Chronique de Concert
Vinnie Paz + Ill Bill + Pharaohe Monch + O.C and A.G (Rap Mayhem Festival)
Selon les dictionnaires français-anglais, "To cause mayhem" signifierait "qui sème la pagaille". Amis linguistes, vous allez peut-être devoir revoir votre copie, car depuis le passage du Rap Mayhem Festival au Trabendo, votre interprétation tient du pur euphémisme. "Qui sème un bordel pas possible" voire "Qui défonce sa mère" semblent désormais plus appropriés. Ce concert marathon, réunissant quelques légendes du Hip Hop underground New-yorkais, a tenu toutes ses promesses, en voici un bref résumé.
O.C and A.G
Le premier M.C à s'approprier les planches fut O.C, membre du collectif- désormais enterré- D.I.T.C (Acronyme de Diggin' in the Crates (littéralement "creuser les bacs" qui se réfère donc à l'art de rechercher les vinyles afin de les sampler). Collectif qui accueillait en son sein de nombreuses légendes du Hip Hop dont les deux plus célèbres sont feu Big-L et Fat Joe. O.C est donc un vieux de la vieille, mais il n'était pas rouillé ce soir-là. Enchaînant les titres de ses albums solo (5 tout de même) avec un charisme indéniable, il a su chauffer la salle comme aucun groupe français n'aurait pu le faire. Si quasi personne ne savait qui il était avant de rentrer dans la salle, ils le savent désormais. Car rares sont les rappeurs, qui sans backup, sont capables de tenir une salle captivée de la sorte. Il n'est pas de ces artistes dont le rap a évolué au gré des modes. Ce mec est clairement un amoureux du boom-bap basique, et il n'en démord pas, d'ailleurs personne ne lui en voudra. Il fut rejoint, après une demi-heure de show, par son acolyte A.G (lui aussi ancien membre des D.I.T.C ), véritable pile électrique, qui fera passer ce O.C pour un quasi rookie, tant l'énergie qu'il déploie sur scène est impressionnante. A eux deux, ils interpréteront quelques classiques de l'ère D.I.T.C et on se serait cru a New-York pendant en plein âge d'or du Hip-Hop. Un show extrêmement plaisant de la part de ce duo complémentaire qui rappelle les grands tandems du Hip Hop (Method Man-Red Man, Mobb Deep).
Pharaohe Monch
Peu après, c'est au tour de Pharaohe Monch de monter sur scène. Lui aussi issu d'un groupe célèbre dans les 90's (Organized Konfusion), c'est pourtant sa carrière solo qui lui a donné ses lettres de noblesse. Il sera, malgré son pedigree, la grande déception de cette soirée. Rien à redire sur le talent du Mc, c'est un monstre et il le restera. Simplement, il faut dire que ses meilleures apparitions se sont faites lors de featurings et que son dernier album n'est pas ce qu'il a produit de mieux. De là, il est difficile de produire une setlist efficace. Son style s'adapte d'ailleurs assez peu aux concerts et il est loin d'être une bête de scène. La conclusion, vous la devinez : sans être mauvais, ce show n'avait rien d'exceptionnel et c'est d'autant plus rageant lorsque il est l'uvre d'un artiste respectable et respecté.
Vinnie Paz & Ill Bill
A peine le temps d'aller s'abreuver que les deux stars, les deux géants de la soirée sont déjà sur scène pour mettre tout le monde d'accord. Vinnie Paz et Ill Bill leaders incontestés de deux groupes East Coast légendaires : Jedi Mind Tricks et Non Phixion, ne feront, comme à leur habitude - on ne change pas une équipe qui gagne (quitte à tabasser l'arbitre)- pas dans la dentelle. On pourrait regretter l'état de Vinnie Paz - qui tient surement plus du Wookie que du Jedi - bourré comme une barrique ce soir-là. Pour autant, s'il y a un truc que les rappeurs ricains partagent avec leur compatriotes bluesmen, c'est leur manière de tenir la bouteille, car si l'ami Vinnie était bien en permanence au bord de la galette, cela n'a - à l'exception d'un oubli de texte - en rien enlevé à la qualité du show. On appelle ça le professionnalisme (Dédicace à Jean Louis Murat et Miossec). Ill Bill, quant à lui, n'avait pas un pet de jeu, en même temps vu la taille du colosse, il pourrait s'avaler un tonneau de vodka que ça ne changerait rien.
Rares sont les artistes qui peuvent se permettre de faire une heure de live en ne faisant qu'enchaîner les classiques. Mais en passant de la Coka Nostra aux classiques de leurs groupes respectifs, de leur carrières solos à leur album commun, les deux larrons ont l'embarras du choix. Ainsi, pas de temps morts dans le show, les deux se complètent bien, et on reste soufflés par tant d'aisance. Les seuls coups de mou seront provoqués par des fans un peu relous (comme d'hab, çela mériterait une étude approfondie mais il semblerait que le ratio relou/mec normaux dans les salles de concerts atteignent un pic dans l'hexagone) qui se feront bien remettre en place, dans une langue qu'ils ne comprennent manifestement pas, à croire qu'ils ont pris "gros connard" à la place d'anglais en LV1 (s'ils ont atteint le collège).
Tous les "tubes" seront joués "The C.I.A is triyng to kill me, Blood in Blood Out, Heavy Metal Kings" et contribueront à faire de ce concert un moment d'exception. Ill Bill et Vinnie Paz sont des Kings absolus, des Heavy Metal Kings mais surtout des Hip Hop Muthafuckin' kingz. Chapeau bas
Critique écrite le 11 décembre 2012 par monsieur
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