Chronique de Concert
VNV Nation + Rotersand + Nomenklatür
Pas de gigantisme industriel en tout cas, c'est une petite salle (du moins celle où je suis, que je suppose être la plus grande des salles de la Loco) configurée intelligemment, avec sa fosse allongée, ses deux plateformes latérales et ses balcons. On s'y sent bien, l'accès à la scène est aisé.
Le public va de jeune à pas très vieux (selon mes critères de trentenaire), Julie la photographe est presque la seule à ne pas être habillée de noir des pieds aux épaules. Dont une belle légion de fans du genre charpentés aux T-shirts so(m)bres VNV Nation. Des beaux spécimens d'extra-terrestres aussi, enfin bon pas tant que ça dans ce lieu où les goths sont peut-être plus la norme que l'exception : quelques créatures asexuées, des colliers de chien à pointes, de la résille, du maquillage noir à outrance, un raver égaré. Bref, un public sympathique.
Sans qu'on s'en aperçoive, les Nomenklatür, première partie française (malgré leur nom), font tardivement leur entrée sur scène. A se demander s'ils n'avaient pas déjà commencé le mix derrière la console, les petits rigolos.
Première fois que je vois un duo de DJs : ça amène visuellement un peu plus de variété, même si le jeu de scène des DJs, qu'ils soient seuls ou plusieurs, a peu de chances d'être exubérant. Et puis ils sont assez marrants : un blouson de cuir tout rivé à l'écran de son portable, hyper concentré sous son chapeau, et un grand bonhomme semblant à l'inverse improviser complètement et s'éclatant bien, manifestement.
Olivier Brucker et Labinsect
Leur mix électrotechno / dark techno n'a rien d'exceptionnel au début, même si on perçoit une certaine jubilation dans la salle, plutôt communicative. Mais quelques passages sont vraiment bons, comme par hasard quand une musicalité plus marquée se fait une place aux côtés de la seule rythmique, ou quand Lab Insect a la bonne idée d'utiliser en plus sa bouche (avec pour objectif de chanter).
Et qu'elle n'est pas notre surprise aussi, de voir à un moment venir sur scène un vrai chanteur de charme, sur un titre lent... hélas aussi vite reparti qu'il était apparu !
Etonnants ces Nomenklatür.
avec le chanteur fantôme
Mais la vraie surprise nous attend encore : c'est Rotersand, un groupe allemand né en 2002 qui assure actuellement la première partie du tour européen des VNV Nation.
Là aussi, un démarrage moyennement remarquable, mais tout de suite un concept gagnant : électro lourde + grosse guitare + voix et une énergie géniale.
de gauche à droite : Krischan, Gun et Rasc
Rasc, le chanteur, un grand chauve charismatique monté sur ressorts, est excellent. Il ne cessera de s'agiter, de solliciter la foule, jusqu'à aller s'y promener pour effectuer un petit "tanz kontrolle" et encourager les mous et les flemmards à bouger !
Ein petit bizzou ?
Mention spéciale pour un de leurs excellents nouveaux titres, qui déchaîne vraiment la foule. Nous sommes tous à entonner en chur le refrain, sans doute inconnu de la plupart quelques minutes avant (et que j'ai oublié depuis, comme quoi il ne me reste plus qu'à acheter leur album pour que ça me revienne).
Quand les trois membres du groupe s'avancent ensemble sur le devant de la scène pour y lever le poing lors du refrain de leur dernier morceau au titre poétique Exterminate Annihilate Destroy, personne ne semble remarquer que la musique continue toute seule, mais tout le monde dresse le poing en réponse au groupe : l'heure est à la communion de foule.
Qu'on se rassure dans les chaumières, les poings étaient fermés !
Les VNV Nation feront leur entrée sur le même registre : l'hymne Pro Victoria, avec ses tambours et ses (faux) cuivres, va servir de scène musicale pour scander haut et fort (et grand, sur le mur de diodes d'arrière-scène) la déclaration d'intention du groupe : foi, pouvoir et gloire.
Oups, ils le pensent ce qu'ils disent ?
à imaginer apparaître dans le noir en même temps qu'un fracas de cuivres éclatants. Effet garanti.
Manifestement oui ils le pensent. Ces mecs sont super fiers et vont nous tenir en leur pouvoir ce soir !
Le batteur Mark Jackson, un géant à bouc, derrière sa batterie électronique où il officie avec puissance et un plaisir évident, dégage une présence impressionnante.
Quant au chanteur et leader irlandais Ronan Harris, il houspille durant tout le concert la foule pour qu'elle se déchaîne et les noie sous les applaudissements.
Hélas pour nos compères, ça va mettre un peu de temps à venir.
Le choix des premiers titres va effectivement avoir du mal à rétablir l'ambiance que Rotersand avait su amener, en dehors des fans bien sûr. Des titres un peu trop répétitifs, moyennement "danceable" et assez interchangeables des vieux albums (à l'exclusion de Tomorrow Never Dies issu du 7e et dernier album studio Of Faith, Power and Glory). Quelques soucis avec l'éclairage vont un peu pourrir l'atmosphère aussi, Ronan ne faisant pas beaucoup d'efforts pour masquer son agacement et l'exprimer tout haut, jusqu'aux insultes -toutes gentillettes qu'elles aient pu être.
Heureusement, l'heure des grosses tueries va enfin amener l'ambiance tant attendue du chanteur et de la salle : Chrome (rhaaa), The Farthest Star (yeahhh), Nemesis ("Judgement Day's not coming Soon enough!"), In Defiance (bonus fraîcheur), Perpetual (tout le monde reprend le refrain instrumental en chantant, hallucinant)...
Chrome
Entrecoupés de quelques rares titres plus lents, mais pas du genre à endormir : l'atmosphérique Homeward, le mélancolique Beloved. Et un seul break véritable dans le tempo sur toute la playlist avec la sublime perle Illusion.
séquence émotion, larmes et auto-jetage du pont
Le temps pour Ronan de souffler un peu. Car le corpulent chanteur ne se ménage absolument pas, déversant son énergie (et des litres de gouttes de sueur) sans compter.
Entre deux titres, il parle pas mal à la salle aussi, et semble avoir un sens de l'humour certain. Il lâche même quelques phrases en français, histoire de se donner l'impression qu'il avait rentabilisé enfin ses longues heures de cours de français au collège !
Bref, on se la pète un peu chez les VNV, mais finalement on est sympas.
"Victory not Vengeance" ? Ils mettent ça à la fin de tous leurs booklets, et je ne sais pas à qui ça s'adresse, mais en tout cas ce soir ce fut bel et bien une victoire pour eux !
Fin du concert vers les 2h du matin après une quinzaine de titres et deux rappels, ils ne se sont pas foutus du monde. Et maintenant que le public est en liesse, le groupe semble apprécier véritablement l'hommage qui leur est rendu.
Espérons que ça leur aura donné envie lors d'une future tournée de ne pas se contenter d'un passage à Paris pour la France.
Merci à Julie pour ses photos, qui ont réellement capté l'ambiance de la soirée.
Et merci à Privategwar2 pour ses vidéos. La prise de vue bouge un peu mais c'est la preuve que, justement, ça bougeait autour !
Critique écrite le 28 septembre 2009 par Floribur
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