Chronique de Concert
Uriah Heep
La première fois qu'Uriah Heep est passé à Marseille c'etait en 1975. J'etais pas né. La première fois où je suis allé les voir, c'etait à Losheim am see, un bled allemand à la frontière luxembourgeoise, en plein décembre par un froid de canard. C'etait en 2007 et c'est dire à quel point je voulais absolument voir ce combo. Depuis j'ai pu les voir deux autres fois en festival, mais rien ne vaut un show en salle les concernant.
Car les anglais ont beau etre un des groupes les plus sous estimés, avec en leur sein un des gratteux les plus sous evalué egalement, et avoir 50 ans de carrière, en live ils ont toujours une energie de dingues !
Si l'Espace Julien n'etait rempli qu'à moitié (400-500 je dirais), prouvant encore une fois à quel point ils sont injustement méconnus, au moins les fans présents, avoisinant facilement la cinquantaine de moyenne d'age, ont fait du bruit et rendu au groupe toute la générosité dont ils font preuve. De vrais fans connaisseurs, acclamant autant le dernier album que les chansons légendaires.
Entrés sur scène à 20h tapantes sans première partie, les anciens ont balancés nouveaux et anciens morceaux durant près de 1h45, avec un son proche de la perfection, assez fort et très clair, où tous les instruments etaient largement audibles. Et ça c'est un gros point positif pour apprécier pleinement la musique du Heep. En effet, si la guitare de Mick Box et le clavier de Phil Lanzon sont la colonne vertébrale des compos, la basse est technique et groovy, la batterie pleine de punch, et evidemment la voix de Bernie Shaw inimitable.
Quelle cohésion entre les membres, quelle homogéneité, quelle passion commune ! Même les "jeunes" Rimmer (présent depuis l'avant dernier opus) et Gilbrook sont à fond dedans, quelle virtuosité à la basse chez le premier et quelle hargne tout sourire aux fûts pour le second. A propos de ce dernier c'est vrai que ses mimiques etaient parfois etranges, mais au moins son bonheur transparaissait sur son visage !
Mick Box, gratteux d'origine ayant dépassé les 70 piges, a été impeccable, comme à son habitude, distillant riffs ultra carrés et soli d'un autre monde parfois. Les chansons anciennes etant souvent un peu etirées, à la mode de l'epoque, cela lui permet de montrer tout son savoir faire, avec en point d'orgue cette démonstration pleine de feeling et de technicité sur "July Morning"... Un monstre de la six cordes tellement sous estimé...
Et pourtant il(s) joue(nt) comme s'il(s) etai(en)t à Donnington ! Un plaisir evident et non feint. Même après toutes ces décennies à tourner, Uriah Heep etant une des formations n'arretant pas de fouler les planches du monde entier, réputé pour régulièrement visiter des pays moins connus, où ils ont plus de succès que chez nous.
Et dire qu'ils sont de la génération de Led Zep, Deep Purple et Rainbow, sans avoir malheureusement connu la même popularité, alors qu'ils ont des morceaux qui n'ont rien à envier aux premiers...
Quand ils interpètent, comme en ce jeudi soir glacial, des hymnes purs à la "Return to Fantasy", l'envoutant "Gypsy (ce riff, mais ce riff... 49 ans dans les dents et pas une ride !), l'entrainant "Look at yourself", le magnifique "July Morning" ('tain je crois que j'ai versé ma larme sur celui ci...), le doucereux "Sunrise" et ses choeurs déchirants, l'hypnotique "Lady in black" (mon préféré !) et son refrain lancinant repris par une assistance conquise, ou l'endiablé "Easy Livin'" pour un final à mille à l'heure... comment ne pas les mettre au même niveau qu'un "Dazed and confused", un "Stargazer" ou un "Smoke on the water" ?! Les mystères de la grande Histoire musicale...
Et encore il en manque des classiques. Mais le groupe a pour habitude de jouer ses plus gros standards, et une bonne partie de l'album qui vient de sortir. Dommage pour les disques intermédiaires qui vont du moyen au très bon, notamment le "Into the wild" de 2011 n'ayant rien à envier aux vieux, mais c'est la politique, louable, des anglais. Ce "Living the dream" a beaucoup tourné, mais je ne l'ai pas trouvé exceptionnel. "Juste" bon. Sauf que les six chansons jouées live prennent une toute autre dimension avec ce son d'enfer, et donnent une coloration plus heavy et moderne que les woodstockiens "July morning" ou "Easy livin'". Deux facettes du Heep, totalement maitrisées, qui ressortent plus ou moins dans chaque compo.
Du coup ces "Take away my soul", "Rocks in the road", "Grazed by heaven" et "Knockin' at my door" (cette basse grondante !) ecrasent tout sur leur passage avec leurs riffs incisifs, tandis que le lourdement heavy "Living the dream" fait banguer, et que le lent "Waters flowin'" a de fortes réminiscences 70s avec son refrain à voix multiples.
Y a rien à dire de plus que le Heep fût une fois de plus grand, très grand, proposant un live proche de l'exceptionnel, faisant l'unanimité, même chez mon ami photographe venu en simple curieux ;) Cette patate et cette passion, à ce niveau d'experience (et d'age, avouons le), c'est franchement un bonheur à voir et entendre.
Nous etions peu, mais nous fûmes comblés et l'avons bien fait comprendre aux vénérables anglais qui méritent amplement leur place au Panthéon du Rock.
Setlist :
Grazed by Heaven
Return to Fantasy
Living the Dream
Too Scared to Run
Take Away My Soul
Knocking at My Door
Rainbow Demon
Waters Flowin'
Rocks in the Road
Gypsy
Look at Yourself
July Morning
Lady in Black
Rappels:
Sunrise
Easy Livin'
Plus de photos et vidéos par Pirlouiiiit par ici
Critique écrite le 26 janvier 2019 par Gandalf
Envoyer un message à Gandalf
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Gandalf
Uriah Heep : les dernières chroniques concerts
Uriah Heep par Electric Eye
Olympia, Paris, le 16/10/2022
Pourquoi les organisateurs persistent-ils à faire des concerts qu'ils proposent uniquement assis? L'Olympia est une salle vénérable, mais une partie du public aime bien danser,... La suite
Festival Guitare en Scène (2eme jour) Foreigner/Brian May/Uriah Heep/Robert Cray/Shakra par Gandalf
Stade des Burgondes à Saint Julien en Genevois, le 21/07/2013
Ca faisait un bail que je lorgnais ce festival à la frontière suisse, sa réputation de fest intimiste et bien organisé, couplé à une prog de qualité me titillait chaque année. Eh... La suite
Hellfest 2012 : Steel Panther + Death Angel + Koritni + Uriah heep + Exodus + Sebastian Bach + Edguy + Enslaved + Entombed + Behemoth par Abigail Darktrisha
Hellfest@ Clisson, le 16/06/2012
Samedi 16 juin 2ème journée du Hellfest 2012.
Après cette première journée pluvieuse et son final en apothéose, ce samedi débutera sous le signe du rock-glam et du thrash... La suite
Blue Oyster Cult + Uriah Heep par Jorma
L'Olympia Paris, le 06/09/2009
Reprise de la saison des pèlerinages en ce doux mois de septembre, et c'est en direction de Paris et de l'Olympia que la procession me mène, pour un concert initialement prévu au... La suite
Espace Julien à Marseille : les dernières chroniques concerts
Saint-Levant + Lina Makoul par Laure
Espace Julien à Marseille, le 28/10/2024
Pour la dernière de ses 3 dates françaises, Saint Levant avait donné rendez-vous à son public à l'Espace Julien. Né à Jérusalem, ayant grandi à Gaza puis en Jordanie avant de... La suite
Ministère A.M.E.R. par the nice sly
Espace Julien, Marseille, le 19/10/2024
Samedi 19 octobre 2024, c'est à l'Espace Julien au coeur de la cité phocéenne que le Ministère A.M.E.R. débarquait pour un concert tout aussi attendu qu'inespéré pour le grand fan... La suite
Fink + Finnegan Tui + Cy par Pirlouiiiit
Espace Julien, Marseille, le 19/09/2024
J'ai tellement entendu du bien des concerts de Fink notamment d'un de ses passages au Poste à Galène il y a bien longtemps que même si ce n'est pas forcément le bon soir pour moi,... La suite
Nick Waterhouse + Will Worden par Pirlouiiiit
Espace Julien, Marseille, le 19/11/2023
Mieux vaut tard que jamais .... Le dimanche 19 novembre 2023 dernier je me suis laissé tenté par Nick Waterhouse à l'espace julien. Il me semblait ne pas connaitre mais les... La suite