Chronique de Concert
Vincent Delerm
Opéra Municipal, Clermont-Ferrand 19 novembre 2002
Critique écrite le 20 novembre 2002 par Pierre Andrieu
(Photo : Jean-Pascal Blache)
Aidé par Cyrille Wambergue, un collaborateur de Thomas Fersen, pour la réalisation et les arrangements de l'album, et poussé par l'acteur échappé des Deschiens, François Morel, qui parlait de lui sur les ondes et aux directeurs de salles, Vincent Delerm a accompli un chemin incroyable depuis ses premiers concerts ! Quand il jouait au Théâtre des Déchargeurs à Paris devant une vingtaine de personnes, une tournée dans de très belles salles - complètes presque partout - devait être un rêve inaccessible... Il y a trois ans, si les spectateurs étaient enthousiastes, ils restaient dubitatifs quant au potentiel en termes de ventes de ces chansons, pas si accessibles que ça finalement. Les nombreux concerts donnés dans des lieux improbables ont forgé le caractère et les prestations scéniques de ce jeune homme qui hésite à sourire sur les photos. "Ah bon ?"
(Photo : Laurent Combe.)
Réglé au millimètre et sans la moindre anicroche, le spectacle de Vincent Delerm est un petit moment de bonheur à part ! Pas de décor, pas de costume, pas de déplacement, c'est une putain d'idée ! Surtout quand on sait prendre des intonations venues du théâtre et qu'on bénéficie d'éclairages d'une sobriété magnifique (merci Chonchon !)... La mise en scène, très inventive, inclut de petits interludes où la voix off de Vincent nous fait découvrir ses pensées, pendant que la musique continue. Rien ne vient briser le charme : même les remerciements sont formulés sur une mélodie au piano ! Il y a même une histoire tragi-comique qui revient et qui sert de fil rouge tout au long de la soirée sur la difficulté des premiers rendez-vous, nous ne la dévoilerons pas pour ne pas gâcher les concerts des futurs spectateurs. "Ah bon..."
Les 600 personnes assises dans les fauteuils de l'opéra ont donc effectué un voyage enchanteur de Bénodet à Châtenay-Malabry en faisant un petit crochet par le Pérou, la Biélorussie et le Gabon avec des étapes à Riquewihr, Jussieu, Honfleur, Concarneau, Canterbury, Saint-Cloud, Le Touquet, Levallois et bien sûr, Toronto, tout cela sans utiliser d'Opel Vectra... Le trajet n'a pas paru long grâce aux présences remarquées de Shakespeare, Christophe Lambert, Modigliani, Fanny Ardant, Mozart, Jean Reno, Karin Redinger, Jean-Hugues Anglade, Joe Dassin, Alain Chabat, Eric Holder, Laurent Woulzy, Bukowsky, Irène Jacob, Gabriel Fauré, Depardieu et Trintignant ! Il faut dire qu'on avait fait les courses chez Pier Import et Ikea, acheté des jeux Parker et Ravensburgher et des revues (Cosmopolitan, le Figaro Madame, Télérama ou Libé), tout cela en écoutant France Inter et en regardant Thalassa en buvant un quart Perrier et en évitant soigneusement de manger le Canigou du chien dégueulasse.
Le spectacle d'une heure et demie est agrémenté de nombreuses anciennes chansons non enregistrées et de nouveaux titres qui devraient figurer sur le nouvel album de ce fan de François Truffaut... Le public découvre donc des morceaux drôlement mélancoliques bénéficiant de l'élocution très particulière du monsieur, jouant admirablement sur les regards, les silences et les mimiques, ce qui déclenche des fous rires incontrôlés ! Quand, après de nombreux rappels énergiquement réclamés, les lumières se rallument, on se dit en soi "c'est un peu décevant une scène sans Vincent Delerm" car, pour être franc, l'intensité du programme d'EMT pour la classe de quatrième est pulvérisée ! "Ah bon !"
A lire également : un entretien avec Vincent Delerm, les critiques des disques de Vincent Delerm, une chronique du concert du 18 novemnbre 2002 à Clermont-Fd et un compte-rendu du concert du 24 avril 2003 au Printemps de Bourges, voilà.
Sites Internet : www.vincentdelerm.com, www.totoutard.com.
Critique écrite le 20 novembre 2002 par Pierre Andrieu
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