Chronique de Concert
"Le slam prolifère comme un virus / Et nous n'en sommes qu'au stade du ftus". On ne le répètera pas deux fois : Vibrion est sans conteste le groupe le plus original né à Marseille ces deux dernières années. Vibrion, ce n'est pourtant ni du rap ni du rock, ni du provençal ni du reggae : Vibrion, c'est une poésie visionnaire jetée en pâture à ses auditeurs, un mélange de spoken word en français sur des beats électro illuminés par des éclairs de vrais instruments (guitare, contrebasse, guimbarde et violoncelle), une transe tchatchée où les mots prennent sens dans la scansion et dans l'intensité, une alchimie tellurique qui touche à l'intime par la seule force de ses répétitions.
Tribune
Importé des Etats-Unis et rendu populaire par le film de Marc Levin (Slam, Caméra d'Or du Festival de Cannes 1998), le slam est cet art collectif, oratoire et acoustique où la parole mise à nu fait face à l'auditoire. Seul ou presque compte le texte - qu'il soit lu, scandé, crié, improvisé ou récité. Tribune de libre expression, chaque scène slam donne la parole à tous sans discrimination et réunit poètes, nouvellistes, rappeurs, improvisateurs et chanteurs, tous animés d'une même passion pour l'écriture. Dans les soirées slam, les auteurs et le public sont invités à tour de rôle à monter sur une scène pour dire leurs textes, tandis qu'un animateur rythme la soirée et distribue la parole.
Mouvement lié à l'oralité, défendu par certains comme une discipline à part entière, le slam est un terrain d'expression poétique, une forme oratoire qui s'est aujourd'hui développée dans la plupart des pays européens. Sa longue histoire pourrait remonter à la tradition grecque de l'agora, passer par celle des griots d'Afrique de l'Ouest, plus tard celle des joutes occitanes du sud de la France, des duels d'improvisation du Brésil et de Cuba jusqu'aux réunions de lecture des poètes de Saint-Germain des Prés. Pour ses tenants, la poésie retrouve avec le slam son essence orale originelle, proche d'un rap a capella.
Fusées
Vibrion ? Un quatuor de précurseurs, slammeurs habités oscillant entre freestyle et human beatbox, s'efforçant depuis deux ans d'aller porter leur bonne parole aux quatre coins de Marseille (un chemin de croix, tant peu de salles ici, hors le Poulpa(son) et l'Affranchi, transforment volontiers leurs plateaux en sessions slam) : Frédéric Nevchehirlian (voix, slam, guitare, bouche beat box), Eric Cartier (voix, slam, guimbarde), Christophe Isselée (guitare, programmations, triturations sonores, churs) et Stéphane Paulin (basse, contrebasse archet, percussions, chur, programmations), rejoints sur leur premier album éponyme par un Sam Karpénia (Dupain) tout de suite en phase avec nos cagoulés.
Vibrion ? Un mélange de textes interstellaires et de samples apocalyptiques : "Comme une ville peuplée de peaux qui claquent de froid / De mots qui chaque jour nous renvoient / La même ombre gagnant de l'ombre / La même fange éclaboussant les anges / Propulser dans l'air des rêves qui balafrent / Des fusées, des astres kaddish / Nous voulons gagner du terrain, des continents / Rompre l'horaire des fuseaux / Des sentiments au kilo sur des rampes de silo / Pile au milieu des jours qui se déchirent, ne savent plus sourire / Nous est-il indifférent de gagner ou de perdre ?..." (Fusées, de Frédéric Nevchehirlian, un des sommets de l'album).
Vibrion ? Un soin maniaque apporté au son, une mise en espace faisant la part belle au maquillage et au déguisement, un univers sonore où les riffs bizarroïdes succèdent à des nappes synthétiques cotonneuses, tous artifices scéniques s'estompant comme par magie devant des slams répétés ad nauseam, finissant par s'imposer comme l'évidence même. Vibrion enfin ? Sans contestation le spectacle le plus original proposé aujourd'hui à Marseille. Forts jusque là de prestations remarquées mais confidentielles, le combo déchire ce soir à l'Affranchi le voile du silence et de la discrétion. Comme disait l'autre : "Le slam prolifère comme un virus / Et nous n'en sommes qu'au stade du ftus".
Critique écrite le 27 août 2004 par Dominique KELLER
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