Chronique de Concert
UNKLE + I come from pop
Depuis le 1er album du groupe en collaboration avec DJ Shadow en 1998 et des guests de folie, James Lavelle, seul maître à bord, a gravé 4 autres galettes, s'entourant toujours de chanteurs chevronnés voire références. J'avais déjà eu l'occasion de voir la formation anglaise à Rock En Seine en 2007 et j'en avais pris plein les yeux et les oreilles, avec une prestation excellente quoiqu'un peu courte, format festival oblige.
A l'Elysée Montmartre, salle parisienne que j'ai toujours bien aimée car elle me semble être à la bonne taille, la 1ère partie est assurée par I Come From Pop, combo en provenance directe de Brest. Certains morceaux sont assez intéressants, lorgnant vers l'expérimental et la voix du chanteur qui s'adresse à la foule encore très peu nombreuse en ce début de soirée est assez remarquable. Il monte avec une facilité déconcertante dans les aigus. Le tout s'écoute avec un certain plaisir, même si on est assez loin du style que l'on est venu chercher avec la tête d'affiche. Une découverte sympa qui a eu le mérite de chauffer la salle durant ¾ d'heure. L'humour pince sans rire du chanteur était également appréciable.
Après une bonne grosse demie heure, Unkle fait enfin son entrée sur scène, comme à son habitude avec écran et film animé à tendance psyché de rigueur. La musique d'accompagnement est Nowhere, l'introduction de leur dernier et excellent album Where Did The Night Fall. Le groupe entame son tour de chant avec The Answer tiré du même CD, idéal pour se mettre en jambes. Le guitariste géant moustachu croisé à notre entrée dans la salle nous gratifie ensuite de bons gros riffs pour un mini Burn My Shadow, qui commence à faire monter la température dans la salle. L'excellent instrumental du non moins bon War Stories intitulé Chemistry me ravit ensuite et cède la place au 1er single du dernier album, Natural Selection.
Le guitariste et le bassiste s'échangent leurs instruments en fonction des morceaux, et s'essaient même parfois au clavier. L'excellent batteur maltraite ses fûts à la perfection et imprime un rythme diabolique à l'ensemble. Sur le début du concert, je trouve les voix un peu en retrait, mais l'ensemble dégage une telle puissance, que ça passe tout seul. Cela dit, j'aime toujours autant le chant de Gavin Clark, frontman du groupe éclair qu'était Sunhouse et son style de vieux chanteur britannique décalé.
Il cède ensuite le micro, ou plutôt la piste de voix à 2 des références dont je parlais précédemment, à savoir Ian Brown, leader des Stone Roses pour un magnifique Reign et à Josh Homme, non moins remarquable chanteur des Queens Of The Stone Age ou plus récemment du supergroupe Them Crooked Vultures. Restless est décidément un titre imparable qui me fait taper et sauter partout, avec son riff de guitare hypnotique et ses envolées electro/dance de folie. Les deux chanteurs sont présents en ombres sur l'écran situé à l'arrière de la scène et les musiciens les accompagnent en live, comme s'ils étaient là. Le concept peut surprendre au début, mais n'empêche pas d'emporter le public. C'est aussi ça la force d'Unkle, qui après tout, a toujours mêlé les chanteurs occasionnels à d'autres plus permanents.
Le jeune guitariste non moustachu nous gratifie ainsi d'une jolie prestation guitare/voix sur le très agréableGlow. Le génial Follow Me Down avec son ambiance orientale et son clip sexy chic prennent le relais. La basse y est tout proprement géniale. Très electro/hip hop, The Runaway calme un peu le tout, mais passe très bien. Avec Keys To The Kingdom, la transe reprend : entre les géniaux riffs de guitare, les jolies touches electro et la voix de Gavin Clark, le plaisir est total. James Lavelle vient ensuite chanter le joli Ablivion, bien entêtant et qui fait un peu penser à Moby. Eye For An Eye suivra avec un refrain repris à l'unisson par le public.
Lavelle vient remercier le public et le groupe quitte la scène. Je regarde ma montre : seuls 3/4 h se sont écoulés depuis le début du show. Qu'à cela ne tienne, je me dis que le groupe fait une pause au milieu de son set. Il revient en effet et entame le génialissime Heaven avec le merveilleux clip de skateurs de Spike Jonze en toile de fond. Ce morceau est décidément parmi ce que la formation britannique a fait de plus beau. Extraits des 2 premiers albums, Lonely Soul et In A State sont ensuite exécutés avec beaucoup d'énergie et d'émotion. On sent le public happé par ce qu'il entend et enfin tout au concert. Il en redemande et là, à son énorme surprise, le groupe le remercie et quitte la scène.
Le concert a duré 1h montre en main, rappel compris. Mon amie, qui, comme pas mal de mes voisins, n'a réussi à entrer dans le concert que tardivement n'en croit pas ses yeux. Je suis moi-même abasourdi. Le tout était pourtant bien en place, après un début un poil limite et les musiciens donnaient l'impression d'être tout à leur affaire. Avec 5 albums, sans compter les remixes, il y avait largement de la matière, ne serait ce que pour jouer ½ d'heure de plus. Je reste clairement sur ma faim et ai un peu l'impression que le groupe se fout de son public. 15 titres ont été joués, quasiment aucune improvisation n'a eu lieu alors que les musiciens sont loin d'être manchots et que Lavelle a remixé bien des fois ses propres morceaux. Pire, sur pas mal de titres, les versions live sont plus courtes que les versions CD.
Je me demande l'intérêt de faire de la scène, avec toute la logistique que cela induit, pour jouer si peu. Autant ne pas en faire du tout plutôt que de faire les choses à moitié. Cela restera un mystère, d'autant plus qu'il n'y a aucun stand de merchandising (j'aurais bien acheté les albums qui manquent à ma discographie voire même un T-Shirt). Je continuerai à me régaler des albums d'Unkle d'une excellente qualité, mais me garderai bien de retourner les voir en tête d'affiche. Finalement, le format festival d'une heure leur convient à merveille.
Setlist :
Nowhere
The Answer
Burn My Shadow
Chemistry
Natural Selection
Reign
Restless
Glow
Follow Me Down
The Runaway
Keys To The Kingdom
Ablivion
Eye For An Eye
Rappel :
Heaven
Lonely Soul
In A State
Critique écrite le 25 mai 2010 par Cabask
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