Chronique de Concert
Vincent Delerm
Les gens s'installent dans l'opéra, qui se remplit progressivement ... en bande son l'ami Albin de la Simone et ses Piranhas nous font patienter, pendant que les raleurs se font replacer à de meilleurs sièges ("ça fait 25 ans que je viens ! je n'ai jamais vu ça ! j'exige que vous me replaciez et que vous me remboursiez ! sinon je vais écrire au maire moi !" ... et ça marche en plus ...), que ceux qui se sont fait tous beaux pour l'occas' mettent un temps fou à regagner leur place, et ceux qui sont venus tout seul scrutent la foule s'amusant a reconnaitre des gens ...
Puis a 9h une voix se fait entendre ... on reconnait les accents Bourvilesques de François Morel. J'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un rappel pour etiendre ses portables alors qu'il s'agissait déjà du spectacle. Ca s'annonce bien puisque la voix commence a raler d'attendre si longtemps, qu'en plus sur scène il y a jsute un piano, pas de musiciens (ça n'a pas du lui couter bien cher) etc ... très drôle.
Puis Vincent Delerm arrive et après avoir saluer le public se met au piano. Au niveau de sa voix dont on m'avait vanté / décrié l'étrangeté je dirais q'il s'agit d'un mélange entre celle de Miossec (sans le côté bourré et rock), Renaud (genre je-ne-sais-pas-chanter-et-je-m'en-moque), Catherine (côté désinvolte + thème du quotidien abordée de façon ironique et ce chant parlé), Mendelson (pour le côté parlé, là encore vie du quotidien en enlevant tout le côté rock et surtout en abordant les choses de façon moins sombre). On ne peut pas ne pas parler de cette incroyable ressemblance avec la voix du chanteur de La position du Tireur Couché, et quelques accents à la Gainsbourg pour cette façon d'insister sur certaines fin de syllabe genre "tique" en secouant légèrement la tête.
Ce n'est peut être pas très original au premier abord, mais il n'y a aucun temps mort car ce spectacle (je dis volontairement spectacle et non pas concert), remarquablement mis en scène est très équilibré; pas mal d'interventions extérieurs sur bandes (un peu comme l'ami Boogaerts) comme les quelques interventions de François Morel qui désamorcent toute critiques (voir ci-dessous *) ou des sons d'archive de Valery Giscard d'Estaing ou André Agassi et Nelson Monfort.
Des textes sur la vie de tous les jours, très très en phase avec notre époque et les préoccupations des trentenaires pour ne pas dire gâtés je dirais qui n'ont pas de vrais problèmes. On suit ses petites histoires de soirées, de rencontres, de vacances avec un mélange d'amusement, de nostalgie, en s'y retrouvant souvent. Par moment il se moque un peu des gens de milieu plus modeste (que le sien) mais avec beaucoup d'humour et de tendresse finalement. Il parle de foot (son "on vous a quand même mis 3-2" puis "je l'ai enregistré et je m'en repasse des bouts quand je suis triste ... surtout la deuxième mi-temps" fut très drôle), égratigne les chanteurs populaires (Johnny, Patricia Kaas), parle de stars (Ardant, Depardieu, ...), cite plein de références intellectuelles branchés (souvent au second degré). Bref ses chansons profondément ancrées dans l'actualité resteront comme un beau témoignage d notre époque ;
Mon morceau préféré fut celui de la fille qui mange des pistaches à une soirée. Elle part des doigts se recroquevillant sur les bords du bol, à la façon qu'elle a de les manger puis de déposer les coquilles sur la table sans hésiter, ce qui fait que personne ne penserai a lui ramener de ramequin pour les poser, ramequin qui provient de la promo de Saint Moret, et ses considérations s'éloignent de plus en plus de la table... cela m'a vraiment fait penser au seul bouquin de Proust que j'ai lu A l'ombre des jeunes filles en fleur ... et puis j'ai trouvé que la comparaison était plutôt juste. Vincent Delerm est un peu notre Proust du 20eme siècle. Il nous raconte (en musique), tout un tas de petites scénettes de la vie quotidienne (quotidien d'un jeune garçon de bonne famille) qui fourmillent de détails qu'on a tous vu un jour ou l'autre ou vécu (comme ce cheminement de pensée que je n'arrive plus a vous retranscrire), qui fait que l'on se reconnaît dans ses texte sinon en tout cas que ça nous parle.
N'étant pas musicien je ne me rend pas compte de la difficulté éventuelle de ce qu'il fait au piano, mais en tout cas ça passe tout seul ; il alterne passages très doux et passages plus entraînants glissant ça et là quelques thèmes classiques (même sans contrefaçon de Mylène Farmer à un moment, ou encore La bamba sur un autre morceau). Le public connaissait toutes les paroles par cur ... hallucinant .. plusieurs fois il s'est arrêté pour laisser chanter le public et ça rendait vraiment bien.
Superbe d'autodérision (son imitation du mime marceau avec voix off pour qu'on entende ses pensées est vraiment amusante), Vincent Delerm séduira sûrement même les plus difficiles arrivés là enfermés dans une grosse carapace d'a priori (oui je parle de moi). Si je n'étais que dans le premier tiers je serais peut être resté sur mes a priori mais quand la voix off du plus célèbre des Deschiens est intervenu une seconde fois pour dire un truc du genre "ouais ben c'est facile de faire des chansons comme ça, je prends deux trois noms de gens un peu connu et je t'en fait une moi aussi : en me promenant sur le pont j'ai vu Vincent Lindon ... blah blah blah Balsakoooooooo" ; là je n'ai pu m'empêcher de sourire ... et à partir de là c'était dans la poche.
Site de Vincent Delerm : https://www.vincentdelerm.com/
Critique écrite le 18 novembre 2004 par Pirlouiiiit
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