Chronique de Concert
Viva and The Diva + Les Robertes + Juliette Dragon
La soirée à l'Akwaba s'annonçait particulière sur le papier. Le petit côté "les filles prennent les commandes" promettait d'être intéressant avec une affiche bien loin d'être fade : Les Robertes, Juliette Dragon et Viva and the Diva.
Je dis ça, mais en fait, tellement obnubilé par Viva and the Diva, je n'avais percuté que très peu de temps avant de partir que les deux premières parties lorgnaient un peu plus vers le caustique et le neo-burlesque.
Je roulais donc vers Chateauneuf avec une hâte non retenue d'entendre Sir Alice et les Viva foutre le feu à la salle, une salle que j'imaginais bondée à souhait.
Faudrait jamais se faire de film.
Les Robertes
La salle est effectivement pratiquement vide quand j'y pose le premier pied. Le maigre public est amassé à l'extérieur dans la douceur de cette fin de soirée. Ca s'apparente à une réunion d'amis, tout le monde se connait et cause à tout vent. Un apéro géant, plus qu'un concert survolté ?
L'équipe de l'Akwaba m'accueille chaleureusement et me guide rapidement vers le refuge des photographes : la mezzanine et la passerelle où j'imaginais déjà devoir me retrancher face à la foule surchauffée dès que les premières notes retentiront.
Là haut, on y croise rapidement les deux membres masculins des Robertes, les frères Bébert, Fabien Cartalade et Fred Nief, dans la demie obscurité de la mezzanine, verre à la main, lunettes noires, chapeaux, vestes sombres mais surtout marcels et slips kangourou !... sur le point de se mettre en place. Quelques mots échangés, puis apparaît la gigantesque mais non moins superbe Matilde Vandendorpe, dans une tenue sublime, et une coiffe en forme de cage à oiseaux. Pendant que je tombe doucement bouche bée (et accessoirement amoureux), mon collègue photographe engage la discussion et prend quelques clichés de ce moment intime d'avant scène.
La salle se remplira lentement à l'arrivée du groupe sur scène. La mise en scène est soignée, joli boulot, et du coup l'ambiance un peu morne et le peu de monde fait un peu mal au ventre. Moi je mets bien entendu de côté mes nouvelles pulsions amoureuses afin d'assurer ma mission (hésitant désormais entre Matilde et Perrine Turiez, la guitariste, en chemise à dentelles et bas noirs).
Les filles haranguent la foule pour que l'ambiance monte. Mais la tâche semble rude et on ne sait plus qui attend l'autre : le public, attendant que le groupe envoie du bois malgré tout, ou le groupe attendant que le public le porte un peu. Le rock s'installe progressivement, et les deux filles assurent le job du mieux qu'elles peuvent, provoquant le public, balançant les vannes, tour à tour séduisantes et dominatrices.
C'est beau et propre. Ca sonne bien. Guitare, basse, batterie. Les vannes fusent, les provoques aussi. C'est juste ce qu'il faut de dévergonder dans les paroles et la mise en scène. Les vêtements tomberont progressivement, à ce que la décence et la mise en scène autorisent. L'ambiance atteindra finalement un joli niveau. Un set qui finit musclé. Le public ne veut plus les laisser partir. La chaleur a finalement montée d'un cran.
Sortie de scène. On devine que public et Robertes ont échangé des cartes de visites virtuelles, et que le groupe aurait bien poussé encore un peu plus loin ce set, s'ils en oubliaient pas qu'ils doivent se soumettre aux lois des premières parties. Mais, dans le moment, la hiérarchie dans les parties du concert semble s'inverser... du haut de la Mezzanine, Sir Alice, la patronne du Viva and The Diva, semble quant à elle, comme dans une cage, et pas à oiseaux, pressée d'en découdre...
Juliette Dragon
La joliment sulfureuse Juliette Dragon assure l'intermède du show.
Entrée en scène en grande tenue. Musique de fond. "Déshabillez moi" je crois me souvenir...
Effeuillage tout à la fois délicat, burlesque et décalé. Bas, cravache, corset, et chapeau à plumes.
On s'attendrait à ce que le public masculin envahisse la salle et se rue en avant. C'est presque tout le contraire, les filles prennent plaisir au moment. Juliette Dragon avait donné deux stages de burlesque dans l'après-midi. Mais contrairement à ce que la rumeur avait fait circulé un peu plus tôt, ces jeunes femmes ne monteront finalement pas sur scène avec leur maître de stage pour un final en beauté. C'est du bas de la salle qu'elles participeront à leur manière avec les artifices et cotillons.
Peu de monde, donc peu d'ambiance et le show se termine rapidement.
On n'en gardera pas un souvenir impérissable ; on attendra une autre occasion de se frotter à l'art du neo-burlesque. Dans la précipitation du timing, même pas une initiation ce soir là.
Viva and The Diva
Arrivée de Sir Alice et de ses acolytes sur scène. Alice est visiblement survoltée, enfin libérée de sa cage ; on ne nous a pas menti : le set promet d'être intense.
Si le regard de Sir Alice était chargé, je pense que l'on aurait assisté à l'exécution en public la plus phénoménale de l'histoire du rock. Son regard sombre parcours la salle et fusille tout ce qui bouge ou ne bouge pas... j'ai du en prendre ma part, transpercé de part en part. Rajouté là-dessus : un son puissant, le synthé-basse percutant d'Arnaud Roulin, la frénésie de la guitare de Maxime Delpierre, les percussions tribales de Emiliano Turi (en remplacement sur scène de Martin Kerr), l'énergie bestiale de la chanteuse...
...écoutez le morceau Pump Up en lisant cette chronique et vous aurez rapidement une idée assez claire du set !
On avait lu ici et là Sir Alice comme une performeuse hors pair. C'est peu dire.
Cette chanteuse dégage une énergie extrêmement impressionnante sur scène, où elle semble lâché les brides le temps d'un set.
Voix puissante, légèrement éraillée, aux frontières d'un punk ou d'un hip hop suburb rageur (Pump Up), un pas en arrière, corps perpendiculaire à la scène, yeux mi-clos et s'appuyant littéralement sur le son de son complice Maxime Delpierre, danse débridée aux frontières de la transe (Sustitute), robe courte et chaires claires, déhanchement à l'érotisme puissant et violent, Sir Alice assure le rôle de meneuse de sa troupe, ses comparses restant volontairement en retrait, bien que leur musique soit d'une puissance et d'une efficacité dingue.
J'y retrouve avec une joie intense des sons de temps passé, fin des années 80 ? d'une pop-rock indé sombre et puissante, comme des souvenirs à la Kas Product, certaines ambiances électroniques froides et répétitives, ou bien des nappes de guitares rageuse à la Sonic Youth
Tout est cependant visiblement contrôlé au millimètre et à la nanoseconde près. Rien n'est laissé au hasard dans ce set et dans sa mise en scène.
Hors le public n'est pas un objet que l'on peut contrôler à l'excès selon ses désirs, comme une équipe en studio.
A plusieurs reprises, Sir Alice semble agacée, notamment sur les morceaux les plus calmes, par les bruits et paroles dans un public légèrement dissipé (les premières parties ont fait plus que leur travail sur un public qui n'a pas attendu la tête d'affiche pour se laisser aller), ainsi que, à l'opposé, au manque d'énergie dans la salle à d'autres moments. On sent un léger malaise dans l'air, même si le groupe assure son set de manière très pro et toujours aussi puissamment.
Le tout se terminera cependant dans ce malaise entamé en cours de set, avec un départ du groupe rapide et sans rappel.
Même si le quatuor n'a pas énormément de morceaux encore à leur actif, le set aurait gagné en humanité en fin de soirée si le groupe avait fait un unique rappel et un départ moins sec.
Viva and The Diva a (à tort ou à raison) entretenu une image de groupe efficace, mais froid, détaché de son public ce soir-là , voire hautain (le trait d'humour unanimement partagé en fin de soirée dans le public sera "elle se l'est jouée vraiment diva !...")...
Mais, quoiqu'il en soit, quel souvenir de musique et de performance scénique !!! Hâte de revoir ça ...
Setlist :
1-Spider-woman
2-Across the universe
3-Substitute
4-Pump up
5-The story
6-Lydia lunch
7-Maria Magdalena
8-Frankie
9-Knives
Sur scène, Viva and The Diva, c'est :
Sir Alice (chant, guitare)
Maxime Delpierre (guitares)
Arnaud Roulin (claviers, synthé basse)
Emiliano Turi (batterie)
Remerciemens à l'Akwaba.
Critique écrite le 15 mai 2011 par Flag
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