Accueil Chronique de concert U2 (The Joshua Tree Tour 2017)
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Chronique de Concert

U2 (The Joshua Tree Tour 2017)

U2 (The Joshua Tree Tour 2017) en concert

Stade de France - Paris 26 juillet 2017

Critique écrite le par



En ce mois de juillet 2017, U2 revenait au stade de France pour le 30ème anniversaire de leur album légendaire album "The Joshua tree". Si cet anniversaire était plus que réjouissant pour les fans, c'est aussi pour la société Live Nation, un excellent prétexte marketing pour relever les compteurs avec une nouvelle tournée des stades du groupe irlandais... L'industrie musicale a bien changé : depuis près de 15 ans, à la suite de l'apparition du MP3, les albums ne se vendent plus et les maisons de disques ne sont plus rentables. Elles n'investissent plus que sur des succès immédiats porteurs de rentabilité, et délaissent les groupes qu'il fallait accompagner et faire découvrir en multipliant les concerts pendant des mois, pour des raisons économiques évidentes. Elles sont contraintes de résilier et de réduire de manière drastique les contrats de leurs artistes, notamment ceux totalement démesurés des groupes de légende dont les nouveaux albums végètent dans les bacs des quelques disquaires qui n'ont pas encore mis la clé sous la porte.



Les mastodontes comme U2, qui ont vécu l'âge d'or du music business, et dont le train de vie faramineux est remis en cause par l'évolution du marché, n'ont donc d'autres choix que de tourner bien plus que par le passé car les concerts sont désormais leur principale source de revenus. Des sociétés comme Live Nation ont bien compris le phénomène et proposent des contrats juteux aux artistes de légende en contrepartie de l'organisation de tournées clé en main. La philanthropie n'étant pas l'apanage de ces sociétés, les principales conséquences de cette évolution ont été la réduction des budgets des shows et l'envol des prix des billets de concerts.

Un concert de U2 était par le passé (dans les années 80 et 90) un vrai événement populaire, avec de la ferveur et un public jeune et éclectique qui payait sa place entre 100 et 200 francs et qu'il fallait parfois convaincre. Depuis les années 2000 les groupes comme U2 ne jouent presque plus que dans des stades, devant un public CSP +++ tout acquis à leur cause, qui vient s'offrir pour 100 à 200 euros une part de légende qu'il pourra archiver dans le répertoire photo de son I-Phone et partager sur facebook et instagram, d'avantage que par une réelle passion pour la musique et le groupe... Le concert donné par U2 en ce 26 juillet 2017 était l'illustration parfaite de ce phénomène !



C'est dans un stade de France comble de près de 80 000 personnes, mais relativement sage et silencieux que les Irlandais n'allaient pas tarder à prendre possession de la scène. Mais avant que le concert ne commence, on ne pouvait que plaindre ce public ayant acheté des billets à prix d'or dont le champ de vision était obstrué par la cabane d'une régie son de plusieurs étages placée au milieu de la pelouse ainsi que par 4 immenses pilonnes repartis de chaque côté de cette fameuse cabane. Comment un groupe comme U2 peut-il accepter de traiter ses fans et son public de la sorte ? Cette question, on se l'est posée plusieurs fois dans la soirée. Notamment sur la médiocrité du son, sans nuances et extrêmement compact duquel la voix de Bono ou la guitare de The Edge peinait à surnager. Pourtant des gens comme Roger Waters, Johnny Halliday arrivent à avoir des sons parfaits au même endroit...

On s'est aussi posé cette autre question sur le show ; comment est-ce possible qu'en 2017, quand on s'appelle U2, que les moyens déployés pour le show soient à des années lumières de ceux d'un Roger Waters et mêmes de leurs propres tournées des années 90 comme ZOOROPA, ou celle du Elevation Tour de 2001 ?



Pour autant, un concert reste avant tout la musique, les chansons et l'interprétation qu'en fait le groupe. La set list jouée lors de ce Concert était en tout point phénoménale. Difficile d'imaginer un meilleur début de concert ! L'enchainement de "Sunday Bloody Sunday", " New year's day" , " Pride", "Where the streets have no name", " I still haven't found" et "Whith or without you" était juste incroyable, même si on a entendu dans des albums live et sur d'autres tournées des versions beaucoup plus habitées et abouties... La version de "Bullet in A blue Sky" est elle-aussi bonne, mais pas transcendante par rapport aux souvenirs des anciennes tournées. La deuxième face de l'album "The Josuah Tree", qui sera joué dans son intégralité, est fatalement moins puissante et ne s'éloigne jamais des versions de l'album.

On se dit en premier lieu que ce manque d'intensité est dû au son. En effet, la rythmique basse / batterie d'Adam Clayton et de Larry Mullen Jr est au top. C'est clairement l'un des gros point fort du groupe. Les solos de guitares de The Edge sont bons mais ne nous emportent pas comme ils le devraient tant ils sont noyés dans le magma sonore plein d'echo du stade de France. Mais c'est la prestation de Bono qui au final ne nous convainc pas. Non pas qu'il soit mauvais, loin de là !!! Pour autant, le Bono de ce 26 juillet 2017 n'est pas le chanteur habité, transfiguré de nos souvenirs. Il n'est pas celui qui chantait comme si sa vie en dépendait. Pour s'en convaincre il suffit de réécouter les parties live de "Rattle and Hum" ou de regarder les vidéos des concerts du début des années 2000.

C'est peut-être parce que U2 n'est, en 2017, plus un groupe de rock. L'urgence, la folie, l'intensité et le punch propre au rock semble s'être légèrement évaporée. Bien sûr, le concert n'est pas indigeste, mais U2 sonne désormais d'avantage comme un groupe de variétés à la Coldplay que le U2 du live de "Under a blood red sky".



Cette impression perdurera dans la troisième partie du concert où le Bono militant prit clairement le pas sur le chanteur de rock. Les chansons, avec parfois de bonnes versions ("Elevation", "Vertigo") n'étaient plus que des prétextes à des prises de positions politiques : critique de Trump, soutien aux Syriens, promotion de l'éducation dans les pays du tiers monde, ode aux icônes du féminisme... Un Hommage fut même rendu au président Macron et à sa femme Brigitte qualifiée de "so fucking crazy" par Bono au moment de conclure le concert par "One".

On ne boudera cependant pas notre plaisir quand U2 revint pour un rappel, cette fois ci résolument rock, avec une très bonne version de leur premier single " I will Follow". Malgré une set list en or massif, c'est avec une pointe de déception que l'on quittait le stade de France. C'est définitivement le pire endroit pour voir un concert de rock, alors que dans une salle comme Bercy ou le Zénith avec un meilleur son et une ambiance plus chaleureuse, le concert aurait certainement pris une autre ampleur. Mais il faut l'avouer aussi, le temps a probablement fait son effet sur la qualité de la prestation du groupe...

Photos : Eric Champarnaud electriceyephoto.blogspot.fr

> Réponse le 29 juillet 2017, par Albundy

[Saint Denis - 26/07/2017] Une simple réaction à cet article négatif : je trouve que lorsqu'un chroniqueur fait une chronique de concert en philosophant sur l'industrie musicale, l'évolution des prix, et j'en passe dans une longue intro, cela fait perdre de la crédibilité à la suite. Vous n'étiez pas dedans avant même d'assister à ce show et vous n'aimez pas (beaucoup) ce groupe, c'est frappant. Faire un compte rendu de concert sur cette base n'est pas pertinent...  Réagir


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