ce genre d'initiatives dans les festivals dignes de ce nom. Là, en lieu et place des psychédéliques délires de plasticiens, se colle visuellement le décor d'une banlieue, balançant sur ses codes médiatiques et la jeunesse locale pour livrer la machine à une folie grimpante. Ca s'emballe - rapido - pour y accoupler le non-sens et l'extrapolation sous acides et muter en crise de rire : le public parisien à tendances (devenir ?) apathique se débride enfin !
Au passage, à la question "mais que se passe-t-il donc en banlieue ? hein ?" - si chère à nos journalistes et théoriciens bobos en manque de sensations à contre-courant - la réponse arrive peut-être enfin : "tout ce qui ne se passe plus" dans le confort de l'addiction du SMS-mail-loungy raffarinée ; la créa que le rock n'insuffle plus dans les salles de concerts, le dadaïsme que la techno des majors et autres labels d'Ibiza ont tué dans leurs prods à la chaîne bien trop commerciales pour être vivantes et consistantes. Comble de l'ironie, c'est de cet écran, et servis sur le mode "Pizza Hut" que les TTC entameront leur live, comme quoi on peut encore mixer du son, de l'image, et la réalité vraie pour nous surprendre dans une soirée : bravissimo aux TTC, qui mettent un soin particulier à éviter les "cuts" au niveau des transitions entre tous les intervenants sur scène ce soir là.

Voilà donc le plat de résistance, et je ne peux retenir une petite déception - péché de gourmandise un peu trop prématuré par rapport à l'ancienneté du groupe - on se retrouve en face d'une configuration hip hop type, à savoir un DJ et trois chanteurs. S'il y a quelque chose qui mériterait d'être approfondi, à mon humble avis, c'est un passage du mix au "pur" live dans le soutien musical, tant les tortures musicales de TTC sont intéressantes, riches et différentes. Le coté "bandes son" est certes le gage de l'efficacité (et il aura fallu "lutter" avec les responsables de la salle pour obtenir le volume nécessaire), mais je ne peux qu'imaginer toute l'ampleur supplémentaire qu'aurait un concert de ce type si le son était produit en direct... (façon Thomas D, qu'on attend toujours et encore à Paris).

Devant DJ Orgasmic, ès-"découpeur de fils de pute comme un chich-kebab", on trouve les trois TTC. Tido Berman, avec un faux air de Ben Harper, qu'on imagine tenir la tendance la plus littéraire des trois est relativement le moins expansif, mais pas le dernier à prendre du plaisir sur scène. Cuizinier, le plus hip hop des trois, s'agite dans une sortie de désert où il fait chaud, superposant un maillot de basket sur le reste de ses fringues, son tee-shirt sur la tête pour se protéger du soleil nocturne, naviguant en bonhomme un peu désarticulé et affichant une attitude déconnante, un peu destroy mais assez désabusée au finish. Enfin, Teki Latex dont physique rappelle François Hadji-Lazaro possède un flow impressionnant, qui enlève chaque composition du TTC comme une épice ultra-forte, de quoi scotcher sur place n'importe quel adepte de rap ultra-chiant en la matière : ce type a de l'avenir, ce type a de l'avenir devant lui.

Et là, comme sur disque, les lyrics sont autant de pépites d'intelligence, de confrontations de mots donnant naissance à du sens et du non-sens plein de sens, ça délire de tout coté en bonne proximité sur les planches, et on touche du doigt des choses qu'on n'avait plus rencontré depuis, par exemple, certains moments de la Mano Negra. On sent bien qu'on n'en est qu'au tout début, mais pourvu que ça dure, que ça chemine, car tout laisse à penser qu'il y a là un vrai potentiel, quelque chose qui peut prendre une ampleur qu'on espère et qu'on attendra dans les années à venir.

Pour se faire plaisir, les TTC auront amené avec eux quelques guests (dont "La Caution"), qui auront certainement parlé aux amateurs du genre, peut-être un peu moins à ceux qui aiment surtout cette spécificité qui fait de TTC un groupe hors-norme dans l'hexagone actuellement.

Bref, pour conclure, il y a là quatre étoiles en guise de notation "Concerts & Co", et si cinq étoile eussent été possibles... il y en aurait eu quatre quand même ;o) , car tout ceci ne demande qu'à grandir encore. Un bon moment en tout cas, à tarif alternatif (et ça, c'est aussi appréciable), pour jeter un oeil et découvrir un groupe qui a, je le crois, potentiellement quelque chose à faire, dire et amener à la scène musicale dans les années à venir !

 Critique écrite le 13 mars 2003 par Rotten


TTC : les dernières chroniques concerts

TTC, DJ Orgasmic, DJ Click, DJ Dolores par miss zou
Cabaret aléatoire - Marseille, le 19/01/2007
Alors voilà ... typique ... vous dites nonchalamment, comme ça, au détour d'une phrase, que vous allez voir TTC en concert à la Friche et là, pour peu que vos amis soient des psychorigides du rap et du hip hop, c'est le début de la fin !! Vous avez gagné le droit de participer à une discussion stérile du genre faux débat, avec des arguments... La suite

TTC + DJ Click + DJ Dolores par miss zou
Cabaret Aleatoire - Marseille, le 19/01/2007
Alors voilà ... typique ... vous dites nonchalamment, comme ça, au détour d'une phrase, que vous allez voir TTC en concert à la Friche et là, pour peu que vos amis soient des psychorigides du rap et du hip hop, c'est le début de la fin !! Vous avez gagné le droit de participer à une discussion stérile du genre faux débat, avec des... La suite

TTC par Zico
Roubaix Condition publique, le 01/01/2007
Un groupe - connu pour être atypique lors de sa création - qui est tombé dans tous les travers du star systeme de merde à l'image de son concert à Roubaix. Attente trop longue pour un concert vite fait bien fait et pas terrible ! Au final plus d'attente que de temps de concert... Par contre bien présent pour faire la promo de leur produit ; enfin... La suite

Modeselektor, TTC, Dizzee Rascal (Pantiero 2006) par Sami
Terrasse du palais des festivals, Cannes, le 17/08/2006
Deuxième soir du festival et sensiblement plus de monde que la veille à la même heure , et pour cause, le groupe prévu pour faire l'ouverture auraît très bien passer en dernier et il ne fallaît pas rater une miette du live très attendu des Berlinois de Modeselektor. Dès les premières mesures on est happé par le son énorme du duo star du label... La suite

Nouveau Casino, Paris : les dernières chroniques concerts

Clutch  en concert

Clutch par Lebonair
Nouveau Casino, Paris, le 20/06/2014
Avant son passage au festival Hellfest le lendemain à Clisson, le groupe de stoner rock blues américain Clutch est passé par la capitale en ce vendredi soir dans la salle du... La suite

the Gathering en concert

the Gathering par Lebonair
Nouveau Casino - Paris, le 28/11/2013
The Gathering est passé dans nos contrées en cette fin novembre notamment à Lyon,Strasbourg, Lille et à Paris dans la salle du Nouveau Casino quartier Oberkampf ce jeudi 28... La suite

The Congos en concert

The Congos par lol
le Nouveau Casino - Paris, le 16/07/2013
Le reggae Roots est une musique qui se marie avec l'été. C'est quand même plus sympa de voir les Congos sur scène en juillet que sous la neige en novembre. Idéalement , il... La suite

Girls Against Boys  en concert

Girls Against Boys par Lebonair
Le Nouveau Casino, Paris, le 14/05/2013
Le furieux groupe américain Girls Against Boys, combo culte de la scène punk noise rock des années 90, a effectué une tournée en France en mai afin de fêter le 20ème... La suite