Chronique de Concert
Mike Oldfield's Tubular Bells For Two - Aidan Roberts et Daniel Holdsworth
Ce 31 mai 2013, c'est une salle de La Cigale, à Paris, quasi remplie de gens, dont les rides et vêtements laissent penser qu'ils ne sont plus très loin de la retraite, qui attend dans un silence religieux, les deux fous qui animeront cette belle soirée. Pourquoi fous me direz-vous ? Voilà plusieurs raisons. La première c'est qu'il fallait être visionnaire pur penser qu'un concert se focalisant sur une seule uvre (culte certes) puisse rameuter les foules. Visionnaire peut-être, mais dans les limites du réalisme. Non, la véritable folie de ce projet réside dans la concrétisation. Car s'il subsiste de nombreux fans de l'uvre majeure de Mike Oldfield (Tubular bells) sur la planète, il fallait être fou de penser que les foules se déplaceraient pour voir l'uvre jouée en absence du maître en personne. De là à se permettre de faire jouer cette uvre écrite pour un orchestre entier par seulement deux musiciens, il fallait être "mental" comme disent nos amis british. C'est pourtant ce qu'on fait les deux australiens Aidan Roberts et Daniel Holdsworth avec "Tubular bells for two"...
Tubular bells for two est, comme toutes les bonnes idées, aussi simple que folle : deux musiciens jouent en live une uvre de 50 minutes en essayant de reproduire la matériel d'origine aussi limpidement que possible. Allons droit au but, le duo a brillamment relevé le défi et il a suffi de regarder les sourires des " vieux de la vieille" se dérider après 30 secondes, pour comprendre qu'on allait passer une soirée excellente. Les bonnes nouvelles se sont multipliées au fil des minutes. D'abord, rendons donc à Jules ce qui lui appartient, l'uvre en elle-même n'a pas pris une ride et sonne diablement intemporelle. La deuxième c'est que comme toute bonne uvre d'art, cette symphonie laisse libre court aux interprètes et que les musiciens ont su apporter " une patte" qui leur est propre. La troisième c'est qu'une fois de plus on a eu la preuve en live que rien ne pourra jamais tuer le spectacle vivant. Jouer cette uvre à deux c'est l'assurance de se mettre en danger et de ne jamais s'ennuyer sur scène et donc de garder le spectateur aguerri et attentif.
Oui, on a senti ce soir qu'il pouvait y avoir un gros pain à chaque instant, oui en voyant les musicienne sprinter entre les instruments disposés à chaque coin de scène on a cru assister à un vaudeville, mais c'est cette prise de risque, ce sentiment que tout pouvait arriver qui nous a donner le sentiment de voir enfin un vrai "live", pas un best of joué dans l'ordre en mode karaoké (cf : presque tous les concerts des groupes dont la moyenne d'âge dépasse 35 ans).
La salle conquise a explosé de joie à peine une seconde après la dernière note de guitare. Le défi fou que s'était imposés les deux "aussies" est pleinement réussi. On sent que leur show est rodé d'une main de maître et qu'ils prennent plaisir à l'exécuter. Le rappel généreux que nous ont accordés les showmen nous a un peu sorti de l'ambiance du disque, mais il distingue une générosité telle qu'on ne peut qu'apprécier. Ne ratez pas ces mecs-la si ils croisent votre route, et surtout n'hésitez pas à découvrir, voire à redécouvrir ce classique du rock progressif.
Liens : www.tubularbellsfortwo.com, www.facebook.com/tubularbellsfortwo...
Critique écrite le 15 juin 2013 par Monsieur Burnain
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