Chronique de Concert
Wall of Death + Hanni El Khatib
Rendez-vous quasiment inratable à l'Espace Julien : un concert de rock'n'roll, un vrai, y'en a pas si souvent dans cette salle ! Le sujet d'étude du jour est le ténébreux (et pas si beau, nos copines vont le constater avec dépit et nous, avec soulagement) Hanni El Khatib, rockeur tatoué à moue boudeuse, estampillé from L.A., California. Dont, avouons-le, on a quand même fort peu charitablement moqué ici le dernier album et même, à vrai dire, un peu le premier aussi (juste en dessous). En deux mots, il joue du rock garage très basique, qui reste potentiellement jouissif si bien fait.
Les Wall of Death qui ouvrent à l'heure pile ne sont pas mauvais dans leur genre heavy rock à digressions planantes, entre guitare 12 cordes, orgue lysergique et voix blanche ou un peu plus colorée selon les titres. On pense à Pink Floyd dans les meilleurs moments - et seulement en faisant abstraction du son qui n'est pas formidablement réglé.
Problème, ils ne vont pas cartonner ce soir pour au moins deux raisons : leur style est notoirement décalé par rapport à celui de la tête d'affiche du jour (qui prévilégie l'efficacité et les gimmicks, lui), donc le public déjà dans la salle n'est pas à fond. Et par ailleurs, ils jouent sur une durée franchement trop courte pour que le reste des gens arrive du bar (où le service est toujours d'une lenteur affligeante). Reste que le groupe vaut bien mieux que son nom consternant et donc, il sera à revoir ! Embobineuse, ou Machine à coudre, choisissez ?
Arrivent Hanni el Khatib et ses copains, presque aussi poseurs que lui avec leurs guitares et basses portées très haut : il commence (mal) avec sa fameuse chanson-qui-ne-décolle-jamais, Head in the Dirt, et continue (mieux) avec Nobody moves et Destroy, Rebuild, ultra-basiques mais efficaces : le public le suit de bonne grâce. Placés tout devant (une sombre histoire de photographe à saluer - le piège s'est ensuite refermé derrière nous), on constate tout de même que le garçon manque singulièrement de magnétisme - on ira pas jusqu'à dire qu'il a l'expressivité d'un ongulé, ce qui ne serait que supputation puisqu'en fait, il ne regardera jamais vraiment le public dans les yeux...
A sa décharge, il avouera humblement s'être mal remis de la soirée précédente, passée en open-bar au Duke (13007)... Ce qui explique peut-être qu'il ne soit pas formidablement charismatique aujourd'hui, ou que sa voix soit un peu limite par moments. Reste que 2 guitares pour jouer ses titres, franchement minimalistes pour la plupart, ça paraît franchement trop. Sympa à écouter quand même, Dead Wrong et ses choeurs très Beach Boys, et les pétaradantes Loved One et Pay No Mind. A ce moment-là, on se fait quand même la réflexion que ce garçon incarne parfaitement "the great rock'n'roll swindle" (= la grande escroquerie du rock'n'roll) : ce qu'il fait est vraiment, vraiment très simple et, quelque part, ça frise un peu l'arnaque quand même.
Mais... si on est de bonne composition et qu'on a éteint son cerveau, avouons que cet ersatz des Black Keys / White Stripes reste plutôt plaisant à écouter. Or il se trouve qu'on a fait garder le petit, qu'on est venus et qu'on a payé 26 euros chaque place : je décide donc rapidement de lâcher prise et ne pas m'obstiner à râler tout le concert en arpentant le bar (comme l'ont fait pas mal de rockers locaux, qui se reconnaîtront s'ils me lisent). Ni de le comparer au meilleur groupe de rock du monde, que j'ai revu 4 jours auparavant... D'ailleurs You Rascal You est vraiment une super chanson (dommage qu'elle ne soit pas de lui), tout comme son tube perso Fuck It, You Win - je savais avant de venir que c'était sa meilleure, et c'est en effet mon passage préféré dans le concert, avec une corde pétée renforçant son côté furibard...
Au rappel, pour paiement de ses louables efforts pour nous faire danser, Hanni el Khatib reçoit un slip sur scène où il est remonté pour jouer une ballade tout seul - ses musiciens finissent par le rejoindre (House on Fire). Et de conclure sur Family, autre magnifique exemple de multi-recyclage d'un riff éculé, torché façon hit-single et plutôt punchy. Le public en redemanderait bien un p'tit coup, mais ce n'est pas pour autant qu'il va faire des heures sup' : 10 minutes lui suffiront, en bonus de la petite heure écoulée, pour considérer qu'il a fait le job, sans vraiment avoir mouillé sa chemise outre mesure.
Un bon point : 5 minutes après son concert, il est déjà en train de signer ses disques dans l'entrée.
Un mauvais point : 10 minutes après son concert, il est déjà reparti dans les loges.
Bref, on a vu un concert de Hanni El Khatib.
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Critique écrite le 20 novembre 2013 par Philippe
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