Chronique de Concert
U2 (eXPERIENCE + iNNOCENCE Tour 2018)
Clayton a les cheveux blancs, Mullen JR, des lunettes avec verres correcteurs, The Edge se déplace assez lentement et Bono n'est pas au top de sa forme, même s'il s'agite de temps à autre pour prouver qu'il va bien. On lui tend d'ailleurs régulièrement un breuvage "miraculeux" qu'il ingurgite volontiers. Le public vieillit lui aussi avec le groupe, il lui reste toutefois très fidèle : les places pour les 4 Bercy Arena mises en vente au début de l'année se sont arrachées en quelques minutes. Plutôt CSP+, de nombreux fans n'hésitent pas à acheter des t-shirts à 35€, des tour-books, des affiches, des pintes d'Heineken à 10€...
Cette hydre à 4 têtes (dont une très grosse) est toujours en vie 40 ans après ses débuts. Mais elle est moins fougueuse qu'à l'époque où Bono tentait d'appeler George Bush en plein milieu des concerts du Zoo TV Tour, moins intergénérationelle que lors de la parution du classique "The Joshua Tree" et moins originale également dans ses compositions qu'auparavant. On se souvient notamment des atypiques "Achtung baby" et "Zooropa". Les nombreux extraits des récents "Songs of Innocence" et "Songs of Experience" joués ce dimanche seront d'ailleurs pour la plupart assez décevants en live. L'ambiance retombera souvent en raison de la set-list qui n'ira pas crescendo en termes d'intensité et d'émotion.
Toutefois, le show sera de haute volée. Comme lors de chaque tournée, la scénographie est un modèle du genre, dans la continuité du Innocence + Experience Tour 2015. Tous les moyens ont été déployés pour que le spectacle soit une réussite. Les effets sonores et visuels sont d'ailleurs proches de la perfection. Les prises de positions partisanes de Bono sont nombreuses, on ne peut pas toutes les compter. Il glisse forcément quelques mots très particuliers à l'attention de "Paris, the city of lights", on relève que tous ses textes et interventions défilent en gros caractères oranges sur prompteur. A proximité des cymbales du batteur, un petit ordinateur diffuse également les paroles des chansons.
On aura aussi droit à de l'autodérision avec une animation diffusée sur écrans où l'on suppose les 4 membres à l'aube de leur carrière qui se voient dotés du succès éternel grâce à une force supérieure à qui ils auraient peut-être vendu leur âme.
Chacun peut interpréter tous les interludes - nombreux - comme il le souhaite : les migrants, les LGBT, les droits des femmes, l'égalité, l'Europe, les conflits et dictatures du siècle passé sur notre continent seront les thèmes défendus ou dénoncés, selon le cas, par ce cher Bono inusable dans les prises de position ! Le concert avait d'ailleurs été introduit par des répliques toujours aussi saisissantes de Chaplin dans "Le Dictateur".
Par sa taille (elle n'occupe pas toute la largeur de la fosse) et son éclairage, la scène principale confère un aspect intime au show. Une avancée centrale est surplombée d'un élévateur en forme d'immense cage (qui sert aussi d'écran) qui monte et descend au gré de la soirée. Le premier titre du concert "The Blackout" y sera interprété : les musiciens étant alors alignés les uns à côté des autres, face au public. L'avancée mène à une petite scène circulaire centrale tendance club.
3 grands hymnes feront exulter l'Arena : "Sunday bloody sunday" (les musiciens en file indienne réinterprètent et magnifient ce classique dans une version semi-acoustique), le cultissime "Pride (in the name of love)" et aussi "New year's day". Des indémodables et indétrônables au panthéon de l'oeuvre de U2. Quelques incursions musicales au début du XXIème siècle réanimeront la foule, Bono faisant alors ressurgir le fantôme de son personnage maléfique Mr MacPhisto qui existe uniquement à travers le complot permanent. On le verra aussi cheminer dans les rues de son enfance jusqu'à la maison familiale, rendant hommage à sa mère, un moment troublant où l'on suppose l'homme vieillissant débutant une introspection sur sa propre destinée.
Quoi qu'on pense de U2, il ne faudra jamais oublier que le 7 décembre 2015, les 4 irlandais quitteront la scène discrètement après avoir interprété en duo avec Eagles Of Death Metal "People have the power", laissant ensuite le groupe de Jesse Hughes, à peine convalescent après la tragédie du 13 novembre, conclure ce très grand moment avec le titre devenu emblématique "I love you all the time". Rien que pour ce geste inoubliable et d'une grande classe, j'aime U2 !
Titres joués le 9 septembre :
The Blackout
Lights of Home
I Will Follow
All Because of You
Beautiful Day
The Ocean
Iris (Hold Me Close)
Cedarwood Road
Sunday Bloody Sunday
Until the End of the World
Elevation
Vertigo
Even Better Than the Real Thing
Acrobat
You're the Best Thing About Me
Summer of Love
Pride (In the Name of Love)
Get Out of Your Own Way
New Year's Day
City of Blinding Lights
Rappel :
One
Love Is Bigger Than Anything in Its Way
13 (There Is a Light)
Photos : Manu Wino manuwino.com www.facebook.com/manuwino
Critique écrite le 11 septembre 2018 par Samuel C
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