Chronique de Concert
Vanilla Fudge
Le Vanilla Fudge n'était pas venu jouer à Paris depuis 1968. En 1968, le combo était l'un des groupes étendards du courant heavy psychédélique. Leur single You're just keep me hanging on était en tête de tous les charts en Europe et aux Etats unis. Led Zeppelin assurait leur première partie. La virtuosité de leur section rythmique composée de Carmine Appice et Tim Bogert était légendaire. Ils ont d'ailleurs par la suite dans les 70's fondé le groupe Cactus et accompagné Jeff Beck pendant ses meilleures années.
Qu'allait-il rester 45 ans après de ces heures de gloires pour ce concert parisien au Divan du Monde, à Paris ? L'objectif était de voir un groupe de virtuoses interpréter des standards avec un son vintage et de se faire emporter par la puissance de leur musique dans de longs crescendos inspirés. La salle du Divan du Monde est l'endroit parfait pour ce type de concert car elle dispose d'une âme et d'une vraie proximité avec les musiciens. Elle était remplie de vieux de la vieille avec des catogans blancs et des barbes de pâtre grec, qui devaient probablement être là, il y a 45 ans, lors de leur dernier concert parisien...
Le concert a commencé par une terrible frayeur ! En effet, si ce type de musique tolère bien évidemment les looks discutables de ceux qui la jouent, elle ne tolère pas la vulgarité dans son interprétation. Ce sont donc d'énormes sueurs froides qui ont parcouru mon corps lorsque les premiers sons du claviériste ont résonné. Et pour cause, le clavier était réglé sur le son "Michel Berger" !!! C'est ce qui peut arriver de pire au son de la musique des sixties ou des seventies ! On a encore en mémoire le traumatisme causé par l'écoute des albums live des Mamas and Papas des années 80, ou l'album des Beach Boys servant de bande originale au film Cocktail.
Heureusement il ne s'agissait que d'un effet pour démarrer le concert, le son d'orgue Hammond typique des groupes de cette période a heureusement repris le dessus pendant le reste du concert. Si le groupe - amputé du bassiste d'origine, plutôt bien remplacé - semblait en forme et content d'être là, le voyage musical proposé n'a pas été à la hauteur des attentes placé un lui. Bien sûr le groupe tenait techniquement bien la route et faisait preuve d'une certaine puissance. Pour autant on n'a pas perçu d'osmose, de folie ni même de liberté dans la prestation de ce 14 mars 2014. Si les grands standards ont été joués (Season of the witch, Eleonore Rigby, Bang Bang, She is not there, Keep me hanging on), on avait vraiment l'impression d'être en face d'une amicale de musiciens de sessions en retraite, sortie d'un bar portant l'enseigne budweiser, dans le fin fond du mid ouest américain. Vous l'aurez compris, la finesse espérée n'était donc pas au rdv. Pire ce côté ancien combattant qui se retrouve autour d'une Bud retirait toute l'urgence nécessaire à la musique de Vanilla Fudge.
Bien sûr, on attendait pas qu'ils jouent comme si leur vie en dépendait, mais que leur concert témoigne d' un peu de prise de risques. Mis à part un formidable solo de baguette de batterie du légendaire Carmine Appice, et un "Keep me hanging on" de bon aloi, le Fudge n'a jamais montré l'envie d'emmener le public avec lui, comme le font pourtant si bien leurs contemporains de Gong, ou dans un style un peu plus éloigné Neil Young et son Crazy Horse.
La soirée n'a pas été mauvaise pour autant, mais elle nous a juste donnée l'impression d'assister à une représentation de musique morte. En gros on s'est senti aussi concerné par la prestation du Fudge que par une version la littérature latine, aussi intéressante fusse-t-elle... Le rock, et particulièrement le courant psychédélique, doit être une invitation sensitive au voyage, qu'il soit physique ou cérébral. On n'a malheureusement pas frémi, ni voyagé plus loin que le bar du divan du monde lors de ce concert de Vanilla Fudge. Bref, en d'autres termes, c'était vraiment un concert de deuxième division...
Critique écrite le 25 mars 2014 par Lol
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