Chronique de Concert
Venus en Mars + Marie-Flore
Pour être honnête ça partait mal ... rien ne me laissait penser que j'allais accrocher à la musique de cette Marie-Flore dont le portrait envahissait les rues du quartier depuis quelques temps déjà (au point de faire de la concurrence à l'affichage ultra agressif de Martine Vassal) ... Comme je n'étais pas allé au Makeda depuis l'année dernière (et que je n'avais pas pu me libérer la veille pour la soirée Grabuge) et qu'en plus il y a avait Venus as a boy en première partie (pensais-je) je m'étais décidé à y aller. Du coup j'avais jeté un coup d'oeil à 2 de ses clips qui ne m'avait pas trop plus ... ni le phrasé, ni le côté posé, ni l'attitude.
J'y vais quand même car il m'est déjà arrivé de voir des choses qui ne me plaisaient pas du tout sur disque ou clips et que j'ai fini par apprécier sur scène (cf ma chronique du concert de Thérapie Taxi par exemple) ou pas (cf celle de Rihanna). Bref lorsque j'arrive devant (j'ai failli dire "le Poste") le Makeda je réalise que j'ai oublié la clé de mon cadenas. Je fais donc un petit aller-retour de plus. Lorsque je re-arrive donc le Makeda est bien plein.
J'ai la surprise de voir qu'il y a une première première partie ; c'est en tout cas ce que je pense en voyant celle qui s'avèrera être Venus en Mars (il me faudra attendre la fin de son set pour comprendre ma méprise ... en mars vs. as a boy). J'arrive au moment où vêtue d'une tenue pleine de découpes (que j'ai pris au début pour des bulles) elle s'adresse au public avec une voix résolument masculine (il s'agit d'un effet dans le micro).
Simplement accompagnée d'une bande son Marilyne'M chante / déclame ses textes en français sur une musique électro qui par certains côtés me rappelle un peu ce que faisait Ultra Orange à une certaine époque. Sur un des morceaux où il est question de "Bruxelles" je penserai à Belladonna 9ch (en moins festif).
Pas mal de fans dans le public si j'en juge par le fait que plusieurs connaissent les paroles et l'appellent par son prénom. Pour ma part les boucles et le côté répétitif des paroles ne parviennent pas à me faire décoller dans ce "cosmolove" qu'elle chante mais je suis sensible à son énergie et son plaisir manifeste à être sur scène. Scène qu'elle quittera en remerciant le Makeda et celle qui l'a invité en première partie "Ce n'est que du love c'est du Marie-Flore !"
Changement de plateau rapide puisque Maryline était venue juste avec un pied de micro et que le matériel des musiciens de Marie-Flore était déjà installé dans son dos. A 21h48 la lumière s'éteint .. on entend une respiration, puis les musiciens font leur entrée : batterie, guitare, claviers ... puis Marie-Flore le visage dur genre je ne suis pas là pour rigoler ni pour m'amuser. Ca part mal. Je n'ai jamais aimé les chanteuses ou chanteurs qui font le tronche et/ou donnent l'impression de se prendre au sérieux (là l'exemple qui me vient en tête c'est Camille et le contre-exemple - dont je parlais avec Vincent entre les 2 sets : Pomme).
Le concert commence et toutes mes craintes se confirment ... les deux noms qui me viennent à l'esprit sont Thérapie Taxi et Odezenne. Si les premiers avaient fini par me toucher par une forme de sincérité, les seconds eux en revanche m'avaient profondément énervé. Pas eux directement, ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent, mais leur succès et cet engouement populaire je ne le comprenais pas et donc l'acceptait mal. Ce soir c'est pareil.
"Vous êtes prêts pour une petite heure de dépression ?" en guise d'introduction. Puis des morceaux plutôt electro sur lesquels elle se balade avec des mouvements un peu mécaniques, genre très sérieuse à coups de menton relevé "hé ! hé !". Je reste, je m'accroche, et plus j'essaie plus ça m'agace. Je regarde autour de moi, le public (nombreux) n'est pas spécialement plus jeune que moi (enfin pas tous) et beaucoup connaissent
Je parle d'âge car un moment je me demande si ce n'est pas un problème de génération. "Qui est sur tinder ?" "personne ? moi non plus ; si vous êtes gentil je vous donnerez mon pseudo après le concert". Ca parle de ruptures, ou de relations foirées, de rancoeurs, de vengeance, ... beaucoup de termes ou d'images qui évoque des choses violentes ou dures. "Je lui en veux encore ce salaud".
"Si tu veux me faire l'amour à domicile c'est quand tu veux j'en ai jamais assez" .. le tout en faisant la gueule. C'est cru. C'est sans filtre. Un peu vulgaire je trouve (ce qui est très subjectif et référentiel dépendant j'en conviens. Je serais malhonnête si je ne disais pas qu'elle a souri pendant le 3ème morceau et de nouveau un peu après .. un sourire mélange d'amusement et d'espièglerie en regardant le public.
Les morceaux s'enchainent "maintenant celle que vous attendez tous : Hotel California" avant d'attaquer Tout ou rien il me semble. Sa chorégraphie est un peu automatique / mécanique. Pas envie. Pourquoi ce que je ressens est une espèce de vide intersidéral ? Des textes froids qui ne semblent raconter que des relations superficielles ou masquées, entre avatars.
Il n'est pas question de sentiments ... lorsque le mot "amour" est employer c'est pur parler de "faire l'amour" ou pour dire "faut croire que l'amour se fait rare". Je suis presque aussi médusé que lorsque je voyais une fille et ses parents chanter "va t'faire enculer salope !" avec le même sourire à l'espace julien. "Pour moi t'es un détail ... dans ton pieu ... si tu crèves c'est un détail ... pour toi je suis prête à tout". Ce côté bad girl auquel on a du mal à croire.
Après ça joue bien, les musiciens sont discrets mais efficace, totalement au service de la star qui a une belle voix (je pense à Mansfield Tya à un moment mais sans la tension ni l'émotion) mais c'est vraiment cet univers qui m'est complètement étranger et que j'interprète comme superficiel et sans la moindre spontanéité ou naturel (ce qui peut paraitre paradoxal puisque les textes sont crus). Aussi authentique qu'une relation sur facebook ou tinder visiblement.
A un moment j'ai commencé à me dire que j'étais "trop vieux pour ces conneries" (une référence qui trahit mon âge) mais finalement je suis sorti de là au contraire avec l'impression d'être beaucoup plus vivant, sinon en tout cas vraiment différent de ce qu'elle incarnait ce soir ... Pour faire écho à sa phrase d'entame j'en ai vu des tas de musiciens malheureux qui chantaient leur mal-être et l'exorcisaient sur scène (je pense en particulier au regretté Vic Chesnutt) et ça me parlait / touchait, alors que ce soir ...
Par contre je ne regrette pas d'être resté jusqu'au bout car les deux moments que je préférerai seront le solo de guitare du dernier morceau où ça commencera un peu à décoller (avant de s'arrêter) et juste après, pour le rappel quand elle arrivera en douceur par derrière et chantera tout le morceau vraiment tout près des gens dans le public.
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Critique écrite le 20 janvier 2020 par Pirlouiiiit
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