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Chronique de concert Unama
Jeudi 26 décembre 2024 : 6828 concerts, 27255 chroniques de concert, 5421 critiques d'album.
Chronique de Concert
Unama
"Touché par la grâce à Bayonne"
A Bayonne, les bords de la Nive abritent certains des petits bars qui font la renommée internationale de la capitale du Pays Basque nord. Le Sankara est l'un d'eux, baptisé ainsi en hommage à Thomas Sankara, emblématique leader du Burkina Faso dans les années 1980. Ce soir là, le fond de la salle avait été sobrement dégagé, quatre micros et quatre tabourets attendaient un groupe folk de Ciboure, Unama. "Musique polyphonique aux accents mélancoliques" pouvait-on lire dans la presse qui annonçait l'événement. Encore un sympathique groupe de jeunes basques ? Sans doute mais ce qui advint ce soir là fut bien au-delà de la performance technique, dans la catégorie des rencontres improbables que l'on n'ose même plus trop espérer, un instant suspendu, modeste et sublime à la fois, quelques minutes de pure beauté, de vérité.
Unama, c'est d'abord deux fois une sur et un frère, ou quatre cousins, autour de 22-23 ans, accompagnés de deux guitares, d'une petite flûte (la xirula), d'un clavier, parfois un accordéon ou d'un alboka, instrument de berger basque -d'origine arabe- constitué de deux cornes mises bout et à bout et sonnant comme la plus tonitruante des cornemuses. Simplement installés dans ce petit espace, à peine mieux éclairés que le public de connaisseurs entassé debout dans le reste de la salle, pas plus de grandiloquence dans le décor que dans leurs attitudes, aucun effet de style, pas de pose recherchée, juste une présence et une expression sincère. A la première phrase chantée en basque, la beauté émouvante des voix fait basculer ce qui ne devait être qu'un charmant petit concert folklorique en un extraordinaire torrent de délicatesse et de force mêlées. Comment décrire ces voix pénétrantes, l'étonnante harmonie de ces quatre tons ? Evoquer les mille reflets de l'eau claire, la noblesse du bois poli par les ans, la clarté limpide du petit matin, l'élégance sombre de l'orage, la caresse d'une main aimée... ? Impossible de traduire non plus la justesse des mélodies qui les accompagnent, ciselées avec une sensibilité et une précision saisissante, efficaces dès le premier enchaînement. La langue est l'ultime ingrédient de ce filtre souverain, chaque composition jouant magnifiquement avec la musicalité et le rythme de la langue basque.
Odes bercées par la houle et le roulis de l'océan, ballades ondoyantes, morceaux rythmés qui invitent à la danse, paroles d'une douleur contenue transfigurée en hymne à la vie, brûlant d'une énergie solaire. Chansons après chansons, Unama tisse un langage musical d'une force surprenante. La mélancolie annoncée est effectivement là et donne une couleur d'ensemble, mais l'esprit qui se dégage de cette prestation est bien plus dans le registre de la puissance, du flot tumultueux qui emporte vers l'avant, du vent qui gonfle les voiles, de l'exaltation des sens que du domaine de la rumination doloriste. Leur luth est constellé d'un soleil plus que d'une étoile noire.
Et moi qui vous écrit, balayé par tout ça, je n'ai plus vu le temps passer. Au bout d'un certain temps j'étais dehors, l'esprit hanté par ces mélodies et ces voix. Il ne faisait plus froid, la pluie ne mouillait plus, la distance ne comptait pas, j'aurais pu traverser l'océan d'un pas léger.
A Bayonne, les bords de la Nive abritent certains des petits bars qui font la renommée internationale de la capitale du Pays Basque nord. Le Sankara est l'un d'eux, baptisé ainsi en hommage à Thomas Sankara, emblématique leader du Burkina Faso dans les années 1980. Ce soir là, le fond de la salle avait été sobrement dégagé, quatre micros et quatre tabourets attendaient un groupe folk de Ciboure, Unama. "Musique polyphonique aux accents mélancoliques" pouvait-on lire dans la presse qui annonçait l'événement. Encore un sympathique groupe de jeunes basques ? Sans doute mais ce qui advint ce soir là fut bien au-delà de la performance technique, dans la catégorie des rencontres improbables que l'on n'ose même plus trop espérer, un instant suspendu, modeste et sublime à la fois, quelques minutes de pure beauté, de vérité.
Unama, c'est d'abord deux fois une sur et un frère, ou quatre cousins, autour de 22-23 ans, accompagnés de deux guitares, d'une petite flûte (la xirula), d'un clavier, parfois un accordéon ou d'un alboka, instrument de berger basque -d'origine arabe- constitué de deux cornes mises bout et à bout et sonnant comme la plus tonitruante des cornemuses. Simplement installés dans ce petit espace, à peine mieux éclairés que le public de connaisseurs entassé debout dans le reste de la salle, pas plus de grandiloquence dans le décor que dans leurs attitudes, aucun effet de style, pas de pose recherchée, juste une présence et une expression sincère. A la première phrase chantée en basque, la beauté émouvante des voix fait basculer ce qui ne devait être qu'un charmant petit concert folklorique en un extraordinaire torrent de délicatesse et de force mêlées. Comment décrire ces voix pénétrantes, l'étonnante harmonie de ces quatre tons ? Evoquer les mille reflets de l'eau claire, la noblesse du bois poli par les ans, la clarté limpide du petit matin, l'élégance sombre de l'orage, la caresse d'une main aimée... ? Impossible de traduire non plus la justesse des mélodies qui les accompagnent, ciselées avec une sensibilité et une précision saisissante, efficaces dès le premier enchaînement. La langue est l'ultime ingrédient de ce filtre souverain, chaque composition jouant magnifiquement avec la musicalité et le rythme de la langue basque.
Odes bercées par la houle et le roulis de l'océan, ballades ondoyantes, morceaux rythmés qui invitent à la danse, paroles d'une douleur contenue transfigurée en hymne à la vie, brûlant d'une énergie solaire. Chansons après chansons, Unama tisse un langage musical d'une force surprenante. La mélancolie annoncée est effectivement là et donne une couleur d'ensemble, mais l'esprit qui se dégage de cette prestation est bien plus dans le registre de la puissance, du flot tumultueux qui emporte vers l'avant, du vent qui gonfle les voiles, de l'exaltation des sens que du domaine de la rumination doloriste. Leur luth est constellé d'un soleil plus que d'une étoile noire.
Et moi qui vous écrit, balayé par tout ça, je n'ai plus vu le temps passer. Au bout d'un certain temps j'étais dehors, l'esprit hanté par ces mélodies et ces voix. Il ne faisait plus froid, la pluie ne mouillait plus, la distance ne comptait pas, j'aurais pu traverser l'océan d'un pas léger.
Critique écrite le 14 février 2006 par Orso Perenna
Sankara à Bayonne : les dernières chroniques concerts
Pablo Moses /Apple Gabriel par jocelyne
les Hespérides Plounéours Trez, le 13 fevrier 2005
super soirée ;des musisiens super ; sans chi-chi ni manières ( pas comme les jeunes groupes qui se prennesnt pour des stars
naturels ,généreux ,bonne ambiance, et a revoir 15000 MERCI et bonne continuation La suite
Lucky Peterson par jéjé
Les Hesperides, Plouneour Trez (29), le 04/04/2003
Quel Monsieur !! Non seulement il a une pêche d'enfer mais en plus il joue aussi bien de la guitare que du piano. Un sacré bluesman qui ne se prend pas au sérieux mais ça joue !!! La suite