Chronique de Concert
Vincent Premel + le Ténor de Brest (les Mercredis du Valet)
Mission impossible : écrire cette chronique en la demi-heure qui me sépare de Marseille en train. Mon dernier concert breton, qui aussi mon dernier concert des vacances, a eu lieu au Cessonais à Saint Brieuc dans le cadre des Mercredis du Valet dont c'était la clôture. C'est amusant car autant à Marseille je m'applique un critère de choix quasiment strictement géographique (je sors rarement du 5ème) autant cet été nous n'aurons pas hésité à faire une heure de route pour certains concerts, comme pour celui de Red Cardell à Saint Thois (cf chronique par ici), pour celui de David Lafore à Saint Quay Portrieux (cf chronique par ici), pour le Blues Folk Binic Festival (cf chronique par ici) ou ce soir ...
En arrivant en ville, après avoir profité le matin de la grande marée pour aller à pied de la maison à l'île noire, j'ai l'impression d'avoir quitté la Bretagne (que je connais). Le Cessonais est un chouette bistrot situé juste en face d'un hypermarché U et sous un panneau de publicité ce qui a eu tendance à me ramener à la réalité de notre monde après plusieurs semaines passées dans ce petit paradis qu'est Terenez. Le Cessonais est un bistrot qui sert à manger le jour mais juste à boire (avec un peu de charcuterie) le soir. Du coup les enfants fileront acheter un peu de pain de mie au U juste avant la fermeture.
Le concert a lieu dans le jardin derrière, sur les 4 terrains de boules plombées qui portent le nom de personnalités du PC français : Arlette Laguiller, Henri Krasucki, George Marchais... Nous sommes accueillis par Gaspard organisateur des Mercredis du Valais qui après avoir remercié Corinne pour l'accueil tout cet été fait la pub pour un autre évènement : Le retour du crépuscule rendez-vous à 4h du matin pour une balade artistique ...
Le temps de finir de se préparer, (le) Juke qui est venu avec son chien et qui a l'air un peu préoccupé, nous passe un peu de Labess (son copain qui va faire l'Olympia le 14 novembre prochain). C'est à ce moment-là, dans ce jardin au milieu des habitations et panneaux de pub et loin de la mer que je ne me sens (presque) plus en Bretagne ... en tout cas de la "mienne".
On est en plein air et il y a beaucoup de fumeurs. Plusieurs enfants aussi. Normal ce soir nous allons écouter les aventures du Ténor de Brest qui nous sont contées ce soir par Juke et Eric Philippon aka Fil. En venant je me suis demandé si ce n'était pas risqué de revenir re-écouter un répertoire que nous connaissons depuis plus de 10 ans.
(mission effectivement raté, je me suis arrêté au milieu de ce paragraphe). En effet depuis cette double rencontre fortuite en 2011 où les enfants avaient 2, -1 et -4 ans (cf chroniques par ici et par là) ces derniers ont grandi avec la crique au big' . Mais, bien que fan dès leur plus jeune âge, vont-ils toujours apprécier ? car mine de rien notre dernier contact avec les Aventures du Tenor de Brest remontent quand même à il y a 5 ans (cf chronique par ici). Je vous laisse faire le calcul de leur âge désormais.
Mais finalement quel mal y a-t-il à continuer à chanter les mêmes morceaux tant que tout le monde ne les connait pas ? Pourquoi parce que tel disque est sorti il y a 10 ans ce petit garçon avec son casque au premier rang serait-il privé de ce magnifique petit univers qu'est celui du Tenor de Brest immortalisé en 2017 sur un superbe disque (cf chronique par ici) ?
C'est vrai que j'aimerais bien qu'il en vive d'autres aventures notre bigo, mais quel plaisir de re-entendre La crique aux bigorneaux, Laisse les dire, ainsi que la Course à l'escargot, Vieille chaussette ou autres La poisse. Et ce sera le cas ce soir.
Ce qui est assez amusant c'est que j'ai beau en connaitre certains par coeur, il y en a encore que je redécouvre ou que j'avais oublié. Si la mise ne scène du début a été un peu perturbé par la nervosité (semble t il) de Juke préoccupé par son chien qui semblait particulièrement attiré par un autre chien, la sauce a quand même rapidement pris avec l'aide de Fil.
Fil joue merveilleusement bien, chante, fait l'andouille (tout en restant sérieux), lui donne la réplique quand celle-là ne vient pas du public ... et apporte des petites variations bien sympathiques. Sa présence permet aussi au Juke de changer de chapeau selon les morceaux ou lorsqu'il va chercher ses percussions gnawa, le tout sans temps mort pour le public.
C'est aussi lui qui chante pendant la chanson du chapeau que j'avais complètement oublié alors qu'ils nous l'avaient faite en 2019 la fois où je les avais vus en trio (cf chronique par ici). Lucie qui elle s'en souvenait pour l'avoir aidé à passer le chapeau cette année-là a fondu dans son transat ...
Dans le public un mélange entre ceux qui sont à fond et chantent dès qu'on leur demande et d'autres qui semblent ne pas payer trop attention (mais applaudissent à la fin des morceaux quand même). Des parents qui avaient chopé le disque à la médiathèque peu de temps avant aussi !
Bref un début de soirée bien sympathique pendant laquelle nous aurons quand même le droit à un vrai nouveau morceau blues pour lequel Fil laissera sa guitare à un certain Gilles (ndP : j'ai appris a posteriori qu'il s'agissait de Gil Riot qui a notamment été guitariste d'un de mes groupes de "chanson" préférés, j'ai nommé Casse-Pipe croisé une seule fois en 98 - cf chronique par ici). Après que Fil ait repris la guitare, ils finiront par leur chanson hommage à Johnny Cash.
Arrivera le moment de la pause du changement de set, pendant laquelle de nouveaux fans du Tenor viendront discuter avec Fil ou acheter quelques disques. Je profiterai de ce moment-là pour aller jeter un coup d'oeil à la setlist très fourni de Vincent puisqu'elle ne compte pas moins de 16 titres avant le rappel !
J'ai oublié de préciser que si nous sommes là et avons fait une heure de route, c'est à cause / grâce à lui ! Si nous ne l'avions pas croisé avec son collègue de Broken Waltz après le concert de Massilia Sound System sur le Vieux Port (cf chronique par ici), nous ne lui aurions pas souhaité son anniversaire à Roscoff juste avant de prendre le ferry pour Plymouth et il ne nous aurait pas parler de cette double date avec Juke ...
Avant cela nous l'avions croisé lui aussi au Festival du Chant de Marin (sur les bons conseils du Juke, la boucle est bouclée) en 2019 (cf chronique par ici). Bref, ce soir il est en solo et il enchaine avec beaucoup d'aisance et de présence les chansons de ses 2 albums Un Café, Une Bière, Ou Un Tour Du Monde (cf chronique par ici) et Fleurs de béton (que je n'ai pas encore), voire de ses groupes précédents comme Le havre ...
Des chansons hommage comme celle du pinardier Sloughi, ou à Cesaria pour la première femme qui lui a donné envie de chanter, des chansons autobiographiques ("à quelque chose près"), des chansons où il est beaucoup question du sexe opposée (l'un n'empêchant pas l'autre), ... et aussi quelques reprises comme ce Siffler sur la colline de Joe Dassin avec lequel il s'était apparemment réveillé le matin même !
Il aime raconter sa vie en chanson, et aussi entre les chansons, son enfance à Saint Brieuc (où il est resté jusqu'à 17 ans), son expérience de marin, ses voyages qui nourrissent ses chansons ... Il aime aussi faire chanter les gens (que ce soit des "tacatac", des "papapap" ou même des tapements de main) et ils lui rendent bien.
Pas le moindre temps mort. De nombreuses interactions avec le public qu'il prend à témoin voire à partie entre et même pendant les morceaux. Ce soir ce seront par exemple Malika et Mimi. Il interagit avec tout ce qui bouge (spectateurs comme néons). Il arrive même à faire danser tout le monde malgré l'heure tardive (bon ok tout le monde n'a pas une heure de route à faire pour rentrer chez soi).
Au niveau chant cette fois je penserai beaucoup à La Rue Ketanou et un peu à Renaud sur certains morceaux, avec toujours ce côté très entrainant et dansant. Et ce côté militant de la vie avec des petites phrases genre "on lâche rien, on crée du lien" ou sa reprise de Voyager intelligent qui ne détone vraiment pas du reste de son répertoire.
Après des remerciements et clins d'oeil aux gens du public qu'il connaissait ou dont il avait fait la connaissance ce soir, et un dernier Mon Embuscade nous aurons le droit à un improbable Mort aux vaches suivi d'un non moins surprenant medley d'un bon quart d'heure de Clara Luciani, Noir Désir, Manu Chao, Georges Brassens, Claude François, La Rue Ketanou (x2), Vincent Premel ... malin et très agréable !
Après avoir un peu discuté avec Fil, du passé, du présent et du futur (on guette la sortie du disque), dit au revoir aux 2 autres copains, sacrifié à a tradition de la photo en cercle, nous quitterons ce beau lieu où il est possible que les choses aient ensuite repris au niveau du bar pendant que nous étions sur la route ...
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Critique écrite le 28 août 2024 par Pirlouiiiit
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